samedi 20 décembre 2014

Carmen, arrivée aux Marquises

Samedi 20 Décembre

Et non ce n'est pas encore tout à fait les Marquises, encore 145 milles à l'heure ou j'écris ces lignes. Nous venons de finir de dîner ... Il est encore Vendredi pour nous et la journée a été longue. Retour du mauvais temps, pluie, grains, pourvu que ça revienne au beau d'ici demain, nous devrions toucher terre en fin de journée, début de nuit pour nous, mais donc Dimanche matin tôt en France. Bientôt des nouvelles en direct de mes équipiers, encore vivants ... Mais sûrement contents d'arriver, les conserves ça a des limites, la pêche étant catastrophique, lignes silencieuses, pas la moindre friture, ah si une belle touche, le poisson arrive sous le bateau et paf, recassé, à se tirer un coup de fusil ... Et je ne vous parle pas de la météo, si j'ai un peu de temps, je reviendrai dessus dans mon groupe, un phénomène un peu inhabituel, je ne vous embête pas avec ça, mais du coup nous avons pris du retard, si nous avions eu des conditions, disons normales, nous serions sans doute déjà arrivé, mais là, ce qui semblait être un véritable boulevard sur les gribs, c'est plutôt transformé en Paris Dakar, voir Rallye de Monaco, pas de neige, non quand même, mais pas toujours très chaud ... Et question bosses et virages, vagues et empannages, nous sommes un peu fatigués. A très bientôt donc et en attentant, tout le monde embrasse tout le monde.

Carmen, à 145 milles d'Atuona, Hiva Oah, Marquises ...

lundi 15 décembre 2014

Carmen fait le dos rond

Lundi 15 Décembre

J'ai laissé passer un Dimanche sans donner de nouvelles. A ma décharge je reçois de mauvaises nouvelles, rien à voir avec le bateau, mais je n'ai guère envie de prendre la plume et de conter nos aventures dans le Pacifique. Mais je ne suis pas seul et je crois que certains d'entre vous aimerais bien savoir où nous en sommes et comment va mon vaillant équipage. Tiens d'ailleurs je vais peut être leur demander de prendre la plume de temps en temps. A ma décharge aussi, des connexions difficiles, mes minutes de satellites s'envolent et ça coûte cher, et à ma décharge enfin, des conditions qui se sont un peu "corsées" ces dernières 24 heures.
En fait depuis mon dernier message, c'était pour beaucoup le mode Carmen au taquet, des conditions presque idéales, beau temps, juste peut être le vent un poil trop devant et du coup une mer de travers un peu gênante, mais les journées s'enchaînent, toujours en mode "Go To" cap sur les Marquises, sans bouger d'un poil, 182 milles, 170, 190, 189, 191, le vent ne bouge pas, presque pas, une journée ça mollit et ça adonne, du coup 158 milles, ça repart, 180, et ça se gâte un peu, le vent commence à forcir, un peu d'usure, paf notre génois léger descend à nouveau, (évidemment en pleine nuit) le transfilage que nous avions fait en Martinique a fini par céder. Mais conformément au grib (toujours étonnement précis), le vent forcit, avec lui la mer, 180 milles, 171, la mer grossit encore, il nous faut ralentir. Et oui, quand le grib annonce 18/20 nœuds, sur l'eau il faut s'attendre à un peu plus. Cela ne dépasse pas 30 nœuds, mais dans le Pacifique la mer est grosse et Carmen, ben parfois je le trouve un peu petit, du coup il ne nous reste plus que le génois lourd. Une accalmie ce matin, j'en profite pour écrire ces quelques lignes, ça devrait à nouveau forcir pour encore une journée, mais en attendant on se traine, 157 milles ces dernières 24 heures. Il nous faudrait rehisser notre génois, mais pour ça il faut monter dans le mat. Avec cette mer, bof, bof. Avec le vent que nous avons eu ces derniers temps, nous n'avons même pas pu le plier, du coup en vrac dans le carré, carré souvent fermé, entre les vagues et un peu de pluie de temps en temps, c'est un peu le binz à l'intérieur. Christophe nous a fait un double salto arrière en descendant dans sa cabine (son antre ?), bon, ouf juste quelques bosses et égratignures, 2 jours de courbatures mais ça va mieux.
Romain, lui a d'autres soucis, et oui en mode "au taquet" la pêche c'est zéro pointé, quand on attrape quelque chose, un sifflement, le moulinet se vide et paf ça casse, du coup il se décarcasse, comment faire de la bonne cuisine avec ce qu'il nous reste, plus de frais, pas de poisson, juste encore quelques fruits et légumes de plus en plus fatigués et des boîtes, des boîtes de tout mais ... Mais bon, on peut lui faire confiance, Laurence prend le relai de temps en temps et s'essaye à accommoder une improbable boîte de morceaux de poulet, et puis ouf, obligé de ralentir nous pouvons repêcher, nous ratons quand même 2 daurades, mais une bonite a la gentillesse de rester accrochée, enfin. Et puis du coup ce matin, tout le monde dort, nous nous traînons, comme je vous le disais j'écris ces quelques lignes mais chut, j'ai mis les lignes, je ne réveille personne, pas tout de suite, pas juste pour remettre la GV, une bonne nuit fera du bien à tout le monde, mais si ça part (les lignes) debout tout le monde, Poissonnnnnn ... Un secret espoir d'un réveil en fanfare, sinon, encore une ou deux heures au ralenti et nous remettons les chevaux, il faut bien y arriver un jour aux Marquises 850 milles devant nous. Un vent qui risque d'être encore un peu trop fort aujourd'hui, ce fameux Maramu ?, puis un peu trop de l'arrière si nous n'avons pas notre grand génois, mais quand même c'est du grand portant, le 19 ce sera juste, le 20, très possible, le 21 certain. Et n'oubliez pas nous sommes loin, presque de l'autre côté du monde, aux Marquises, 10h30 de décalage, en gros quand le soleil se couche en France, il se lève ici, la journée commence, je vous laisse, je vais faire le café.

Carmen, le 15 Décembre à 12hTu : 06°45.2968 S 124°31.6174 W à 873 milles des Marquises

dimanche 7 décembre 2014

Carmen, dans les mers du Sud

Dimanche 7 Décembre

21h17 Samedi 5 Décembre, par 100°14.44 W, Carmen franchit la ligne, 65 jours après son départ de La Rochelle, 10 jours depuis Panama, enfin les mers de Sud, et qu'est ce que ça change ?Rien, toujours la grisaille, toujours rien au bout des lignes et toujours du près.

Mais non, j'exagère ... un peu, à peine, c'est Dimanche et j'essaye de me plier à la règle, il faut que je donne des nouvelles. D'autant plus que j'ai reçu un mail et que mon fichier météo expire.

Pour la grisaille la situation s'améliore, depuis ce matin seulement, est ce que cela va durer ? En tout cas grand beau temps. Pour la ligne donc un certain mieux, mais pour les lignes, c'est à désespérer, les hameçons ne font que rouiller. Un bateau de pêche cette nuit, un banc de gros dauphins, d'orques ou globi, difficile à dire, un peu loin, mais en tout cas très gros. J'en avais déjà vu dans ce coin avec Monteverdi. Je crois que c'est une variante Pacifique du globi.

La ligne, l'occasion d'une petite célébration, champagne, un verre pour Neptune, ah tiens j'y pense, certains d'entre vous doivent passer un peu de temps du côté de la Porte de Versailles, alors le champagne attention, n'en abusez pas ... Romain, pour marquer le coup, nous a fait une petite coupe, pas de champagne, une petite coupe dans sa pilosité (barbe et cheveux), une ligne, le négatif de l'iroquois ... Christophe, notre seul bizuth est resté plus sage, dommage ...

Et pendant que j'y pense, que nous parlons de la ligne et de la Porte de Versailles, je ne sais si Olivier et Francis liront ces lignes, mais au cas où, Olivier, la version Android de W4D que tu m'a envoyée à Panama, un petit bug que peut être tes amis testeurs ne pourront déceler : elle ne passe pas la ligne, dans l'affichage, Navigation Data, la latitude reste N et du coup le petit bateau reste collé sur la ligne, la croix étant elle bien positionnée.
Et pour Francis, la nouvelle version Iridium mail & web, ça y est (enfin), ça marche, autant le signaler, avec peut être aussi un plus côté temps de connexion, moins de 15s une fois, par contre un ou 2 plantages quand même à la connexion, un petit bug, quand tu effaces un message, l'apps plante, par contre une ou deux nouveautés que j'attendais, tu peux mettre en copie et entrer une adresse directement sans passer par le carnet d'adresse, voilà pour la partie technique, désolé pour ceux que cela n'intéresse pas, il faut bien que je remplisse ...

Et d'ailleurs je n'ai pas tout à fait fini avec la technique, depuis notre départ, c'est un peu une course contre la montre. Il nous faut être à Papeete avant le 31 Décembre. En tout cas en Polynésie, pour ça pas de souci, pour Papeete, je ne redoute qu'une chose devoir sauter quelques petites escales prévues. Les Marquises ont s'arrête, nous risquons d'être juste en Gas Oil et en gaz, cette bouteille vide que nous n'avons pu recharger à Colon. Et puis pour une fois Jean François pourrait nous rejoindre aux Marquises, alors ce serait quand même sympa d'aller voir les raies mantas, chez lui à Tikeahau. Tout ce temps perdu en début de traversée, dans l'Atlantique, dans le Pacifique, la journée perdue à Colon, c'est maintenant que nous risquons de le payer, c'est maintenant une course contre la montre, j'ai repris un fichier Meteo, si nous traînons nous risquons d'être rattrapé par une molle qui envahit le pacifique derrière nous. En allant assez vite nous devrions attraper un bon renforcement devant nous, 20 nœuds grib d'ici 6/7 jours. Encore difficile de faire des prévisions. En me basant sur les temps de Curie, au mieux nous sommes à Atuona le 20, mais Curie c'est un 55, pas un 42 et là nous ralentissons, 190 milles avant hier, 182 hier mais avec le beau temps, le vent adonne et faiblit un peu, de 8 nœuds la moyenne passe à 7. Je ne fais pas dans le détail, depuis 500 milles en mode "Go To" notre route est un trait rectiligne cap sur Hiva Oa, à 7 nœuds nous y serions le 21 Décembre à 00h45 TU, soit quand même, ouf, c'est ça de gagner, avec 10 heure de moins, le Samedi après midi.

Ah et toujours dans le domaine technique, mais pas seulement. Olivier, le fichier courant Global Ocean il est superbe, mais pas moyen de l'attraper en mer et je ne sais si ton app fait le routage, vent plus courant. Je dis ça parce que les courants, c'est parfois impressionnants. Un peu après les Galapagos, quand même un peu en plein milieu de nul part, c'est net, nous fonçons, le bateau est porté, soulevé, projeté par un nœud, voir 2 de courant, impressionnant. Et puis dans l'après midi, une rivière en plein océan, quand je dis une rivière, un rapide, tourbillon, gros clapot et littéralement une différence de niveau et ... Une fois le gué franchit, la rivière traversée, s'en est finie de la cavalcade, 2 nœuds de moins ... Le courant ça compte ...

Il faut que je vous laisse, on se traine, un Spi, le code 0, que faire ... Des prières ? On va se contenter d'attaquer l'apéro et notre dernier morceau de viande. Après ... Conserves ou ... Il faut pêcher, s'il vous plaît, du vent et du poisson. Je vous souhaite à tous une bonne fin de WE, et l'équipage maintenant la tête en bas se joint à moi, tout le monde embrasse tout le monde.

Carmen, le 7/12 à 18h40 TU : 00°41.19 S 102°43.19 W à 2 228 NM des Marquises

vendredi 5 décembre 2014

Carmen, le pied sur l'accélérateur ?

Juste un petit mot. Romain doit se connecter, un anniversaire à célébrer, anniversaire de prime importance, et alors j'en profite pour vous envoyer des nouvelles et rédiger quelques messages. Je n'ai plus beaucoup de minutes de forfait, chaque connexion coûte une bonne minute, c'est le processus de connexion, vérification, déconnexion qui est le plus long. Les messages textes passent en quelques secondes, pour peu que nous ayons un bon satellite, ce qui est plus difficile à l'équateur. Nous serions aux pôles, Nord ou Sud, c'est en permanence, les satellites y passent tous, mais ensuite, plus on s'approche de l'équateur, plus leur fréquence de passage s'espace. Alors si le message de Romain arrive avec un peu de retard, c'est de ma faute ...
Alors le pied sur l'accélérateur ? Pas encore tout à fait, mais incontestablement la situation s'améliore. Encore de la grisaille, de la pluie, du près, mais depuis le début de la nuit, ah, ah serait ce en train de changer ? Toujours est t'il que la lune a refait son apparition, avec elle les étoiles, Sirius et Canopus qui brillent de milles feux, quant à Jupiter, elle a du carrément acheter des piles neuves. Avec ce beau temps, enfin une adonnante, alors toujours au près, ce n'est pas encore l'alizé du Sud Est, mais avec un poil d'Est dans ce sud, pour nous ce n'est plus tout à fait du près serré, quelques degrés qui nous suffisent à faire la route et accélérer. 1 ris dans la GV, mode route au pilote, nous visons maintenant directement les Marquises, au 249 à 2 700 milles, à 8 nœuds nous y serions le 18, mais ne rêvons pas, 8 nœuds de moyenne jusqu'aux Marquises je n'y crois pas, le vent va tourner, tomber, reprendre, on verra, le 21 ?
Et à part ça, ben toujours pas grand chose, nous avons quand même aperçu le rocher Darwin, sous une grisaille digne des plus beaux hivers bretons, grisaille et crachin ... Mais les Galápagos s'éloignent et c'est à nouveau le désert. Les oiseaux visiblement ne s'aventurent guère de ce côté des îles. Les lignes restent désespérément muettes, quelques pêcheurs, un cargo en provenance d'Auckland et à destination de Panama, ils ne nous restent plus qu'à espérer qu'avec le beau temps tout cela va s'animer à nouveau, sinon il ne va plus nous rester grand chose à lire. Je ne sais pas trop quand je me reconnecte, une météo dans 2/3 jours et encore, si tout va bien, dans 2/3 jours nous serons sur l'autoroute pour en principe une grosse semaine, alors, alors on verra et d'ici là tout le monde embrasse tout le monde, non Romain aujourd'hui (hier en fait) embrasse quelqu'un de bien particulier, très fort j'en suis sur.

Carmen, le 5 décembre, pos. à 05h 45 TU : 01°22.98 N 95°14.14 W à 2 694 NM des Marquises.

mercredi 3 décembre 2014

Carmen, la volière

Mercredi 3 Novembre

Me revoilà, un peu plus tôt que prévu, je reprend une météo, alors quitte à se connecter ...
Et oui, la météo m'embête. Rien de grave, pas de tempête juste, juste, on se traine. Après les calmes, finalement une séance pot au noir digne de ce nom d'autant plus que les ennuis arrivent plus souvent la nuit. Et pour le coup c'est bien noir. À nouveau rien de bien méchant, mais ça on le dit après, reste qu'en pleine nuit, dans un noir total, des trombes d'eau, le vent qui tourne dans tous les sens, ce n'est pas vraiment "fun". 2 nuits en ciré. Ensuite, du vent, une belle journée qui nous approche du Nord des Galapagos, je commence à faire des plans, alors, l'îlot Darwin, Wolf, plus Sud ? Et bien c'est raté, tôt ce matin, front, bascule et nous voilà vent de le nez. Pendant 3 heures je vais même virer et partir S/SE, ça retourne à nouveau et nous voilà rejeté lentement vers le nord, au 280, c'est pas comme ça qu'on va le toucher l'alizé de SE, mais que faire ? Des conditions un peu musclées, du près (comme d'habitude ?), un ris dans chaque voile, la mer n'est pas trop mauvaise, mais ça tape quand même pas mal. Nous défilons donc beaucoup trop au nord des Galapagos pour espérer voir quoique ce soit des îles. Un peu de vie, un peu quand même oui.
Quelques rorquals au loin, un petit aileron de requin, un nouvel espadon est venu nous arracher un leurre, encore un grand saut et au revoir. 2 daurades ratées, et ouf pour sauver l'honneur et quelques repas une bonite ... Dire qu'avec Curie nous les remettions à l'eau, et en plus je commence à prendre du retard sur les dates de Curie, c'est pas bon ça. Et puisque j'évoque Curie, un petit bonjour à mes équipiers, Jean Charles, Patrick et Guillaume, ceux qui ne sont pas de la partie sur Carmen. Tu te souviens Guillaume, une photo de toi en polaire devant l'îlot Darwin. Et bien nous n'en sommes pas bien loin, 20/25 milles plus au nord, nous ne verrons sans doute pas le caillou. Et c'est le même temps, sauf que Carmen ne fait que 12 mètres, Curie c'était luxe ... Carmen est disons, un peu plus secoué. Sinon, Guillaume j'espère que tu vas bien, on se donne des nouvelles quand je touche terre. Ah et nos oiseaux ? Les hirondelles ne sont pas revenues, nous avons fait dans le lourd. Carmen en porte avions, nous avons eu jusquà 8 fous posés sur le bateau. 6 ont passé la nuit avec nous. Ce ne sont pas des fous de Bassan, un peu loin Bassan ... Des fous au pieds rouges et bec bleu, Dans le même temps la nuit, une escadrille d'un oiseau type pétrel, blanc et noir, spécialiste du calamar, nous escorte et passe la nuit à chasser dans nos feux, amusant, juste un souci, tous ces piafs sont des usines à fiente, le fameux guano ... Il y en a partout, jusqu'aux voiles qui ne sont pas épargnées. Et vous pouvez ajouter à ça, l'encre, l'encre des calamars. Une grosse assiette pleine avant hier, un assiette un peu plus petite cette nuit. Les embruns, nombreux, je vous l'ai dit, ça tape, viennent faire en partie le nettoyage, mais je n'ai qu'une envie que ça cesse, attraper l'alizé, vite ... 3 jours ?
En attendant et comme d'habitude, tout le monde embrasse tout le monde.

Carmen le 3/12 pos à 20h30 TU : 01°54.84 N 91°35.27 W à 2 913 NM des Marquises