vendredi 14 février 2014

Mindelo

Ça y est nous voici à Mindelo, les îles de Cap Vert, plus précisément sur Sao Vicente, Mindelo, la capitale "culturelle" de l'archipel, la patrie de l'idole, Cesaria Evoria ...

 

Nous, Laurence arrivée Mercredi, Alain, Romain et moi, arrivée Lundi dernier. Au départ nous espérions partir Jeudi, le bateau juste près, mais c'était faisable. Encore une fois c'est la météo qui en décide autrement, un gros renforcement du vent prévu pour ce Week End, 30 nœuds grib sur toute la zone, 5 mètres de creux. Alors Alayat est un gros bateau (un Bordeaux 60), mais vent de face, au minimum 850 milles d'ici aux Canaries, voir 600 de plus pour atteindre Gibraltar (nous allons à Hyères), c'est un peu beaucoup. D'autant plus que le bateau avait besoin d'un bon rangement, d'un gros nettoyage et d'un peu de préparation, il me faut aussi réapprendre à le connaître car dès le départ nous allons être dans le vif du sujet, un peu maltraités sans doute. Les rangements, j'ai du mal, je ne sais encore où nous allons caler notre frais, les défenses, les amarres ... Le nettoyage, allez, j'entre dans les détails, le four à fond ... Encore une odeur dans les fonds dont on ne débarrasse pas facilement mais j'ai connu pire. La préparation, je ne sais plus quoi faire, un peu embêté par le Solent, superbe voile North en tissu "sophistiqué", le souci, avec le soleil, ça commence a bien se délaminer, on ne va pas forcer ...

 

Je cause, je cause. Évidement nous avons le temps, d'ici à Lundi. Le coup de vent doit commencer cette nuit et diminuer Dimanche avec ensuite une bascule plus à l'est qui devrait nous permettre de remonter quasiment plein nord à la voile. Il nous faut "inventer" environ 400 milles à la voile, on ne peut pas tout faire au moteur.

 

Et le Cap Vert dans tout ça. Pour l'instant nous n'en avons pas vu grand chose. Vu d'avion, un désert minéral. De l'aéroport à Mindelo, 10 kilomètre, confirmation, un désert minéral ... À peine quelques acacias abrités du vent dans les vallons les plus profonds. Mindelo, malgré cette sécheresse, malgré certainement une pauvreté difficile à imaginer, malgré ce vent permanent qui souffle la poussière dans chaque recoin, et bien malgré tout on pourrait presque parler d'une ville pimpante, ce n'est pas forcément le bon terme, mais on sent que la ville est assez fière et fait des efforts, de jolies maisons bien peintes côtoient quelques ruines mais pas si nombreuses que ça, les gens sont agréables et vraiment j'ai connu de nombreuses villes largement plus tristes. Les marchés, pas facile de trouver quelque chose, quelques pommes de terres, carottes, de rares salades, la viande ? Et évidemment le tarif touriste ... Plus cher qu'à Paris, j'exagère à peine ... Le marché au poisson ? Il y en a un, en face, un seul et unique bateau de pêche et sur les étals, des poissons volants et quelques petites bonites qui se battent en duel ... Et cette poussière, hier en fin d'après midi, à peine 200 mètres de visibilité, le ferry est entré dans le port tout feux allumés. Il n'était pas seul, pas mal de voiliers se sont rentrès, sans doute en prévision du coup de vent. Je vous ai presque tout dit non ? Ah non, une spécialité Cap Verdienne, abordable au restaurant : la langouste. Alors quand même nous nous sommes fait plaisir, je confirme, c'est pas mal, de là à vous conseiller d'aller prendre des vacances au Cap vert, n'exagérons rien ... En tout cas cela a mis Alain en verve et nous allons peut être reprendre nos habitudes, je lui laisse donc la plume, pour quelques âneries dont il a le secret :

3 hommes sur un bateau" par J.K.Jerôme

(Traduction du barde bien connu des latiniste Alanus Alnus)Hier soir à Mindelo, au sortir du resto

3 hommes furent assaillis par des dames à saillir
Avides de nos euros qui valent 110 escudos
De leurs cales à bobos repoussant les assauts
Nous rentrâmes à bord briquer celles du bateau
Car chacun sait qu'il faut gratter le fond de sa quille
Avec le fer de l'herminette, jusqu'à ce que ça brille

Et du bateau couvert de poudre de lave
Enfin faire la toilette avant de le bénir
Un travail de Romain pour le pauvre marin
Qui le pont d'Alayat soigneusement balaya.

Par un vent consternant, coincé au Cap marron
Nous tuâme le temps sous le vent du volcan
Des paquets de farine exterminant les charençons
Et le cuissot de "chevreuil" soigneusement désossant

À l'excellent Weather4D, montrant fort vent dans le nez
Préfèrerions Wizard4D pour faire le vent tourner.

Signé : le barde de l'Art ...

Sur ces bonnes paroles, je vous laisse, d'ici Dimanche ça pourrait être pire ... Alayat, un navire au port ... Tout le monde embrasse tout le monde.

Quelques photos, merci Laurence