mercredi 13 novembre 2013

Guéguerre

Mercredi 13 Novembre

Il faut que je reprenne une météo. Les gribs que j'ai pu prendre à Almerimar sont à la rue, tout faux depuis Gibraltar. Alors une occasion de donner des nouvelles. Et là, je vous le promet, il me faut de l'imagination, et l'envie de raconter quelque chose, la route, ce n'est pas que je commence à la connaître mais en plus ... En plus, il nous a fallu résister à la tentation de tourner à gauche à Gibraltar et c'était dur, je vous raconterai. Et puis, là je ne me plains pas, depuis Almerimar, du gâteau, beau temps belle mer ... Alors qu'est ce que je vais pouvoir inventer. Une histoire de pêche, raté, ce matin, cool, allez je vais un peu dormir dans ma cabine, je n'y suis guère, 11h15, allez une bonne heure me fera du bien, en fait je ronfle pendant 2 heures et quand je me réveille, Romain : "On a raté un poisson" "non" "si"'et dire que dans une autre vie il a été pêcheur ... Et pour une fois que j'étais dans ma cabine ...
Une autre petite histoire. Nous sommes partis de Port Pin Roland, une semaine après "Chablis" un Catana 42 qui devait lui aussi aller à Nouméa. En passant devant la baie d'Algeciras, j'aperçois 2 catas qui sortent de Gibraltar. Aucun doute le premier est un catana 42, le second un Lagoon 620. Un coup de téléphone, (ça ne répond pas en VHF) : "c'est toi Etienne, qui sort de Gib ?" "Oui, mais t'es où ? " "là, juste devant" du coup nous roulons les génois, on attend un peu. On discute un peu et c'est reparti, pas trop de vent, vent arrière, les 2 génois en papillon et la GV, tout dessus, tranquilles. Tranquilles, pas tant que ça d'ailleurs, Gib, c'est Gib, courant contre, nous approchons de Tarifa et petit à petit le vent se lève, doucement, de moins en moins doucement, 20, 25 nœuds, 30 nœuds et tout est en l'air, le Lagoon est venu jouer avec nous, il craque le premier, 2 ris, trinquette. Etienne maintenant lojn derrière abandonne à son tour ... Je ne l'ai pas vu remettre grand chose , J'espère qu'il n'a rien cassé .., et nous passé Tarifa, doublement les b ... Nous les voyons tous les deux partir sur la panne bâbord cap au sud, Etienne va à St Martin et le Lagoon au Brésil, et seuls nous continuons tribord vers le nord .... Grrrrrr ... Sinon, c'est vrai, me demande comment Etienne a fait, parti une semaine avant nous, 5 jours après notre départ, il est déjà derrière. C'est vrai qu'avec la petit démonstration à Gib, je me suis un peu amusé, et puis il y avait ce Lagoon, un 620, 5 mètres de plus que nous, un truc à vérifier, et moi, c'était pas Rafale, mais un 47 quand même. C'est vrai, il s'est accroché, un peu ... Au moteur ? non je ne crois pas ... Et à la fin, c'est Christophe qui gagne, c'est pas moi qui le dit, c'est Romain ...
Bon, je me vante, je me vante, et j'allais oublier l'histoire du jour, "guéguerre", ça veut dire quoi ce titre. Et bien si le ridicule tuait encore, je crois qu'il y aurait pas mal de morts (moi évidemment, mais ajoutez y quelques anglais et une pincée d'espagnols).
Vous connaissez tous, en gros, l'histoire de Gibraltar, ce caillou anglais tout au bout de l'Espagne. J'avais raté un épisode pendant ma dernière transat. Bruno me raconte que cela avait un peu chauffé entre Anglais et Espagnols cet été, à cause d'une digue, je vous passe les détails que je ne connais pas. Le résultat : un navire de guerre espagnol tourne maintenant en permanence autour du caillou et toutes les 4 heures s'approche "un peu trop". Pas facile à dire mais il doit connaître les limites exactes des "British territorial Waters". Au milieu de ce fouillis de bateaux qu'est le détroit, c'est assez surréaliste de voir ce petit jeu. En face une vedette rapide anglaise, dès qu'il franchit la dite limite (sans doute à 500 mètres pas plus, de la côte) se précipite. S'en suit un long baratin à la radio, je vous en passe les détails en anglais, en gros ça donne, "Vous avez franchit les limites. Faites nous part immédiatement de vos intentions ... Cela relève d'une violation de l'article 19 des Nations Unies, votre action sera rapportée etc etc ... Bla, bla, bla ..." Les espagnols ne répondent pas, continuent leur chemin, et reviennent 3/4 heures plus tard. Quelques pêcheurs et "supporters" locaux (en maillots du Barça ... ) agonisent les anglais de noms d'oiseaux divers. Et les anglais quant à eux se font fort de scrupuleusement respecter les règles, ils accueillent entre autre un gros paquebot, "Cristal serinity", avec moultes politesses, trop content sans doute d'avoir tant de témoins, "Welcome in the bristish territorial waters, enjoy your stay in Gibraltar ... " l'Europe est mal barrée ... Très mal, le tout avec nos impôts et devant des milliers de spectateurs du monde entier, (russes, américains, arabes, chinois, coréens) qui doivent bien rigoler. Je n'ai pas vraiment rigolé, d'autant plus que quelques minutes plus tard et j'allais dire comme d'habitude à Gibraltar, un nouveau "PAN-PAN", 10 personnes dans un zodiac ont disparu. Lampedusa, c'est aussi Gibraltar et pendant ce temps, l'Europe joue à la guéguerre et nous payons nos impôts.
Allez zut, je vais prendre ma météo, si ce vent d'Est se maintient, beau temps et moteur. Après Gib il est un peu tombé le vent, calme plat, mais au moins au moteur nous avançons, une escale ravitaillement à Cascais. Si la météo est bonne je ne m'arrête pas longtemps, mais il y avait une possibilité de fort vent de Nord. Si c'est le cas, peut être une pause un peu plus longue. On verra. Le Cap St Vincent dans la soirée, Cascais en fin de matinée, dans ces eaux ... Ça dépend du vent ... Tout le monde embrasse tout le monde.