dimanche 23 février 2014

To stop or not to stop

Dimanche 23 Février

Telle n'est pas exactement la question. Nous allons quoiqu'il arrive nous arrêter à Las Palmas. Mais combien de temps , c'est ça la vrai question. Ce matin nous avons profité des calmes pour vider nos bidons dans les réservoirs, mais si nous ne nous arrêtons pas, ça ne passe pas. Le routage nous promet au moins 4 jours encore de moteur jusqu'à Gibraltar à moins de faire un loooonnnng détour, du côté des Açores, et encore je ne sais ce qu'il y a derrière, plus tard ... Alors encore une fois je me connecte pour prendre une météo, j'ai bien peur que cet arrêt soit un peu long, trop long à mon goût. Impossible ensuite d'arriver le 8 à la maison ... Pour l'instant j'arrive vers le 3 à Gibraltar, donc effectivement au mieux vers le 8 à Hyères, ce qui suppose une bonne météo en Méd. Vous avez déjà vu ça une bonne météo en Méd. ? Et en plus avant ça, un petit coup de vent de face, 27 nœuds grib en face de Casablanca, je n'aime pas trop ça non plus. Je crois bien que cela va être escale à Las Palmas. On en profitera sans doute pour voir ce qu'on peut faire avec la drisse de GV, c'est vrai depuis hier nous aurions bien aimé avoir la grand voile haute, non parce que, on ne va quand même pas se plaindre tout le temps, hein ! Beau temps, belle mer, encore du moteur, mais plusieurs heures de voile, tranquille, mer plate, Génois, grand voile,le bateau qui glisse tranquillement, sans effort, sans taper, le confort quoi. Chacun une bonne douche, les bidons dans les réservoirs (14 sur 20, je garde une petite sécurité), on a remis d'aplomb les réglages des bosses de ris, raccrocher l'ancre une fois de plus. Un bon repas, un de plus me direz vous, oui mais celui était facile à préparer. J'attendais quelques lignes de mes grands littérateurs, ça a été long, une bonne sieste ... d'où ce retard ... Non j'exagère, mais visiblement Alain est nostalgique de sa chère, très chère Bretagne, juste quelques lignes :

Petit Liré

De ma muse, il ne faut que j'abuse
Car je crains que son corps ne s'use
Aussi serai je laconique ce soir
Me bornant à dire mon désespoir
De vivre à l'ombre d'un grand mât noir
Loin de mon petit bout de manoir.

Le Père 6 vers (bio)

Et encore vous avez échappé à la cornemuse ... Une critique littéraire pourrait suivre, ça ne m'étonnerai pas, nous passons beaucoup de temps à la lecture, Alain tout particulièrement ... Je vous laisse, je vous souhaite une bonne fin de soirée, pour ceux qui sont en vacances, reposez vous bien ... Tout le monde embrasse tout le monde

Alayat le 23 à 21h TU 26°29.21 N. 19°01.90 W à 230 milles de Las Palmas

samedi 22 février 2014

Voile et vapeur ...

Samedi 22 Février

La valse hésitation continue. Encore une nuit avec du vent fort dans le nez, moteur. Mais on se traîne. Peut être pas assez de gas oil. Deuxième partie de la nuit, le vent adonne un peu, repart vers l'Est. Au petit jour je me décide, voile à nouveau, le vent faiblit, allez on largue le ris 3 on passe au 2. Pas si simple, je ne sais ce qu'il c'est passé, mais il faut reprendre tous les réglages, reculer les bosses de ris. Solent complet, la drisse ne tient pas bien il faut encore étarquer. La bosse de 3 ieme ris est bien usée, il faut la raccourcir. Nous passons au premier ris, chouette ça marche, la partie abîmée de la GV est au dessus. Ah tient, plus d'eau dans le réservoir 1 ! Zut hier il y avait 65% ? Allez je vous laisse, j'ai fait 2 quarts plus les extras cette nuit, 0h-3h, 6h-9h, debout depuis 6h, j'envisage une sieste, profiter des conditions actuelles, beau temps, mer belle, ça ne va peut être pas durer, reprendre une météo (version douche écossaise) et vous laissez affronter la lecture des lignes inspirées (par 3 jour de moteur) de mon cher Alain :

La diagonale du fioul

Souvent pour s'amuser les hommes d'équipage
Prennent les vents portants, compagnons de voyage
Sans jamais affronter le puissant alizé
Que même en zigzaguant on ne peut remonter

Alors dans 30 nœuds et des mètres de creux
Les petits loups des mers se sentant tout honteux
Relançe en cachette leur excellent moteur
Ce bateau n'est quand même pas à voile et à vapeur

Qu'il est pataud et lourd, ses voiles affalées,
Ses bielles de géant l'empêche de louvoyer
Du précieux carburant, injectant au galop,
Bousculant les pistons, propulse bien à fond
La coque qui gémit, plongeant le nez dans l'eau
Tandis que du volant, l'arbre en rotation,
Propage ses délices jusqu'au bout de l'hélice
Rapprochant les marins de leur chère tanière
Que la blessante distance rend quelque peu amère

Glissant dans la bague hydrolube
De la jaumière en effleurant le tube
Ah cher Volvo tu me fais vibrer l'étambot

Le beau barde de l'air

Euh euh ... Tout le monde embrasse tout le monde et ... Bon Week EnD

Alayat : 24°00.63 N 21°13.58 W à 410 milles de Las Palmas, 1 812 de Hyères.

vendredi 21 février 2014

Embarrassé

Vendredi 21 Février

Je ne sais quoi faire, moteur ou voile. Hier, en fin de matinée, nous décidons une petite pause, la pause journalière du repas. On roule le Solent et on se met bout au vent au moteur, le temps de préparer le repas, de faire une toilette et même d'aller au WC, ce qui est quasiment impossible à la voile. Et au moment de rouler le génois mauvaise surprise, plus de winch électrique. Ras le bol, découragement, et zut on y va au moteur. D'autant plus que la météo que j'ai prise n'est pas extraordinaire, l'anticyclone remonte vers le nord et du coup l'espoir d'attraper des vents favorables au dessus de l'anticyclone s'envole. Même l'espoir d'avoir un peu de calme, d'arrêter d'être secouer et de pouvoir progresser rapidement au moteur. Du coup, c'est décidé, route directe vers Las Palmas au moteur. On refera le plein et si on a le temps peut être une nouvelle drisse de GV, et il faudra voir pour les winches. En principe après un pic dans la nuit, le vent doit petit à petit diminuer et nous devrions avoir assez de gas oil, en progressant à 5 nœuds, plutôt même 5,5 nœuds, ça va mettre encore 5 jours mais ça devrait passer. Et puis le temps passe, le vent qui hier se baladait au alentour de 24/26 nœuds et maintenant bloqué à 30/32 nœuds. La moyenne tombe, en dessous de 5 nœuds, alors va t'on avoir assez de gas oil ? Je vais reprendre une météo, j'ai reçu un mail de toutes façons il faut que je me connecte et puis ça me donne l'occasion de donner des nouvelles. À bord, malgré ces conditions plutôt pénibles le moral remonte. Tout le monde est opérationnel et effectue ses quarts, (bon au moteur pas grand chose à faire, mais je peux dormir ... L'appétit est revenu. Bon, ce n'est quand même pas le grand luxe, c'est vrai, ça bouge tellement qu'à part penser à se tenir on ne peut pas faire grand chose. Mais le bateau droit c'est un peu mieux. Romain souffre des épaules, à mon avis conséquence des efforts pour remonter cette satanée ancre, et je vais vous le dire, nous avons fait attention, mais franchement je repensai à cette histoire d'Alain Colas ... Enfin tout va bien, d'autant mieux que les winchs remarchent, et c'était tellement bête que je m'en veux ... Un simple interrupteur. Je me disais bien que cela devait être ça, mais où est il c'est interrupteur, ce fusible ... Et bien sur la console de barre ... Je pensai que c'était le guindeau ... Bravo Christophe. Allez un second message vient d'arriver, je regarde à quelle heure passe le prochain satellite, je prend ma météo, je vous dit à bientôt. Je vais essayer de convaincre les uns et les autres de prendre la plume (ça occupe) et d'ici là, tout le monde embrasse tout le monde.

Alayat : 22°51.06 N 22°39.72 W (je rappelle que je donne la position à 12.00 UTC - sauf mention contraire ... Et sauf erreur ... À 1 181 milles d'Espartel, 515 de Las Palmas et 1 917 de Hyères.

mercredi 19 février 2014

Galère

Mercredi 11 Février

J'allais dire pas de chance, mais pour l'instant c'est un peu la galère notre histoire. Départ comme prévu au moteur pour sortir de la passe entre les 2 Îles Sao Vicente et Santo Antao. Grisaille, nous ne verrons à peine que quelques rayons de soleil illuminer brièvement les pics de Santo Antao, plus grande et à priori plus belle que Sao Vicente. D'après ce que j'ai compris la rare production de fruits et légumes du Cap vert vient de là, ils y font même du rhum "ponche al mel". Promis plus tard je vous raconterai, pour l'instant revenons à nos moutons, et il y en a ... Donc après quelques heures, conformément aux prévisions et à ce que je pensais, une fois dégagé de la passe, et des effets des 2 îles, le vents s'établi un poil plus Est, 3 ris, 2/3 de Solent, entre 25 et 35 nœuds, de nombreux petits grains ... Mais première mauvaise surprise, à peine étarqué, la drisse de GV se déshabille. La gaine de protection lâche en tête de mat et descend de 3 bons mètres. Aie ... À priori si je reste en tension et sans raguage, ça devrait tenir, mais à mon avis plus moyen de naviguer GV haute, et peut être même sous le premier ris. Bon pour l'instant on en a 3 et ça à l'air de tenir ... Et puis cette drisse qui semble toute neuve, c'est une vacherie, trop fine pour le taquet, du coup il faut la laisser au winch, et comme c'est aussi là que ressort l'enrouleur et écoute de Solent, ça complique un peu la manœuvre. Ce n'est qu'un début, on borde le Solent, et paf il descend, drisse cassée ? Ouf non, ce n'est que le rail qui a sauté, bizarre mais sans conséquence. On entame une première nuit, grosso modo 5,2 nœuds de VMG, et oui, les polaires c'est bien, ajoutons y 2,5, 3 mètres de creux et le courant, ce satané courant des Canaries, d'habitude je l'aime bien, mais là ... Première nuit, à 2, j'allais dire comme d'habitude, non, j'exagère, mais peut être notre dernier brunch, plus certainement les secousses et la gîte, c'est un combat à bord. Nous avions bien rangé, pas trop de dégâts, mais ça vole, il faut se tenir et ... Un truc était mal rangé, pourtant fixé avec 2 bouts, ça avait tenu avant, j'ai bêtement pensé que cela tiendrait, je vous laisse devinez, quelques secondes, regardez notre position, qu'est ce qu'on à fait en 48 heures, 3 fois rien ? Donc c'est la nuit, Murphy comme d'habitude, Romain est de quart, 5 heure du matin, il se précipite, "Christophe, vite l'ancre a lâchée". Dans ces cas là, je suis assez rapide ... Et bien je peux vous dire qu'on en a bavé ... Toute la chaîne est partit. On met en panne, je stabilise le bateau en avant lente, face au vent, sous pilote, au moins une bonne chose, ça n'abîme pas l'étrave. On essaye d'abord le guindeau, ça ouvre la trappe arrière ! Zut, il y a une commande devant, ça marche ... Quelques secondes et le thermofusible lâche, on essaye ... Tout, on va y passer 11 heures, le thermofusible ne marche toujours pas, on a cassé, un nombre de bouts, de mousquetons, rien n'y fait, je m'obstine. Allez Romain, on se pose, on mange et on voit ... C'est décidé, on va couper, mais est ce la pause? Alors que je suis en train de tout larguer sur le pont, Romain en dessous défait la dernière attache, "attend, Romain, on essaye comme ça" ... Une idée, ultime tentative ... Et ça marche, deux heures après , (et mon bel ensemble Henry Lloyd, complètement pourri, des courbatures partout) nous voici à nouveau en route. L'ancre attachée cette fois ci avec 3 bouts ... Nos 3 ris, Solent 2/3 et le train train reprend, 5,2 nœuds de SOG, COG allez disons au 5 réel. Encore une nuit, on profite des poufs ... Toujours à 2, Alain émerge, ce midi, petite pause, on s'accorde une heure au moteur à nouveau (plus de gîte) le temps de prendre une douche, un bon repas et d'écrire ces quelques lignes. Évidemment je reprend une météo, tel que c'est partit, nous continuons ce bord, 2/3 jours, ensuite moteur pour traverser l'anticyclone et route sur Gibraltar, je risque de perdre trop de temps avec du vent de face si je vais aux Canaries, mais comme je n'ai pas la dernière météo je peux changer d'avis ... Voilà, je vous laisse, le djeu est prêt, djeu, c'est le thazard au Cap Vert. Tout le monde embrasse tout le monde.

Alayat 3 le 19/02 : 19°48.21 N 24°26.09 W à 2 104 milles de Hyères.

vendredi 14 février 2014

Mindelo

Ça y est nous voici à Mindelo, les îles de Cap Vert, plus précisément sur Sao Vicente, Mindelo, la capitale "culturelle" de l'archipel, la patrie de l'idole, Cesaria Evoria ...

 

Nous, Laurence arrivée Mercredi, Alain, Romain et moi, arrivée Lundi dernier. Au départ nous espérions partir Jeudi, le bateau juste près, mais c'était faisable. Encore une fois c'est la météo qui en décide autrement, un gros renforcement du vent prévu pour ce Week End, 30 nœuds grib sur toute la zone, 5 mètres de creux. Alors Alayat est un gros bateau (un Bordeaux 60), mais vent de face, au minimum 850 milles d'ici aux Canaries, voir 600 de plus pour atteindre Gibraltar (nous allons à Hyères), c'est un peu beaucoup. D'autant plus que le bateau avait besoin d'un bon rangement, d'un gros nettoyage et d'un peu de préparation, il me faut aussi réapprendre à le connaître car dès le départ nous allons être dans le vif du sujet, un peu maltraités sans doute. Les rangements, j'ai du mal, je ne sais encore où nous allons caler notre frais, les défenses, les amarres ... Le nettoyage, allez, j'entre dans les détails, le four à fond ... Encore une odeur dans les fonds dont on ne débarrasse pas facilement mais j'ai connu pire. La préparation, je ne sais plus quoi faire, un peu embêté par le Solent, superbe voile North en tissu "sophistiqué", le souci, avec le soleil, ça commence a bien se délaminer, on ne va pas forcer ...

 

Je cause, je cause. Évidement nous avons le temps, d'ici à Lundi. Le coup de vent doit commencer cette nuit et diminuer Dimanche avec ensuite une bascule plus à l'est qui devrait nous permettre de remonter quasiment plein nord à la voile. Il nous faut "inventer" environ 400 milles à la voile, on ne peut pas tout faire au moteur.

 

Et le Cap Vert dans tout ça. Pour l'instant nous n'en avons pas vu grand chose. Vu d'avion, un désert minéral. De l'aéroport à Mindelo, 10 kilomètre, confirmation, un désert minéral ... À peine quelques acacias abrités du vent dans les vallons les plus profonds. Mindelo, malgré cette sécheresse, malgré certainement une pauvreté difficile à imaginer, malgré ce vent permanent qui souffle la poussière dans chaque recoin, et bien malgré tout on pourrait presque parler d'une ville pimpante, ce n'est pas forcément le bon terme, mais on sent que la ville est assez fière et fait des efforts, de jolies maisons bien peintes côtoient quelques ruines mais pas si nombreuses que ça, les gens sont agréables et vraiment j'ai connu de nombreuses villes largement plus tristes. Les marchés, pas facile de trouver quelque chose, quelques pommes de terres, carottes, de rares salades, la viande ? Et évidemment le tarif touriste ... Plus cher qu'à Paris, j'exagère à peine ... Le marché au poisson ? Il y en a un, en face, un seul et unique bateau de pêche et sur les étals, des poissons volants et quelques petites bonites qui se battent en duel ... Et cette poussière, hier en fin d'après midi, à peine 200 mètres de visibilité, le ferry est entré dans le port tout feux allumés. Il n'était pas seul, pas mal de voiliers se sont rentrès, sans doute en prévision du coup de vent. Je vous ai presque tout dit non ? Ah non, une spécialité Cap Verdienne, abordable au restaurant : la langouste. Alors quand même nous nous sommes fait plaisir, je confirme, c'est pas mal, de là à vous conseiller d'aller prendre des vacances au Cap vert, n'exagérons rien ... En tout cas cela a mis Alain en verve et nous allons peut être reprendre nos habitudes, je lui laisse donc la plume, pour quelques âneries dont il a le secret :

3 hommes sur un bateau" par J.K.Jerôme

(Traduction du barde bien connu des latiniste Alanus Alnus)Hier soir à Mindelo, au sortir du resto

3 hommes furent assaillis par des dames à saillir
Avides de nos euros qui valent 110 escudos
De leurs cales à bobos repoussant les assauts
Nous rentrâmes à bord briquer celles du bateau
Car chacun sait qu'il faut gratter le fond de sa quille
Avec le fer de l'herminette, jusqu'à ce que ça brille

Et du bateau couvert de poudre de lave
Enfin faire la toilette avant de le bénir
Un travail de Romain pour le pauvre marin
Qui le pont d'Alayat soigneusement balaya.

Par un vent consternant, coincé au Cap marron
Nous tuâme le temps sous le vent du volcan
Des paquets de farine exterminant les charençons
Et le cuissot de "chevreuil" soigneusement désossant

À l'excellent Weather4D, montrant fort vent dans le nez
Préfèrerions Wizard4D pour faire le vent tourner.

Signé : le barde de l'Art ...

Sur ces bonnes paroles, je vous laisse, d'ici Dimanche ça pourrait être pire ... Alayat, un navire au port ... Tout le monde embrasse tout le monde.

Quelques photos, merci Laurence