Non, ce n'est pas du tour de France dont il s'agit, mais bien du détour que nous sommes obligés de faire. Plus nous descendons au sud, plus la dépression annoncée choisit d'en faire autant. Je dois dire que je commence à en avoir un peu ras le bol de ce petit jeu. D'autant plus qu'il n'y a maintenant plus de vent et que cette nuit un méchant clapot s'est levé du Sud Est qui ralentit notre route. Route au moteur bien évidemment et c'est cela qui m'inquiète, on ne se rapproche pas de la Martinique (130 milles au 250 ces dernières 24h, mais seulement 99 sur la route) et nos réserves de fuel commence à baisser sérieusement. J'attend avec impatience les nouvelles analyses de Sylvie et un grib, mais il ne faudrait pas que cette dépression descende encore beaucoup plus. Je pense qu'on passera devant, mais ensuite pour aller en Martinique, si le vent tombe, ça va être long. Dire que j'avais proposé à Jean d'étudier une possibilité de ravitaillement dans ce coin de l'Atlantique, au li
eu de ça il va s'occuper de l'océan Indien, le traitre ... Un dernier chiffre, des Canaries à la Martinique, il y a 2 680 milles, nous venons donc de passer la moitié théorique : 1 340, avec toute cette route vers le Sud, cette première moitié a été bien longue et si je multiplie par 2 : 24 jours, c'est pas bien vite pour une transat. Des nouvelles de l'équipage, il fait chaud, très chaud, la torpeur des tropiques frappe de plus en plus fort, la sieste prend le pas sur toutes les autres occupations ... J'exagère à peine, le moral quant à lui semble aller, ils ne me disent pas tout ces petits ... et peut être cette fameuse critique littéraire pour demain. Le pompon c'est vraiment pour Lola qui après les mémoires d'outre tombe vient d'attaquer les Frères Karamazov ... En tout cas je suis sur d'une chose : tout le monde embrasse tout le monde.
CM
Pos à 12 h : 13° 12 28 N - 38°02 82 W à 1 336 nm de la Martinique.
