mercredi 21 avril 2010

L’année des méduses

Mercredi 21 Avril

Il faut vraiment que je me creuse le ciboulot pour trouver des histoires à raconter. Comme prévu le vent s'est levé et comme prévu pile dans le nez, après quelques milles au prés à la voile, je craque, rien à faire on n'avance pas, autant mettre à la cape et aller dormir ... mais nous sommes maintenant pressés. Les deux moteurs, 2 200 tours, au delà cela consomme trop et cela tape, la Méditerranée est comme ça, dès que le vent se lève, un petit clapot court, la longueur du bateau entre deux vagues, et bing, et boum, et paf, ça saute, ça tombe, ça cogne de partout, on cherche le meilleur régime, on s'accroche et on patiente. Je refais encore une fois mon calcul, allez cela devrait passer, on devrait pouvoir atteindre Palerme. Un regret, je ne verrai pas les côtes de la Tunisie, l'île de la Galite, une consolation de taille, Palerme, le détroit de Messine et peut être apercevrons nous les Eolienne et l'île de Vulcano : LE volcan. Des histoires j'aimerai bien vous en raconter d'
aussi belle que celle que je viens de lire, ou au moins d'aussi bien écrites. Je viens de finir "L'usage du monde", de Nicolas Bouvier. Il en aura fait des milles ce livre, il avait fait le bonheur de quelques-uns, d'Alain en particulier lors de notre périple vers Tahiti. Il m'aide à supporter les contrariétés de cette croisière jusqu'en Turquie. Ciselé, précis, précis comme une montre suisse. Chaque petite phrase, chaque mot longuement pesé, rien n'est laissé au hasard, l'auteur est bien suisse. Un petit coté moralisateur mais surtout l'essentiel du voyage, le temps, une perception bien particulière du temps. Le temps qui passe et le climat aussi, bloqué par l'hiver comme nous sommes bloqués par le vent debout, le temps et les rencontres. C'est vrai que lors de nos croisières, si nous percevons bien cette dimension du temps, pour les rencontres, elles sont plus rares et souvent brèves, car malheureusement le temps nous est compté. Et puis c'est un livre, il a dû mettre un peu de temps à l'écrire, je me contente d'un journal de bord, et donc, puisque nous sommes encore au moteur, rien à faire de spécial, la veille est maintenant plus relâchée, nous avons, à cause de nos amis militaires, quitté la route des cargos. J'ai donc un peu de temps pour la description du jour, j'ai fait quelques photos, mais je suis sur que cela ne donnera rien, je vais essayer à la façon de Nicolas Bouvier, et les fautes de frappes vous n'aurez qu'à les mettre sur le compte des vagues.

La Méditerranée, une mer fermée, une mer au milieu des terres, une mer dont les espèces endémiques parcours les flots indéfiniment. Parmi ces espèces, il en est une qui n'attire guère la sympathie. Je veux parler des méduses et plus particulièrement d'une d'entre elle. Petite cousine de l'argonaute en anglais Portugese Man O war, comme elle, elle arbore fièrement une voile qui lui permet de parcourir d'impressionnantes distances.

Dernière minute, je viens de prendre une météo. J'arrête donc ma littérature, je vais prendre un grib, il semble que devant nous le vent risque de forcir un peu. Mon dernier grib me donnait du Sud Est à Sud assez fort. Le Sud me permettais d'aller à Palerme assez vite, mes nos amis tunisiens parlent de NE à SE jusqu'à 35 noeuds, ça ne m'arrange pas et de sud jusqu'à 40. Je crois que les 2 jours à venir risque d'être un peu agités, ah et avant de conclure, ce matin, enfin, un petit thon, c'est Alex qui était bien content. Carpaccio, à la tahitienne et mi cuit, il n'en reste déjà plus beaucoup.Tout le monde embrasse tout le monde, à bientôt.

CM

Pos le 21 : 37° 59 89 N - 07° 19 00 E