dimanche 30 novembre 2014

Carmen et les hirondelles

Dimanche 30 Novembre

Et voilà c'est Dimanche, il faut que je donne des nouvelles, 30 Novembre, ça, ça fait drôle d'imaginer les frimas qui doivent maintenant être votre quotidien alors que de notre côté nous cherchons désespérément l'ombre et la fraîcheur.

Alors où en sommes nous ? Le canal, loin derrière maintenant. Une traversée sans histoire, les écluses, faciles, comme toujours content d'en avoir fini sans anicroche. Un moment un peu désagréable, sur le lac Gatun encore une fois. En toute fin de soirée, un gros orage et du vent de sud. Du coup, le lac remuait pas mal, je n'avais pas encore eu ce genre de conditions, accrochés le long de notre bouée, on se faisait bien secouer, un peu peur d'abîmer le bateau. 2/3 heures un peu désagréables et puis ça c'est calmé. Évidemment de la pluie, mais pas de bombardement d'éclairs comme la dernière fois. Deux ou trois, histoire de faire monter la tension, rien de plus.

Les travaux du canal devaient être finis cette année, mais c'est raté, encore une grosse année je crois. Sur le canal lui même plus guère d'activité, encore 2 virages à raboter, mais plus de norias de scrapers, camions. Plus de suceuses, gratteuses, foreuses, que sais je ? Ces dizaines d'engins flottants, divers et variés, de toutes nationalités, qui, il y a encore deux ans encombraient le canal ont disparus. Seuls restent les engins appartenant au canal, ceux qui en assurent l'entretien régulier.

Les nouvelles écluses, elles ne sont pas finies. 2 gigantesques trous, grouillant d'activité, truffés de grues. Échouées à proximité, les portes déjà livrées attendent qu'on veuillent bien les installer. Vous verriez les portes ... Je me demande comment ils ont pu les mettre là et ensuite comment vont t'ils les installer ? La phase finale des travaux, puis la mise en eau risquent d'être un sacré spectacle, alors l'année prochaine ?

Sinon, je dois le dire, une petite déception, question d'ambiance sans doute. Les tarifs du canal et des à côté ont sérieusement augmentés, les visas par exemple, avant 10$, puis 15 et maintenant ... 105. Et on sent un certain malaise, mal être ? Qui n'existait pas auparavant. Les gens qui transitent ne sont plus que des cochons de payants alors qu'il y a encore peu, les panaméens semblaient plus enthousiastes. C'est vrai qu'il y a eu des émeutes récemment, des changements politiques, encore un pays qui perd espoir ?

Revenons au bateau. La météo n'était guère réjouissante, rien de grave, mais elle nous annonçait 5 grosses journées de moteur. Et oui, il nous faut traverser la Zic, le pot au noir, avant d'attraper l'alizé de Sud Est. La météo ne s'était pas trompée, remarquez dans ce coin, ça ne peut être autrement. Mais ne nous plaignons pas trop.

Pour sortir de la baie de Panama, un peu de vent quand même, suffisamment pour que Carmen allonge la foulée, d'autant plus que le courant est de la partie, 2 bon noeuds qui nous droppent assez vite hors de vue des cotes Panaméennes. Ensuite, nous y sommes, le pot au noir, le grand calme. Mais encore une fois, j'ai connu pire, de gros grains, des rafales imprévisibles, des trombes d'eau, là rien de tout ça, juste du beau temps et pas de vent, du coup, moteur, mais c'est assez cool, reste juste à trouver un peu de fraîcheur ... Depuis hier matin, ça se corse un peu, le vent s'est levé, pas très fort, mais de face. Il nous faut encore gagner au sud si on veut sortir de cette mélasse. Un peu de voile de temps en temps et beaucoup de moteur. Je n'ai jamais fait autant de moteur qu'avec ce bateau. Je reprend une météo, les prévisions commencent à dater mais j'espère que d'ici 24heures nous appuierons sur l'accélérateur.

Et puis encore une déception, d'habitude dans ce coin ça grouille, ça grouille de tout, d'oiseaux qui pêchent, de poissons qui sautent, d'orques, de dauphins, de requins, de calamars qui viennent la nuit remplir nos assiettes ... Et là ...

Un petit thazar, sa variation panaméenne, juste suffisant pour un dîner, pas une chasse d'oiseaux, où sont les cormorans, les pélicans, rien. Un espadon est venu nous narguer, regarder nos lignes et repartir. Une daurade, ratée, et un second espadon, celui ci dans le mode big one, il a traversé notre sillage comme une fusée, je l'ai bien vu, attrapé un de nos leur et wwwwhhhiiuuuu, le moulinet presque vide, un grand saut, au moins 2,50m l'animal ... Évidemment le leurre explose, bye, bye .., même pas une bonite, il va nous falloir pêcher, mais reste t'il du poisson ? Un peu sans doute, hier un thonier senneur en train de remonter sa senne, cette nuit, une long Line, tous ses piquets flashants, les derniers pêcheurs pour les derniers poissons ? Un nouveau désert ?

Pas tout à fait, comme dans le Sahara, les hirondelles traversent le désert. Celles ci doivent quitter l'Amérique çentrale en pleine saison des pluies pour la sécheresse des Galapagos. Toujours est t'il que depuis 2 nuits, 4 d'entre elles ont élu domicile à bord. La première nuit, un peu farouches, dispersées sur le bateau, la seconde, les quatres installées dans un petit panier à pain. Au petit jours elles nous quittent, les reverrons nous ce soir ?

A bord, rien de bien nouveau dans cette ambiance torride. Évidemment toujours de bons repas, ils nous reste du frais. De la lecture et des siestes ... Et même si nous scrutons l'horizon dans l'espoir de voir quelque chose bouger, devant cette immobilité, nous regagnons vite un coin d'ombre et de fraîcheur.

Dans quelques jours nous devrions passer au Nord des Galapagos, j'espère un peu plus de spectacle. Et tient peut être la position exacte de l'ilot Darwin ou de l'îlot Wolf ? A priori nous serons trop nord mais pourquoi pas. 4 jours ? Un peu moins si le vent se met de la partie, et il le faut, on se traine, moins de 100 milles par jour, mais Carmen ne consomme pas trop. Si, comme prévu le vent rentre demain, ça devrait le faire, mais sinon nous risquons d'être un peu juste en Gas oil pour atteindre les Marquises. 20 jours, 21 jours ? Et d'ici là je reviendrai sans doute donner des nouvelles en espérant avoir des choses amusantes à vous raconter, du genre journée à 200 milles, pêche miraculeuse, banc de cachalots, où de nouvelles recettes de Romain agrémentant les thons rouges péchés du jour ? D'ici là, bonne fin de Dimanche. Tout le monde embrasse tout le monde.

Carmen. Le 30/11/14 pos. à 16hTU : 04°01.63 N 85°09.61W à 3 318 NM des Marquises

mardi 25 novembre 2014

Le canal

Mardi 25 Novembre

J'ai voulu donner des nouvelles et surtout mettre quelques photos, sans succès, c'est soit le WIFI, soit un souci avec blogspot, du coup je n'ai donné des nouvelles que dans le groupe. Mais ça y est, nous allons passer. Après quelques jours d'attente à Colon, comme d'habitude ...
Départ dans quelques heures, demain dans l'après midi nous serons dans le pacifique. Un passage vers 12/13 heures pour nous, soit 18/19h heure française, dans l'écluse de Miraflores, vous pourriez jeter un coup d'œil, il y a une web cam.
Et la suite ? La météo n'est pas très engageante, la Zic qui était remontée vers le nord pour nous embêter à l'arrivée à Colon est redescendue. La voici installée au sud de Panama, histoire d'à nouveau nous casser les pieds. Au programme donc, pluie, orages, vent contraire, grains, pas de vent et pluie à nouveau. Nous pourrions en avoir pour une bonne semaine, chouette. Tout ça m'inquiète un peu, nous prenons du retard, j'espère que la suite sera plus favorable. Nous risquons d'être juste en Gas Oil et en gaz, je pensai recharger la bouteille, il nous l'ont rapportée hier, vide. Pas de gaz à Colon !!! Va peut être falloir que je change d'agent ...
Des nouvelles ensuite, j'essaierai, mais sans doute pas trop souvent, mon forfait diminue, mais ne vous inquiétez pas, rien de méchant à venir et au moins jusqu'au Marquises, aucun risque.
A bientôt
Tout le monde embrasse tout le monde
Carmen, en attente à Shelter Bay, Colon

mercredi 19 novembre 2014

Carmen en Amérique du Sud

Mercredi 19 Novembre

J'aurai pu donner plus de nouvelles non ? Pour plein de bonnes et de mauvaises raisons je ne l'ai pas fait. Mettons ça sur le manque d'inspiration. Je viens de recevoir un message, il faut donc que je me connecte. Allez, je prend ma plume. En fait c'est surtout pour vous prévenir, prévenir que nous arrivons. Nous sommes à moins de 100 milles des côtes de Panama, 125 à peine de notre destination. Toujours un peu de vent, vent arrière. Devant nous les nuages s'amoncellent. Je crois que nous allons finir avec une belle dépression orageuse et sans doute moins de vent. De la pluie, ça c'est bien possible, pourvu qu'il pleuve un peu moins que la dernière fois. Grosso modo, nous devrions arriver au petit jour pour nous, soit maintenant avec 6 heures de décalage avec la France, vers 12/13 heures pour vous. Les téléphones pourraient sonner plus tôt, 4/5 heures plus tôt, nous pourrions être à portée, maintenant attention, Panama - France c'est très cher.
Et alors cette traversée ? Plutôt pas mal, après effectivement 2/3 jours pas très venté, à la hauteur des Antilles Hollandaise, Bonaire, Curaçao, Aruba, le vent commence à forcir et la mer se lever. C'est souvent comme ça dans ce coin, la mer est souvent grosse, voir très grosse. La lagune de Maracaibo, et après le Venezuela, la Colombie. Punta Gallinas, la pointe extrême nord du continent Sud Américain, nous obliquons un peu plus sud, cap direct vers le Panama, des côtes de Colombie nous ne verrons que les lumières, lumières électriques des orages sur le mont Bolivar à plus de 5 000 mètres d'altitude, des villes côtières, Santa Marta, Barranquilla, Carthagène des Indes. A la hauteur de Barranquilla, l'eau devient marron sur plusieurs dizaine de milles, une bonne demi journée, nous sommes dans les eaux boueuses de la rivière Magdalena. A deux reprises nous allons heurter des troncs, difficiles à voir, la mer est jonchées de débris divers. Et le vent a encore forcit, la mer est maintenant franchement grosse. Nous allons passer un moment, plein vent arrière avec juste le génois lourd et 1 gros ris. Nous aurons fait une bonne partie de la traversée simplement avec nos 2 génois en papillon, parfois assez vite, record du bateau battu, 17,7 noeuds. Avantage d'être au vent arrière avec si peu de toile, et bien si ça mord, on a une bonne chance de réduire assez facilement et de remonter la prise. Et effectivement après 3/4 jours sans, nous avions presque achevé le frais de la Martinique, une première prise, une daurade, pas exceptionnelle, mais bon. L'embêtant c'est que pour Laurence, la daurade, c'est moyen, elle est devenu totalement allergique et n'ose même plus essayer. Du coup commande est passée, un thazard ce serait sympa, un thon aussi. Le thazar, ça c'est fait, un joli coup double, 2 beaux thazars, 7 et 8 kilos, le thon ... Presque, ce matin coup double à nouveau mais on se contente de 2 petites bonites. Nous en avions tant péché avec Curie, ce sont les premières. Ils nous restent quelques heures pour remplir un peu plus le frigo en prévision des quelques jours d'attente à Shelter Bay. Dans ce bout du monde, loin de la ville, un seul resto, pas terrible, terrible. Et Laurence est contente, elle peut manger du poisson, et nous aussi. Il va falloir que je vous laisse, c'est l'heure de préparer l'apéritif et la mayonnaise, c'est le seul truc que je sais faire, on me réclame. Romain va s'occuper du poisson et depuis une heure le carré sent, sent bon, les effluves d'une tarte au poire mitonnée au petit jour avec Amour, le copain de Romain. A demain donc et en attendant tout le monde embrasse tout le monde.

Carmen, le 19/11 à 12h TU : 10°25.29 N 77°47.71 W

jeudi 13 novembre 2014

Carmen, en mer des Caraibes

Jeudi 13 Novembre

Et c'est reparti. Nous voici en mer des Caraïbes. Conditions clémentes, un peu trop, j'aimerai aller un peu plus vite, mais d'un autre côté, c'est tranquille, Laurence et Christophe s'acclimate tranquillement. On ne casse rien et on ne pêche pas plus d'ailleurs ... Nous avons quitté la Martinique dès que Laurence est montée à bord, en fait quelques heures plus tard, je n'avais pu faire la clearance la veille, 11 Novembre ... Et du coup, avec ce long Week end, nous n'avons pas fait tout ce que nous voulions faire et la grande surface n'étaient plus guère approvisionnée quand nous y sommes allés. Du coup le bricolage continue, Christophe et Romain viennent à bout de cette serrure cassée, un grand moment de bricolage ... quelques petites garcettes à remplacer, du cosmétique, mais autant le faire. S'engage maintenant une course poursuite pour être en temps et en heure dans le Pacifique, je crois que ça va m'occuper. Ah et puis j'oubliais, nous avons croisé, par hasard Corinne et Samuel au Marin. Nous les avions rencontré il y a 5 ans quand nous poirontions aux Sables d'olones, un Lagoon 400, puis revus quelques mois plus tard aux Canaries. Boulangers, ils avaient vendus et préparaient un grand voyage avec leur 2 enfants, et voilà, ça c'est fait ... Le Sénégal, le Brésil, la remontée des Antilles, petites et grandes, les Bahamas, les USA. Retour au Marin, les enfants ont grandi, collège et bientôt le lycée. Corinne et Sam étudient la question, mais j'ai comme le sentiment que la prochaine fois que j'irai au Marin, je mangerai du bon pain. Tout le monde embrasse tout le monde

Carmen, le 13/11 à 16h05 TU : 13°58.11 N 63°37.09 W à 1 000 NM de Colon.

jeudi 6 novembre 2014

Carmen, petit retard

Jeudi 6 Novembre

Depuis le temps que je vous disais que nous pourrions arriver le 6, et bien non. En fait nous aurions pu, mais ... Mais le sort et ... Le capitaine en ont décidé autrement.
En fait nous ne pouvions arriver qu'en début de soirée, et pas de place pour nous avant demain matin à la marina, donc déjà ...
Ensuite : A force de parler de cousins du lièvre, rien à faire les 2 terriens n'ont que ce mot à la bouche, alors du coup, c'est à croire que ce bateau est marabouté ; déjà on ne pêche plus, les lignes sont totalement silencieuses, pas la moindre touche, rien de rien. Mais ça, passe encore, mais depuis mon dernier message ou pourtant je croisais les doigts et bien tout se dévisse sur ce bateau.
Pour commencer un moteur qui ratatouille, on resserre les colliers du circuit de Gas Oil, une petite purge et ça repart.
Ensuite la barre qui couinent de plus en plus et qui durcit, pareil, un quart de tour, ressérage général, un peu d'huile partout et c'est bon.
Plus embêtant mais heureusement sans dégât, la manille de têtière du Génois léger lâche, cassée ou desserrée ? Desserrée probablement mais pourtant elle avait un collier. Du coup, ziiiip, en une seconde le génois est dans l'eau. Évidemment nous, plein vent arrière, on passe dessus. Pas de dégât, mais le génois a "bleui", notre antifouling est bleu. Et puis, si prêt du but, je n'ai pas le courage de remonter dans le mat descendre le tambour qui évidemment est resté en haut. Du coup, nous descendons tranquillement sous génois lourd à une allure de sénateur.
D'un autre côté ce n'est pas plus mal. Depuis que nous avons attrapé l'alizé, le plus gros nuage n'avait guère déchaîné de tempête, pas plus de 24 noeuds, mais depuis ce matin les grains se succèdent, par trois fois déjà, plus de 35 noeuds, donc ma décision est prise, tranquille jusqu'au marin.
Évidemment ce sera le dernier message de cette transat, la suite dans la mer des Caraibes. Nous risquons de partir un peu plus tard que prévu, le 11 ou le 12 au matin, mais d'ici là, le téléphone pourrait sonner, nous serons à portée en fin de nuit pour nous, 5 heures de décalage, 10/12 heures en France.
Tout le monde embrasse tout le monde
Carmen à 60 milles de la Martinique.

mardi 4 novembre 2014

Carmen, un petit slow

Mardi 4 Novembre

Slow down, cette fois ci nous avons bien ralenti. Le vent, l'alizé ... Évanescent, et le courant ... Contraire, on a jamais vu ça dans ce coin. Bon, rien de grave, mais nous allons être un peu en retard. Si nous arrivons le 6 ce sera tard le soir, trop tard pour oser téléphoner en Europe, on va vous réveiller ... Rien de grave disais-je, je touche quand même du bois, mais depuis que nous avons attrapé ce vent au large de la Mauritanie, c'est la ballade, je crois que je n'ai jamais fait une transat aussi cool. Pourvu que ça dure ... Bien que, on s'ennuierait presque. Plus pêché un poisson depuis des jours, le frigo se vide. La mer est vide, étonnamment vide, des sargasses mais à part ça, quelques poissons volants, quelques oiseaux, des phaétons nous ont accompagné sur presque toute la traversée, pas une méduse, argonautes ou autres, pas de bateau non plus, le grand désert. Alors ça joue au cartes, aux dés et moi je bouquine. Je vous laisse, il est bientôt l'heure du dîner, Raviolis ? Tout le monde embrasse tout le monde, à très bientôt

Carmen, à 315 milles de la Martinique