mercredi 25 mars 2009

Le bateau ou la loi de l’emm ... maximum

Mercredi 25 Mars

Bon le titre n'est pas terrible, je vous le concède, je suis un peu fatigué, mais je ne sais pas pour vous, mais pour moi, j'ai quand même souvent cette impression. C'est systématiquement au pire moment de la nuit, vers 4h, 4h30, quand même des allumettes ne suffisent plus à vous tenir les yeux ouverts, quand le froid s'est insidieusement glissé entre vos nombreuses couches de polaires qu'arrive le plus gros grain. Si vous avez de la chance il s'accompagne d'une pluie bien drue, de celle qui tambourine sur votre capuche et trempe vos derniers vêtements secs. Après une belle journée, un super début de nuit, les choses se gâte un peu vers 3h, plus beaucoup d'électricité, le pilote qui perd les pédales, moteur, un coup de dessalinisateur, un bruit bizarre, l'hélice ? Je débraye, bloque l'hélice non ce n'est pas ça, je stoppe le dessal. plus de bruit, zut c'est lui. Et le vent qui rentre à nouveau, une nuit sans lune, visibilité zéro, le camion dans un tunnel en descente avec des chaos, de temps en temps on se dit que le précipice est là, juste devant, le grand trou, bout du monde, terreur de nos ancêtres, bon n'exagérons rien nos brillants scientifiques ont prouvé que la terre était ronde, on ne va pas tomber, il faut quand même réduire et sommes toutes ce n'était pas grand chose, 30 noeuds tout au plus, trente noeuds bien établis, depuis un bon moment maintenant, la mer commence à se former et, on a beau dire, il faut le voir "en vrai". Petit à petit le train train reprend le dessus. Le bateau et l'équipage vont bien, les milles défilent, les 1 000 milles passés justement en fin de nuit, l'option semble payante et pour ceux qui ne l'ont pas lu, je vous conseille le "Nègre du Narcisse", Conrad, la plus belle tempête de la littérature (à mon humble avis), une vrai tempête pour le coup, mais tout y est, jusqu'au petit matin tant espéré, mais qui, finalement, porte le coup de grâce au moral de l'équipage.
Fin du quart d'heure littérature.

Le dessalinisateur je vois ça tranquillement, une fois reposé, et DE JOUR. Justement pour un dessalinisateur, j'espère qu'il ne va pas faire le malin et mettre du sel dans notre histoire, plus d'eau ? l'horreur ! ... oui, bon, il nous en reste encore 500 litres et puis c'est l'eau pour se laver et pour la vaisselle, on reviendra aux vieilles méthodes, lavage à l'eau de mer. Cela ne va pas suffire à créer un insoutenable suspens, on à de quoi boire (et pas que de l'eau ...). Le suspens justement, si on revenait à nos moutons, pardon, non, nos pigeons.

Suite et fin du feuilleton ? J'ai cherché un titre : Le compromis historique ?

Après moultes hésitations, l'équipage en était arrivé à la quasi unanimité : la casserole.
Il faut dire qu'ils en avaient mis partout, les cochons, c'est incroyable, ça bouffe trois miettes et ça en fait des tonnes. Peu ou pas de volontaire pour la corvée des chiottes, pas non plus beaucoup de volontaires pour la mise à bord, à part Alain grand seigneur, prêt à se dévouer, ... Bon je demande à voir ... sans parler ensuite des plumes. De mon coté, je les aurai bien gardé. Un peu par sentiment "humanitaire", les pauvres bêtes, elles ont rien demandée, ont leur fait faire des concours stupides, juste "pour voir". Mais surtout, je me faisais déjà un plan, je suis bien certain que si elles survivent jusqu'en Martinique, dès l'approche de la terre, elles vont se barrer et je m'attend à ce qu'un jour, elles soient découvertes, la une du canard local, un, deux, non, trois pigeons traversent l'atlantique, incroyable, les colombophiles en émoi ... je garde une copie de l'article, souvenir d'une transat ... mais ce matin, la corvée de nettoyage est venue à bout de ma patience. Par charité, on tente quand même un dernier largué, Allo Piste d'envol, les catapultes sont prêtes, envol impeccable, cap à l'est droit vers le Portugal, on ne les voit plus, ouf, non, je les voit encore, où ?, la bas, elles reviennent, on recommence, cette fois çi on les chasse, j'y vais du balai, Alain de la corne de brume, allez les pigeons, à la niche, rien n'y fait, elles reviennent et finalement trouvent la solution, chassé du bateau, elles se réfugie au fond de l'annexe. Signature du compromis historique, si vous ne sortez pas de là, on vous laisse tranquille ... Nous serons quitte d'un sacré nettoyage de l'annexe, et j'aurai peut être mon article.

Voilà, comme vous avez pu le constater, la nuit a été un peu longue, je vais aller me coucher et comme d'habitude tout le monde embrasse tout le monde.

CM

Pos. à 12h00 GMT : 36º25.00'N - 019º26.71'W.

PS : Dernière minute : le dessalinisateur hs, faut que je démonte et que je reprenne une météo : la suite au prochain n°

Transat Jour 4

Mardi 24 Mars

En fin de journée, une semaine de mer et ce coup ci, plus de doute, nous sommes partis en route directe Martinique. Nous sommes maintenant quasiment à l'ouest de Madeire et des Canaries, on va quand même pas faire de l'Est ! Comme prévu, nous nous glissons à l'Ouest de ce qu'y est définitivement une dépression, une trentaine de noeuds établie, des grains à 40/42, ambiance shaker ... Au Sud, j'ai l'impression que cela va se compliquer, la dépression semble vouloir nous accompagner et descendre petit à petit vers les Canaries, barrant la route à ceux qui s'y trouveraient, le papa de Tristan va pouvoir exercer ses talents de routeur. Est-ce que l'on peut faire confiance à Mister Grib ? Nous ne devions pas avoir plus de 20/25 noeuds, je sais bien que cela ne tient pas compte des rafales, mais quand on commence à voir des traînées blanches sur l'eau, c'est toujours 25 noeuds ? C'est pas ce que disent les bouquins, et l'anémomètre (un coup ça marche, un coup ça marche pas) est quand même resté un bon moment dans la zone des 40. On essaye donc de rester à l'Ouest de cette perturbation, cap au 230/240, sans doute pour une semaine, avant d'attraper, je l'espère, l'alizé qui va nous permettre de tourner à droite. On assure, il reste 9 000 miles à faire, les moyennes ne sont pas très élevées, grosso modo, je remet de la toile quand la vitesse descend en dessous de 6,5 - 7 noeuds, le bateau reste confortable, l'équipage s'amarine mieux que nos passagers clandestins qui on eux droit à un copieux mal de mer, ce qui m'amène à notre nouveau feuilleton :

Chacun sa cuisse ou "Albinoni" et les pigeons : la suite

Nos 2 compères, par ce temps, se trouvent plutôt bien à bord et j'ai un doute : j'ai l'impression que les pigeons voyageurs d'aujourd'hui, un peu comme nos enfants, sont passés à des moyens de communications plus modernes. Je les soupçonne d'avoir des portables "Et les potes, l'adresse est bonne, il y a bal toutes les nuits". Résultat, en fin de nuit un troisième pigeon et venu se poser sur notre piste d'envol, le bimini, absolument parfait, il ne manque plus que le lignes jaunes ... Donc si on décide la casserole, chacun sa cuisse ...

Et pour conclure, on a réussi a en attraper les 2 autres : Portugal 2007 pour les deux et 7330023 pour l'un, 7079759 pour l'autre. Nous lançons un buzz ?

Pos 12h GMT : 37º57.75'N - 016º31.19'W

Nous sommes passés à GMT - 1, 2 heures de décalage avec la France.

A bientôt, tout le monde embrasse tout le monde

CM