samedi 26 décembre 2009

Le jour de l’espadon

Vendredi 25 Décembre

Nous en avions rêvé, le père Noël l'a fait, enfin presque. Mickaël depuis des jours, que dis je, des semaines, en avait vraiment très envie, un espadon. Moi aussi je dois dire. Et bien, en ce jour de Noël, nos voeux furent presque exaucés. Je vais vous raconter ça et un petit film vous prouvera que j'exagère à peine. Reprenons dans l'ordre, j'espère que vous avez le temps, je suis en verve et dehors, 30/35 noeuds, de la pluie, génois lourd arisé, quasiment en fuite, pas grand chose de plus à faire. Hier soir, vous vous en doutez, nous avons réveillonné. Nous avons retrouvé Marc et ses jeun's, qui nous proposaient de venir à couple. Un peu trop de vagues à mon goût, Marc et d'accord, nous restons à portée de voix et donc, de conserve, Tchaïkovski et Monteverdi passent la nuit de Noël dans les mers du sud ... Au menu, une entrée un peu frugale, saucisson et pâté, pâté en guise de foie gras, c'est tout ce que j'ai trouvé aux Marquises, le pain, de la main de mon bosco. Marc et son équipage vont faire un sort au foie gras aux figues, cadeau de ses cinquante ans. Ensuite Mickaël nous a préparé des côtelettes d'agneau avec une sauce au caramel, succulent, il faut que je note la recette. Fromage, salade de fruit des Marquises, forcément un régal, mais nous calons. Un coup de chaud, un beau coup de soleil et un coup sur la tête ont eu raison de mon appétit, quant à Mickaël c'est peut être un coup de rhum ... Donc, nous finissons la soirée avec un café, une goutte de vieux rhum et un superbe Cohiba, musique et voilà, un Noël inoubliable. En guise de sapin, les 2 génois en ciseaux, le mât et ses guignols, on s'y croirait. Le doux murmure du sillage et des vaguelettes remplace le crépitement des buches dans l'âtre et pour la décoration, et bien tout simplement le ciel. Une voûte céleste comme tout simplement vous n'en avez jamais vue. Imaginez ce que vous avez déjà vu de plus beau, et bien c'est encore mieux, il faut venir ... Mickaël à peine son cigare fini tombe dans les bras de Morphée et moi je profite de la soirée qui s'éternise.



Le "Sapin de Noël" et le Cohiba pour finir le dîner.
(En prime, coup de soleil et épaule en vrac ...)
Et à suivre le lever du jour, un 25 Décembre en plein Pacifique
Pour la voute céleste, pas moyen de photographier, je vous le dit, il faut y aller ...


La nuit avance et petit à petit le bateau reprend le dessus. Le point de 12h GMT à 3 heures du matin et évidemment loi de Murphy oblige, 4 heure du matin, les premiers grains, le temps se gâte, à 7 heure, un gros grain, je réveille Mickaël, le grain passe, nous mettons la ligne et je vais me coucher. A peine 10 minutes, cccrrrrrr, la ligne part en grand, elle casse, heureusement au niveau du leurre et nous voyons un magnifique voilier de 2 mètres, 2 mètres cinquante sauter derrière nous. Trop gros, tant pis, on remet la ligne à l'eau, je retourne dormir, essayer du moins. Dix minutes encore et c'est reparti. Finalement, rien, Mickaël remonte la ligne pour vérifier et à une quinzaine de mètres derrière le bateau, une nageoire, elle suit notre ligne, une première touche, rien, à nouveau la nageoire et boum, badaboum, c'est parti. Nous avons le temps de rouler les génois, le bateau est arrêté, nous réussissons à freiner la ligne avant qu'elle ne parte complètement, Mickaël s'installe, assis sur la jupe et la bataille commence. Lentement, mètre après mètre nous remontons l'animal, un gros thon, un espadon ? Je penche pour un thon, il ne saute pas, en tout cas pas une daurade. Vingt minutes, une demi heure, ça y est, il est tout prêt, un petit film, c'est un espadon, un mètre 80, deux mètres ? Magnifique, mais maintenant il faut le remonter, une autre paire de manche. Il est maintenant le long du bateau, nous le gaffons, attrapons le rostre, c'est trop lourd et puis il a de grandes nageoires qui nous empêchent de le faire glisser. Allongé à l'arrière, j'arrive à passer un bout derrière sa caudale, sa queue, nous tirons, ça y est presque, une première fois, raté. On recommence, à nouveau le long du bateau, à nouveau le bout, et c'est là que j'ai fait une erreur, j'aurai dû demander à Mickael un second bout. Je tire, le corps du poisson est sur la jupe, mais je n'ai qu'une boucle, je n'ai pas pu faire de noeud. Un second bout avec un noeud et c'était bon, je n'y ai pas pensé. Evidemment il se débat, sans ce noeud, la corde finit par glisser et cette fois-ci la ligne casse. Raté ... mais quelle bataille, quelques bleus d'ailleurs, encore un souvenir, une histoire à raconter.

La video, si si, c'est bien un espadon,





Un petit mot sur Tchaiko, ils sont toujours à coté de nous, Marc hésite à s'arrêter à Ahé, ils en ont très envie, mais avec ce temps. Moi, je ne m'arrête pas mais je me connecte pour prendre une météo et leur transmettre les infos, en principe j'aurai un peu attendu, mais c'est Noël, il pourra choisir en connaissance de cause et comme ça vous recevrez ce post.

Mickaël est maintenant plein de souvenirs, la traversée du Pacifique, les Marquises, le combat, j'avais oublié, il est aussi monté dans le mat, nous avions cassé une manille de drisse de génois, il fallait descendre cette drisse, je crois qu'il est au bord du gouffre, la tête pleine, gros coup de barre, après avoir attaqué le nettoyage du four, un nouveau grain, 30/35 noeuds, c'est celui dont je vous ai parlé au début, un des plus gros que nous ayons eu. Trop d'émotions, il s'écroule, un Noël comme ça, il n'est pas prêt d'oublier. Et puis moi, un peu plus blindé peut être, mais quand même ... Allez, j'arrête de vous ennuyer avec ma littérature, mais c'est vrai que j'aurai aimé partager ça avec vous (du coup j'écris trop), que ma petite famille me manque, que j'espère que les enfants ont appréciés leurs cadeaux. Je vous dit à très bientôt.
CM

Pos : 13º03.32'S - 144º07.62'W