dimanche 27 septembre 2015

Le Titien, le silence de la mer

Dimanche 27 Septembre

C'est Dimanche, il faut que je m'y mette, il me faut rompre ce silence qui nous caractérise depuis le début de la traversée. À tout le moins, donner quelques nouvelles à ceux qui pourraient s'inquiéter. Je vous rassure tout de suite, tout va bien, pas de souci à se faire, une météo pareille, c'est du velours.
Après une longue, trop longue attente à La Rochelle, Lola et Pierre Louis qui ne peuvent plus se joindre à nous, nous méritions bien ça non ? J'apprécie quand même et je touche du bois, sans doute la traversée la plus sereine que je n'ai jamais eu, pourvu que ça dure.
Du coup, pas de grosses vagues, pas de nuages noirs, pas de trombe d'eau, rien d'exceptionnel à raconter.
Des ennuis techniques, ça vous intéresse ? Essentiellement des soucis de lattes, trop courtes elles sautent de leurs boîtiers, boîtiers qui sont eux trop petits. Très vite, malgré ces conditions de jeunes filles, nous sommes obligés d'enlever les 2 plus grandes et ensuite, les boîtiers valdinguants nous commençons à perdre des pièces, la plus notable : une grosse vis avec une tête bizarre. Renseignements pris, le fabricant du mat nous assure qu'elle ne vient pas du mât, elle est tombée du ciel ? En fait non, elle vient de la voile, d'un des boîtiers de latte justement.
Du coup escale "quincaillerie" à Vigo. Nous ne trouvons malheureusement pas de latte, je décide donc que la prochaine escale sera Las Palmas et non Madère. D'abord parce que "Delacroix" qui nous escortait ne s'arrête pas à Vigo, il s'arrêtera à Cascais pour au moins 2 jours, je n'ai plus de nouvelles. Ensuite parce qu'à Las Palmas avec l'Arc à venir, le ship est en général bien approvisionné, et ça laisse un peu de temps à Guy pour me faire parvenir une latte au cas où. Enfin, autant profiter au maximum de cette météo, sachant qu'après ça pourrait se compliquer, le vent tombe dans la zone de Madère et s'inverse ensuite, plus je suis sud, mieux c'est (j'espère ne pas me tromper).
Donc Vigo très vite, Frederique en charge de la quincaillerie, cela lui fait faire son footing matinal, reviens avec tout ce qu'il nous faut pour remettre de l'ordre. J'improvise une réparation en rallongeant les lattes avec des bouchons de pinard. Tout est remonté, le moteur révisé avec en plus un update du firmware du moteur, ça c'est sans doute parce que j'ai 2 informaticiens à bord ... Ça m'inquiète un peu ce genre de truc, mais d'ici à Las Palmas nous aurons le temps de débugger !
C'est d'ailleurs ce que nous faisons. L'hélice par exemple qui se bloquait sans problème moteur arrêté ne se bloque plus, après plusieurs essais, et je ne sais pas pourquoi elle se rebloque. Bon depuis je n'ai pas redémarré le moteur comment ça va se passer ?
Le pilote, de plus en plus de bruit, insupportable dans la cabine, de plus en plus de zigzags, en fait complètement dévissé, ça bringuebale de partout. A 4 pattes au fond du coffre, un bon serrage et c'est reparti.
Une fuite d'eau douce, je n'ai pas encore trouv, quoi d'autre ? 2 bols cassés, de la farine qui se répond, la cafetière qui valdingue, un barber par çi, une retenue par là, comme tout bon monocoque, le temps de trouver les bons rangements, les bons réglages.
Et l'équipage dans tout ça, et bien un petit debuggage le premier jour pour 2 d'entre eux, vite oublié. Diane qui s'inquiétait de ne plus voir la côte, non seulement n'a plus d'inquiétude, mais je me demande si elle a envie de la revoir ... Olivier, à fond, la nouvelle version de W4D est déjà quasiment prête, j'exagère à peine, mais je pense que vous aurez le droit à une version test dans 2/3 jours et là, surprise !!! Au vue de cette nouvelle version dont j'ai l'exclusivité, associée à IOS 9 et le le multitâche, ça me donne des envies. Idem pour le Go, Olivier fait ses tests et récupère sans coup férir des fichiers de 200 K, mes mails passent à la vitesse de l'éclair, disons que pour le téléphone ce n'est peu être pas beaucoup mieux, enfin entre le Go et l'IPad Pro, je n'ai plus qu'à faire 5, 6 transats ? Frederique a plus de mal, plus de mal avec le boulot, comprenez moi bien, non parce que sinon question moral et surtout appétit, beau fixe. Va d'ailleurs falloir revoir la liste des courses à Las Palmas, quel appétit !
Transition facile vers la pêche, nous avons péché, un peu, sans ça nous serions, Frederique en tout cas, morts de faim, un petit thon (germon), une bonite et, surtout, qui a tout cassé, un superbe espadon, sans doute le plus gros que je n'ai jamais accroché. 3 grands sauts qui nous laissent le temps de l'admirer et au revoir, un bas de ligne foutu, je m'en tire à bon compte, mais quel spectacle. Une belle baleine dans le golfe de Gascogne, les dauphins, la pleine lune et nous continuons notre promenade. Très vite vous aurez de nos nouvelles, Mardi soir, disons dans la nuit de mardi à mercredi, nous devrions atteindre Las Palmas. Je vous dit donc à très bientôt.
Tout le monde embrasse tout le monde.

Le Titien, le 27/9/2015 à 11h TU : 32°59.19 N 11°45.78 W à 350 NM de Las Palmas, route au 200° Babord, vent au 30, 15 kn, SOG 5,5/6 kn

PS : dernière minute : une petite bonite de plus qui va venir accompagner la salade prévue ce midi. Bon appétit.

lundi 21 septembre 2015

Le Titien, Escale envisagée

Le Titien, Lundi 21 Septembre

J'allais le dire, c'est une habitude, l'escale de Vigo. Elle n'était pas au programme, mais nous risquons bien de nous y arrêter.
Un bateau tout neuf que je ne connais pas, et bien il nous fallait bien quelques soucis.
Et ce n'est guère le temps qui en a décidé ainsi. En effet question météo, pas de souci. Conforme au prévision, le temps a été plutôt clément. Et conformément au prévision nous nous sommes retrouvés pendant un moment au grand portant dans 12/15 nœuds de vent. Réglage d'une retenue, d'une écoute supplémentaire de foc pour mieux le déborder. Après quelques tâtonnements on arrive à quelque chose de pas mal, mais, mais la mer n'est jamais, malheureusement, totalement plate, du coup la voile de temps en temps claque, bat.
Rien de bien grave normalement, mais pour nous ça se gâte, une première fois une latte, la grande du bas saute, zut, rien de cassé, mais en la remontant nous constatons que 1 la latte est un peu courte et 2, les boîtiers bien petits, je me demande si ça va bien tenir et la réponse est non. Vous vous en seriez douté, sinon pourquoi s'arrêter. Un deuxième claquement et la les 2 plus grandes lattes sautent, ça ne peux pas tenir, et en plus ce coup ci le temps d'affaler la voile, nous perdons un axe de chariot, même plus moyen d'attacher la voile au niveau de la première latte. Cet axe tiens avec un simple pointeau, ou disons plutôt ne tiens pas. Nous prévenons Delacroix, l'autre 560 avec lequel nous naviguons de conserve. Philippe, son skipper, du coup vérifie son système, il retrouve 3 vis pointeau sur son pont. Ses lattes ont tenue, sans doute un peu plus grande que les nôtres.
De mon côté, je crois que je vais m'arrêter. Il me faut remplacer cet axe et trouver un moyen d'allonger ces lattes, sans doute des embouts, je verrai. En attendant, moteur, moteur et moteur, une raison de plus pour s'arrêter, refaire le plein et la révision des 50 heures. Un dernier obstacle, nous atterrissons au nord de l'Espagne et le vent s'établit de face, une grosse demi journée, il nous faut passer la pointe NW, ensuite c'est du portant. Du coup notre programme est un peu chamboulé, combien de temps à Vigo, une traversée directe ensuite, Madère, les Canaries. Je pense que je m'arrêterai à nouveau et ce sera peut être les Canaries, nous ne disposons pas d'une très grande autonomie Gas Oil, le bateau avec son petit foc ne va pas bien vite au portant, avant de traverser je préfère être "gavé". Reste à savoir où sera la dépression annoncée il y a quelques jours et qui devait se trouver en plein milieu de l'Atlantique dans une petite semaine.
Philippe ne s'arrêtera sans doute pas à Vigo, il a pu faire plus de voile que nous, n'a rien perdu et conserve donc le programme initial, à savoir Madère puis la traversée, moi je n'ose affronter le vent soutenu prévu jusqu'à Madère sans réparer. C'est pas très fort, en fait les conditions idéales, mais même dans ces conditions idéales, ces lattes sautent, avec le risque de déchirer la voile, je n'y tiens pas.
Et sinon, quoi d'autre. Et bien tout va bien, il fait beau, tout le monde a pris le rythme, moi, j'ai pris un thon, des baleines, des dauphins. Sans ces ennuis ce n'aurait été que du bonheur. Vous allez sans doute avoir des nouvelles très vite, nous touchons les cotes, donc à portée téléphonique. Et puis si nous nous arrêtons ce sera demain. Alors tout le monde embrasse tout le monde et sans doute a bientôt au téléphone.
Le Titien 43°57.03 N 07°33.36 W le 21 à 08h00 TU

samedi 19 septembre 2015

Le Titien, un navire en mer

Samedi 19 Septembre 2015

Et voilà, ça c'est fait. Enfin ? Je crois que nous pouvons le dire, presque une semaine à attendre. Un départ dans des conditions plus que clémentes, le temps que tout le monde s'adapte, je profite de la 4G une dernière fois, mais j'espère revenir assez vite pour vous donner plus de détails. Et en attendant, reprenons les bonnes habitudes, tout le monde embrasse tout le monde.

Le Titien à 3 805 NM de Tortola