samedi 24 octobre 2015

Le Titien, 100 milles

Samedi 24 Mai,

1 heure du matin, je suis de quart, le quart que je n'aime pas, 0h/3h, pour une fois j'ai un petit peu moins de mal à tenir éveillé, nous touchons terre. Nous sommes juste à côté de l'îlot Tintamarre (j'aime bien le nom, en anglais c'est moins exotique : Flat Island), au Nord Est de Saint Martin. Je profite donc de la 3G pour donner quelques nouvelles en direct.
La transat, comme dirait un certain, ça c'est fait ...
Arrivée : encore 90 NM, je suis au moteur sur la route, nous allons essayer d'atteindre Virgin Gorda pour notre entrée aux Vierges avant la fermeture des bureaux de douane dans l'après midi donc, c'est juste, mais jouable. Si ça marche ce soir à Tortola, sinon demain. Nous avons dans un premier temps 6h de décalage avec vous, mais je crois que demain soir vous changez d'heure, ce sera donc 5h Dimanche.
Une fin de transat sans souci, sans trop de vent non plus, je pourrais presque dire ennuyeuse si ce n'est l'ambiance à bord, au beau fixe, émaillée de discussions philosophiques, politiques, un tout petit peu de sport, le rugby, Daniel est encore dans la course ... Et de la cuisine, enfin 2 dorades. Pour la peine je me suis même remis au fourneaux accaparés depuis longtemps par Frédéric et Daniel, avec brio d'ailleurs. En fait ça commence par leçons de découpe du poisson, Daniel est up to date, Frederique, il faut que l'on pêche demain, dernière chance, et ensuite avec ce qu'il nous reste, plus grand chose je dois dire, j'ai bricolé, Carpaccio et Mahi Mahi à la tahitienne, avec succès ? Je ne suis pas mécontent de moi, mais de toutes façons vous n'aurez qu'à le demander à mes équipiers. Des nouvelles très vite. Des nouvelles d'Olivier aussi, toujours à fond dans sa dernière version de Weather4D, il veut finir le routage avant notre arrivee, ça semblait un peu coincer ce soir, en tout cas ça progresse, cela m'impressionne toujours. Sinon Il est un peu tôt, je n'ose appeler de peur de réveiller, St Martin va s'éloigner, demain soir, après demain ce sera Tortola, attention le téléphone est assez cher. Et dès notre arrivée, nous organisons le retour, je ne sais encore comment. La suite ? Ce n'est pas encore très clair, un Saba pour Tortola mi Novembre à priori, mais je ne sais pas trop comment ni avec qui, le propriétaire souhaitant faire la traversée avec "quelques" amis, bon on verra bien. Il faut que je vous quitte, Way Point Arrival, je tourne un peu à gauche, vers le Sud Ouest d'Anguilla, un bel orage menace, il faut fermer les capots. En direct des Caraibes ... Tout le monde embrasse tout le monde.

dimanche 18 octobre 2015

Le Titien, Dimanche à campagne

1 000, 900, 800, 850 en fait, c'est ce qu'il nous reste à parcourir, en ce Dimanche à exactement 10h Tu. Les milles défilent lentement mais je dois le dire assez tranquillement.
Assez, et oui un intermède grains, pas cette nuit, celle d'avant. Évidemment la nuit, merci Murphy, un premier ris au coucher du soleil, un second à minuit, quelques rafales à 28/30 noeuds, une bonne grosse pluie, nous n'avons pas pris nos cirés pour rien. Quelques bascules de vent, rien de bien méchant, mais une première pour mes équipiers, et puis de mon côté, je n'en ai plus guère l'habitude, je vieillis, j'ai de plus en plus de mal à affronter une nuit de mauvais temps.
Assez, parce que toujours des inquiétudes, les lattes tiennent, mais en permanence limite vent arrière, les voiles battent dans une mer plus grosse que le vent.
Toujours dès inquiétudes quant à la drisse et depuis quelques jours c'est le safran et le système de barre qui me tracasse, des craquements bizarres. Un mail de Philippe, l'autre 560, loin devant nous, 500 milles, il a exactement les mêmes craintes. Le Dufour 560, très large, très plat à l'arrière, un long safran, très fin, pas certain que la structure soit à la hauteur.
Allez, espérons que je sois médisant et que ça tienne, comme souvent je m'inquiète trop ... Non, je prévois ...
Et voyons le bon côté des choses : beau temps, mer belle. À part cette nuit de grains, grand beau temps. Le vent oscille, du Nord Est à l'Est Sud Est, entre 12/13 et 18/19 noeuds, un bord vers le nord, plus favorable par rapport au vague. Depuis hier, nous redescendons vers le sud, j'attend une bascule plus Sud, elle me permettrait de finir sur cette panne, elle ne vient pas. La question du jour, empannage ou pas. Une semaine que cela dure et je pense que cela n'est pas fini. Reste un dernier passage plus compliqué, du moteur peut être, sans doute à nouveau des grains. En gros pour moi le choix, vers le nord c'est ce que conseille le routage, sans doute un peu plus de vent, pas évident mais une arrivée au reaching, plus rapide.
Ce que je crains, un temps plus orageux, de nombreux grains et une arrivée carrément au près.
Le bord au sud, peut être un peu plus lent, mais cela me paraît tellement plus facile, alors à votre avis, je vais où ?
Une date d'arrivée, le 25 ? Peut être le 24, on verra. D'ici là, nous aimerions, devinez ?
Pêcher, évidemment. Ça y est, enfin une daurade, pas énorme, mais quand même, un très très gros repas. Compte tenu de l'appétit de certains que je ne nommerai pas il nous en faut rapidement de nouvelles, et puis c'est tellement bon.
Un autre départ ce matin, un superbe Marlin, au moins 5 mètres,la largeur du bateau facilement, nous l'avons bien vu sauter, je m'en tire à bon compte, un leurre.
Olivier me fournit mes fichiers météos à la demande, sinon, toujours à fond dans ces lignes de code. Hier un peu soucieux, "qu'est ce qu'il t'arrive ? oh, c'est compliqué, un problème d'architecture, ça ne me va pas, il faut que je recommence".
Ce matin plus souriant, alors cette architecture ? Oh c'est bon, c'est fait ...
Frédéric et Dan on investit la cuisine, Frédéric filme en vue d'une vidéo que j'espère bien diffuser. Daniel bouquine et veille sur la ligne, progrès notable en Français : Poisson ...
Une dernière chose : le rugby. C'est JP qui nous a annoncé la nouvelle, un SMS hier soir. Catastrophe pour les uns, triomphe pour les autres, Daniel. M'en fout il en sera quitte pour une tournée générale. Je dois dire que j'avais parier sur au moins 20 points, mais la quelle culottée ...
Tout le monde embrasse tout le monde, Le Titien le 18/10 à 14h 30 Tu : 20°25 N 49°57 W à 827 NM des Vierges (TU - 2)

mardi 13 octobre 2015

Le Titien, passager clandestin

Mardi 13 Octobre

Je me suis promis d'écrire aujourd'hui, une histoire à raconter. Mais ce matin un mail, je reçois un mail qui me met de mauvaise humeur. Le bateau à suivre serait annulé, ça fait le 3ieme avec des histoires cette année. Nos soucis de lattes me font aussi très probablement rater une petite ballade, zut. Du coup, coup de fil, ça pourrait se régler, mais pourrait aussi faire des histoires, des rancœurs. Je suis d'autant plus contrarié que pour ce bateau, l'équipage est prêt, que dis je sur le pied de guerre, des ami(e)s qui se sont organisés, je crois que tout le monde se faisait une fête de cette traversée, moi le premier. Allez soyons optimiste cela va s'arranger.
Et revenons à nos histoires. Une histoire de poisson ? En fait nos prières et incantations n'ont qu'en partie fonctionnées. Nous avons gardé un peu de vent, pas des masses, mais beau temps, mer belle, toujours à la voile, pas très vite, mais pas encore besoin de la risée "YenAMarre" même si nous avons un moteur Volvo, pas Yannmar ...
Par contre question poisson 0 pointé, repointé et surpointé, pas la moindre touche, rien de rien. Le désert. Et pourtant, et pourtant, l'océan n'est pas vide. Une rencontre surprenante en pleine mer, à 700 milles de la côte la plus proche, Sao Jorge au cap vert. Un passager clandestin, qui est venu squatter nos barre de flèche et plus hier soir. Un faucon. En fait pas très sympa la bestiole. Un regard noir. Tueur né. Après un petit séjour sur le balcon avant, il s'installe sur la seconde barre de flèche, tour de guet ? Il s'envole, 2' plus tard, il est de retour à bord avec dans ses serres une hirondelle de mer. Il s'installe dans le doghouse, la dépouille consciencieusement, il n'en reste que les plumes, les pattes et les ailes. L'animal passe ensuite la nuit sur son perchoir, au petit matin rebelote, un vol de quelques minutes, le voilà de retour, une seconde hirondelle, couic, nettoyé. Moi je commence à me dire qu'avec un tueur pareil on va peut être avoir des ennuis en douane à Tortola. En fin de matinée, aussi mystérieusement qu'il nous avait rejoint, il prend son envol et disparaît. Il ne nous reste plus qu'à nettoyer, il y des plumes partout ... Allez je vous laisse, la prochaine fois, du poisson, pourvu que, parce qu'à ce rythme c'est encore 10 jours minimum, je dirai plutôt au mieux 12. Nous allons commencer à être juste. Un peu de suspens ?
Tout le monde embrasse tout le monde
Le Titien le 13 Octobre à 18hTu : 19°39 N 38°22 W à 1 478 NM des Vierges

dimanche 11 octobre 2015

Le Titien, prières ou incantations

Dimanche 11 Octobre

Dimanche, post obligatoire. Dimanche jour de prière. C'est assez douteux dans mon cas mais là je fais un effort. Il nous faut un peu plus de vent et ... Un poisson.
Je sacrifie même une immuable tradition, je ne décongèle pas de viande pour ce repas du dimanche. Ce sera taboulé et poisson ou taboulé tout court ...
Tout y passe, hier soir, Samedi soir, soirée païenne, un album de musique indienne, native american, vous savez les incantations sensées apporter la pluie, la fertilité, les bonnes récoltes, alors pourquoi pas le vent et ... Un poisson.
Ce matin, Verdi, le requiem dans sa sublime version de Barenboim à la Scala, vidéo sur l'IPad, enceintes à fond, un grand moment en plein milieu de l'océan. Océan qui s'est plutôt transformé en mer de la tranquilité, et pourtant nous ne sommes pas sur la lune. Les fichiers d'Olivier ne nous laissent guère d'espoir, cela,va être patience et longueur de temps ... Un plongeon vers le sud, il nous suffirait de 2, 3 noeuds de plus. Une nuit hésitante, empennage à minuit, moteur à 6h. Encore un peu de houle, la respiration de l'océan, son souffle lent, il me faut retrouver ces vers de Verlaine je crois, mais les voiles claquent, je n'aime pas ça, entre nos lattes sauteuses, la drisse qui s'abîme, le pilote qui hésite, couine comme une beau diable, une nuit de sommeil entrecoupé.
Sommeil entrecoupé, mais qui permet d'admirer un ciel splendide. Plus de sable, plus de poussière, les étoiles brillent de milles feux, un satellite de temps en temps, quelques étoiles filantes, et tout au long de la nuit défilent Arcturus, Le Cygne, Deneb, l'aigle, Altair, Orion, puis Sirius, Canopus et en fin de nuit, alors que la grande ours à l'envers semble plonger dans l'océan, un superbe alignement, la lune qui n'est plus qu'un petit croissant horizontal, Venus, éblouissante, Mars et depuis ce matin Mercure. Cela vaut bien quelques heures d'insomnie finalement.
Des nouvelles des autres bateaux, pas forcément rassurante, le 560 qui est parti devant nous nous lâché petit à petit, les 2 "450" partis après s'empétolent encore plus du côté du Cap Vert. Mais surtout un 500 parti 8 jours avant nous a perdu son hélice. Manquerait plus que ça, retournons aux prières et incantations, mon dieu, soyez gentil faite que je ne perde pas mon hélice ... À part ça de toutes façons il n'y a pas grand chose à faire non ?
L'équipage ? Tout va bien à bord, j'espère qu'il vous donnerons eux même quelques nouvelles, de mon côté je vais vous laisser, un coup d'œil sur la ligne ?
Tout le monde embrasse tout le monde.
Le Titien, le 11/10 à12 Tu : 20°57.02 N 33°39.04 W à 1 742 NM des Vierges.

vendredi 9 octobre 2015

Le Titien, grosses chaleurs

Vendredi 9 Octobre
Premières vraies chaleurs, les calmes nous rattrapent, la météo se complique un peu. Ne vous inquiétez pas, on va pas se faire mal, mais il semble que la grosse tempête qui approche des côtes d'Europe, mauvais temps à prévoir en France, repousse les calmes de l'anticyclone loin au sud, nous aurons sans doute beaucoup de mal à les éviter. Tout va bien à bord, ce matin nous avons franchi le cap des 2 000 milles, et puis c'est Vendredi, jour du poisson, y'a intérêt à pêcher. Je n'ai rien décongelé. Ce sera poisson ou ... Confit de canard ... Devinez ce que nous préférons ! Je vous laisse, plus exactement je laisse la parole à Frederic qui va vous raconter Sa transat :
"L'idée de faire une transat trottait dans ma tête depuis que Laurence m'avait fait part de ses projets fin 2008. Elle m'avait d'ailleurs proposé de rejoindre son équipage à Panama pour naviguer jusqu'en Polynésie, sa destination finale. Je venais de démarrer une nouvelle activité et n'avais pu donner suite, faute de temps (sans doute faute tout court), mais les récits et les images de ses voyages me confirmaient l'intérêt d'un tel projet.
Un septennat plus tard je tombe sur un post fb de Christophe annonçant sa prochaine traversée mi-septembre et aujourd'hui, j'ai tout mon temps ;-). Quelques échanges via Internet, on se téléphone, on discute les détails à l'ile de Ré au mois d'août et le projet se dessine.
Olivier et moi sommes donc confirmés. Un quatrième équipier serait idéal pour traverser. Qu'à cela ne tienne, je poste une annonce sur fb à laquelle Diane répond et nous rejoindra pour la première partie du voyage entre La Rochelle et Las Palmas (Iles Canaries) et qui sait, peut-être pour la traversée...
Le bateau est prêt le 10 septembre. Christophe et moi allons à La Rochelle pour en prendre possession et commencer à le préparer. Un bateau neuf, c'est rempli de trucs neufs emballés à déballer, inventorier et ranger de façon rationnelle. Christophe installe le système de navigation, envoie successivement Diane et moi dans le mat pour protéger les barres de flèches. En parallèle, il y a l'avitaillement c'est à dire quelques allers retour dans une grande surface pour rapporter des caddies pleins de vivres. On se bidonne* aussi...
La météo annonce un coup de vent au large. On visualise grâce à weather4D avec en bonus Olivier qui nous montre les dernières modifications et fonctionnalités qu'il implémente quotidiennement. Il faut attendre que ça se calme pour partir. Le bateau est neuf et doit être livré neuf... On profite de cette attente pour le protéger. Toiles cirées, moquette, bulletex. La force du vent plaque le bateau contre le ponton. On ajoute des défenses pour répartir la pression sur la coque.
Le 19 septembre le coup de vent est passé. Le bateau est libéré de ses amarres. Nous quittons La Rochelle au petit matin juste après avoir fait les pleins d'eau (750 l) et de gasoil (500 l). Un nouveau rythme de vie s'installe. A part Christophe, on a tous un peu le mal de mer (mais c'est bon, ça va passer). Les quarts sont attribués. Comme j'ai tendance à m'endormir entre 21h00 et minuit, je propose de prendre minuit - 3h00. Mais peu importe, car on tourne chaque nuit.
Pour les "new bees", le livre des Glénans est à bord. Lecture à la fois instructive et un peu sèche. C'est à peu près comme l'étude du solfège pour les musiciens ... L'un dans l'autre, il complète tout ce qu'on apprend en pratique sur le pont ...
La première partie d'une transat est généralement dédiée au débogage du bateau. On sait qu'il y aura des problèmes mais on ne sait pas encore lesquels ... De surcroit le Dufour 560 est un modèle récent que Christophe convoie pour la première fois. Comme prévu, les problèmes pointent le bout de leur nez dès la première journée en mer. Deux lattes sortent de leur boitier et menacent d'endommager la grand voile. Il faut les retirer. La tige d'un coulisseau de grand voile tombe sur le pont laissant un jour entre le mat et la grand voile. Notre beau voilier a soudainement l'air débraillé :-(
Après c'est au tour du pilote de jouer des castagnettes. Christophe s'engouffre dans le coffre où l'on range les défenses et les amarres pour serrer les visses qui attachent le pilote à la structure du bateau. Il faut démonter l'étui de winch pour accéder à l'ensemble des visses. Design de m****! s'exclame t'on. En plus c'est un système à chaine qui couine comme un démarreur de voiture en fin de vie. Bref, un système à vérins hydrauliques aurait été plus adapté (et sans doute plus cher).
Nous aurons néanmoins d'excellentes conditions météo pour dégolfer. Nous pêchons deux poissons, assistons à un ballet de dauphins pendant environ 30 minutes ... Diane a l'air ravie et je suis content que cette expérience soit aussi positive pour elle qu'elle l'est pour moi.
Arrivée de nuit à Las Palmas après une brève escale à Vigo pour la révision des 50 heures du moteur. Les prises de quart cessent. Les problèmes de lattes seront réglés dans les prochains jours. Nous ravitaillons et "geekons" dans les bars à wifi. Je trouve quelques similitudes entre Las Palmas et Los Angeles. Le climat, les joggers, volleyeurs, nageurs, etc ...
Faute d'avoir convaincu Diane de continuer, nous nous faisons à l'idée de n'être que trois à bord pour traverser. Christophe nous fait part d'une petite annonce qui a attiré son attention. Il s'agit d'un Néo Zélandais cherchant à joindre un équipage pour aller aux Antilles et puis en Amérique du Sud. Je l'appelle et nous faisons la connaissance de Daniel au Sailor's bar. 1 heure et quelques verres plus tard nous lui donnons rdv le lendemain à 7h30 pour finaliser les préparatifs de la traversée. Nous serons finalement quatre. Diane tu es vraiment sure sure sure de rentrer à Bordeaux ?
Nous quittons Las Palmas le 4 octobre. Direction Sud à la rencontre des poissons volants. Et puis on tournera à droite...
8 octobre. Déjà quatre jours en mer. Le temps est clair, environ 26 degrés, le soleil chauffe un peu plus chaque jour et nous voyons les premiers poissons volants. La nuit, les vestes de quart restent au vestiaire. Le jour, chapeau, lunettes de soleil et chemise à manches longues (ou beaucoup de crème solaire). On se rafraichit avec des seaux d'eau de mer. Le poisson se fait plus rare. Une petite dorade qui pourra faire une entrée, rien de plus. On se rattrape avec de l'ossobuco et le "frais" acheté à Las Palmas. Le vent timide au départ des Canaries se renforce. 12, 14 nœuds et pour finir 25 nœuds. On prend 2 ris d'un coup, ce qui a l'avantage d'équilibrer la voilure du bateau tant le foc est sous dimensionné.
Olivier travaille assidument sur les fonctionnalités de navigation de Weather 4D, nous lui donnons nos impressions et quelques suggestions d'utilisateur. Christophe veille sur le bateau, le cap, les réglages de voiles, les trucs qui pètent et le bienêtre de l'équipage. Daniel lit et relit Siddhârta, aide à préparer les repas, rêve de pêcher un gros poisson. En temps normal, il est quasi végétarien. En ce moment, c'est viande tous les jours ! Il se dit sans doute qu'ils sont fous ces français avec leur bouffe, leurs vins, leur débats politiques, leur discussions philosophiques et leurs histoires de nanas... Mais il a l'air heureux et c'est le principal. Pour ma part je suis content d'avoir un alter ego du coup de fourchette. Christophe commence à se dire qu'il vaut mieux nous avoir en photo qu'à table.

*se procurer des bidons de javel vide de 20 litres à laverie du coin pour accroitre la capacité de gasoil du bateau d'environ 50%."
Je conclue par un petit mot à Laurence justement, qui nous avait laissé 2 casseroles, casseroles bien utiles en effet, parfaites pour le confit de canard par exemple. Merci Laurence, tout le monde embrasse tout le monde.
Le Titien le 9/10/15 à 12h TU : 22°35.45 N 29°36.43 W à 1 968 NM

mercredi 7 octobre 2015

Le Titien, train, train quotidien

Mercredi 7 Octobre

Je commence ce post par un petit message à mon ami Jean Charles qui semble s'inquiéter sérieusement de la tenue à porter pour son séjour à venir aux Canaries. J'espère donc qu'il me lit. L'eau est donc à environ 24° un peu partout autour des Canaries. Et pour votre info, elle atteind maintenant 26°. L'occasion de parler du temps qu'il fait, et bien après plusieurs jours de grisaille, due à mon avis à du vent de sable en altitude, le ciel commence à bien s'éclaircir. La température, déjà bien élevée monte encore, et du coup, j'ai beau dire de fermer les capots, un capot ouvert, une écoute qui se prend dedans (bon le plan de pont n'est pas parfait) et paf une vitre de cassée, Christophe en rogne. Mais c'est peu de chose, la Meteo est bonne, nos lattes tiennent, d'autant mieux que depuis maintenant presque 2 jours nous avons touché du vent. Après une après midi passé à la barre je passe sous 2 ris, tranquille. Le pilote tiens, et celui là je le surveille, j'ai encore retendu la chaîne, un claquement anormal, pour l'instant il tient, avec 2 ris, il tient d'autant mieux. Mon autre inquiétude, je surveille comme l'huile sur le feu la drisse de GV qui donne des signes de faiblesse. Toujours ces têtes de mat qui bouffent les drisses, depuis le temps ... Ggrrrr ... Du coup avec 2 ris finalement je règle le problème de la drisse, du pilote et des lattes, cool ... Je continue comme ça, d'autant plus que nous marchons pas mal, moins de zig zags sans doute et une Meteo vraiment sympa.
Je risque de n'avoir pas grand chose à raconter d'autant plus que question pêche, c'est pas terrible. Allez une petite histoire quand même.
Nous avons donc embarqué aux Canaries Daniel, un grand et costaud neo zélandais qui semble vraiment apprécier l'idée de pêcher. Il rode à l'arrière surveillant la ligne dans l'espoir d'une touche hypothétique. Je lui explique que normalement le poisson mord à 3 occasions (loi de Murphy oblige) :
1 - quand je vais faire une sieste au moment où je m'endors
2 - quand le repas est juste servi, glaçons dans le Gin Tonic et côte de bœuf juste comme il faut
3 - quand je prend une douche, que j'enfile une chemise et un bermuda propre.
Dans le même temps, tout n'est pas rose sur le bateau. Entre autre nous avons eu hier une mer bizarre, choppy comme dise les anglo saxons. Du coup ça bringuebale dans la grande cale arrière. Un des mes bidons de Gas Oil a perdu son bouchon. Je descend là dedans, je remet de l'ordre, je ressort parfumé au Gas Oil. Diesel, il paraît que ça existe. Du coup, je m'octroie le droit de prendre une douche et paf pendant la douche, ça mord, je ressort, Daniel et Olivier on remonté une daurade, mais quand je dis une daurade, c'était plutôt un échantillon, taille maquereau et ils l'ont laissé glissé, coincée entre le tableau arrière et l'autre cale, j'y retourne, chouette j'alterne fragrance diesel et fisherman. Pas de femmes à bord, ouf ... Et puis le dessal fonctionne, je peux me laver, question fringues ça va être plus juste, alors une petite lessive s'impose.
Quoi d'autre, mon Osso Bucco n'est plus qu'un souvenir, hier c'était la petite daurade, à la portugaise. Il nous reste encore pas mal de nos denrées achetées à Las Palmas, mais je m'inquiète quand même. Frédéric et Dan mettent la barre assez haut question appétit, il va falloir pêcher, ça va devenir vital, je le sent, j'ai un peu peur aussi pour le gaz, nous sommes justes. Des nouvelles d'Olivier ? Et bien devinez, moral semble t'il au beau fixe, il est derrière son ordi, tranquille, émerge pour le repas et prend à peine le temps d'une petite sieste. Il progresse, ça devrait être prêt pour le nautic. De mon côté, à part raconter des bêtises, j'ai le temps de lire, j'entame le nouveau Pérez Reverte, en principe j'aime bien. Ça doit être mon 5ieme bouquin depuis le départ, c'est bon, je tiens le rythme. Nous progressons donc tranquillement vers l'ouest, j'enlève une heure à l'heure du bord, ça donne à tout le monde la possibilité de s'animer un peu avant d'attaquer la préparation du repas, courgettes, filet mignon, à moins que ...
A bientôt, tout le monde embrasse tout le monde
Le Titien, le 7/10 à 12hTU : 23°01.13 N 24°20.17 W à 2 260 NM des Vierges

dimanche 4 octobre 2015

Le Titien, premiere nuit

Nous sommes gâtés, encore des conditions de demoiselle, ça ne va pas très vite, mais dans le bon sens et pour une première nuit ce n'est pas plus mal. Les lattes, et tout ce que nous avons fait, a l'air de bien tenir et même la Meteo s'améliore. Nous voici quasiment sur la route idéale, le 240 à 5,5 N. Il ne nous reste plus qu'à pêcher. En attendant c'est Dimanche. Alors préparation de l'Osso Bucco. Et nous devrions accélèrer encore un peu demain, j'essaie, promis, d'être plus constant dans ma rédaction du blog, en espérant avoir de belles choses à vous raconter.
A bientôt
Le Titien, le 4/10 à 10h30 TU : 26°12 N 16°09 W à 2 705 NM de Virgin Gorda