dimanche 10 mai 2009

Marquises Express

Dimanche 10 Mai

Enfin, notre syndicaliste courant "Sud" nous a lâché. Je dirai même plus il est devenu plus que coopératif. Le Marquise express, jusqu'à présent ralenti par ce blocage inopiné peut enfin mettre la vapeur. Génois léger ou lourd, grand voile haute, mer quasi plate et de toutes façons, très régulière, la moyenne grimpe, 194 milles de 12h à 12h, dont ... 194 milles sur la route pour 163 milles au loch, mon record absolu, toutes traversées confondues (en Catana 41 évidemment pas sur des engins à 3 coques). La situation devrait se maintenir, météo hyper constante, courant en principe de plus en plus favorable et à part ça, pas grand chose, de l'eau partout ... une baleine aperçue de loin, toujours pas de poissons pour améliorer l'ordinaire, mais la perspective d'arriver aux Marquises assez rapidement maintient le moral de l'équipage. Lecture des guides au programme et préparatifs de la croisière en Polynésie. Nous espérons visiter au moins Hiva oa, Fatu Hiva, Tikeau et Moorea pour une arrivée à Papeete le 10 Juin.
Atterrissage aux Marquises (à 2 200 milles quand même) : à 6 Noeuds le 25, à 7 le 23, au delà cela me parait quand même optimiste (avec le vent qui adonne sur la fin du parcours, nous aurons sans doute du mal à maintenir ces moyennes, sauf à utiliser notre spi ... un spi, quel spi ... juste un rêve).
Voilà, à bientôt et tout le monde embrasse tout le monde.

CM

Pos : 03º29.30'S - 102º26.76'W

La tête dans les étoiles

Samedi 9 Mai

Après ce post édifiant sur la vie du marin, merci Alain, un petit post sur les étoiles, merci Iznogoud ! Malgré une nuit de pleine lune resplendissante, malgré ce ciel d'alizé parfait, ils sont là mes petits soldats qui défilent dans leur bel uniforme gris perle, Jupiter et Vénus sont parfaitement identifiées et je pense donc que ma copine pendant cette traversée c'est bien Vénus. Plus tardive que Jupiter, c'est bien elle qui annonce la fin de la nuit. Hier je l'ai ratée, un ciel de grain, quelques pluies éparses et j'ai beau avoir installé mon couchage dehors, comme le dit Alain, pour surveiller les cadences, je n'ai pas pu résister aux affres du sommeil. Par contre ce matin, pas de problème (tant mieux d'ailleurs, car Tristan de quart lui n'y résiste pas aux affres du sommeil - je crois même que c'est mission impossible). Donc ça y'est, Jupiter, Vénus, Orion et ses 2 étoiles Betelgeuse et Rigel, la croix du sud, la liste s'allonge mais au retour faut que je me renseigne, surtout si je repars. Faut que je trouve ces tables astronomiques, je suis sur qu'Iznogoud à une adresse Web et un instrument d'observation pratique. Je deviens myope, les jumelles du bord (standard loc) ne sont pas réglables, ni polarisantes et le compas de relèvement inutilisable de nuit, en tous cas pour un myope comme moi.
Donc vous l'aurez compris une bien belle nuit, l'alizé fidèle au poste, la magie des mers du sud ... toujours un peu trop de courant, mais il semble diminuer (un petit noeud), j'affine mon estime et comme promis je reviens demain avec une ETA pour les Marquises. Rendez vous avec Lisa, et je l'espère Geneviève et Jean François. Iznogoud, tu n'as pas un Papeete vers 8/10 Juin, retour le 13 ?

Tout le monde embrasse tout le monde

CM

Pos : 02º38.46'S - 099º18.77'W

RAS TVB

Vendredi 8 Mai

Rien à signaler, bon vent, belle mer, toujours ce satané courant dans le nez, toujours pas de poisson malgré les chalutiers que nous apercevons régulièrement, une certaine torpeur s'installe à bord, pour réveiller Alain je lui donne mission d'écrire quelque chose de vraiment intéressant (un truc utile, instructif, je ne sais pas moi, qu'il nous surprenne un peu après ses âneries du passage de la ligne) :

Comment surprendre après avoir dilapidé des trésors d'ingéniosité pour égayer la cérémonie du passage de la ligne ? Dans des domaines aussi variés que la sculpture capillaire, le maquillage, les costumes et surtout leur accessoirisation, je n'ai pas ménagé les efforts, en vain semble-t-il puisque ce spectacle inoubliable et unique n'a pas franchi la barrière de l'impitoyable censure.

Revenons donc à la routine, car à bord tout est routinier : d'abord les 8 x 3 qui ne sont que la variante maritime des 3 x 8 pratiquée à terre, mais en pire, car le patron n'est jamais à moins de 5 mètres du poste de travail et surveille toute diminution des cadences et toute variation de la qualité de la production. Les tolérances sont de 0,3 noeuds pour la vitesse, et 2 degrés pour le cap, au delà on s'expose aux pires châtiments verbaux, et personne ne se risque à tester le chat à neuf queues ou le plongeon de la grand-vergue.

Hormis le quart, qui ne sert à rien puisqu'on est à des milliers de milles de tout, bien au delà du Désert des Tartares, et qu'à raison d'un bateau tous les mille milles carrés les statistiques de collision sont très favorables, que fait le marin ?

Le marin fait tout comme à la maison, mais ici c'est plus pratique : pour les course on va chercher les boissons dans la pointe avant bâbord à 13 mètre et le reste au marché couvert sous le cockpit à un mètre, seul le marché au poisson est très mal desservi.

Sinon vaisselle en dansant la gigue, cuisine en commençant par le plus pourri, pour atteindre progressivement après une longue attente le summun : pâtes au naturel et crème Mont-Blanc. Et puis, et c'est le plus épuisant, puiser de l'eau au seau dans le grand lavoir bleu, et après avoir frotté tordu et étendu, attendre patiemment que le linge salé n'en finisse pas de sécher, ce qui laisse un peu de temps pour ranger sa chambre dont l'ordre doit être méticuleux. Mon couteau dans la poche droite, ma lampe dans la poche gauche, et le reste au milieu. Crème solaire, lunettes et chapeau d'une main, sans oublier, de l'autre, le manuel du parfait équipier dont il faut sans cesse corriger les coquilles, sinon retour par l'alizé d'ouest à la case La Rochelle. (en profiter pour débarquer les poubelles).

Chaque jour pour se détendre il y a atelier bricolage. Hier c'était : menuiserie, (révision du chapitre collage) et plomberie : opération à coeur ouvert de la pompe des eaux grises bâbord pour extraction, d'un corps étranger.

Finalement il reste peu de temps pour lire en raison d'une épidémie de Léthargia équatoria qui sévit de manière endémique, le plus simple est de rêver et penser à ceux qui sont restés à terre, et qu'on ne reverra que dans 34 jours, et leur écrire des lettres poche restante qui arriveront si Dieu veut. (les 3 derniers mots sont juste destinés à énerver le censeur)

Alanus Alnus, roi des aulnes glutineux et autres bétulacées.

NB : pour la prochaine traversée penser à faire greffer une troisième main

Pos : 01º45.89'S - 096º44.52'W