jeudi 27 décembre 2012

Curie, fin des émissions

Jeudi 27 Décembre

Et oui, tout à une fin, même les plus beaux voyages. Nous sommes partis un peu plus vite que prévu de Tikehau. Jean François n'a pas pu venir, plus de place dans les avions en cette période de fête, du coup, pas de Mantas, pas de sables roses et pas de pêche dans les Oahs, une prochaine fois, peut être (pas évident quand même, ça fait une trotte ...). Donc après notre Noël en mer et un petit cadeau du père Noël (enfin un thazard, comme ça Guillaume et Romain savent ce que c'est et y ont gouté), nous sommes restés dans le mouillage de Teonai. Remarquez ça pourrait être pire ... Je pense que je vais faire un guide des plus mauvais mouillages, je le mettrai en premier et je le déconseillerai très fortement, histoire d'être bien certain que personne n'y aille ... Il y avait quand même 2 bateaux quand nous sommes arrivés, un scandale ... Et puis en guise de Mantas nous avons eu quelques visiteurs, quand je dis quelques ... Une bande de requins, requins tout jaunes, j'ai cru que c'était des citrons (logique non ?), mais il parait que c'était des pointes noires, du coup moment d'hésitation avant de se baigner ... Bon au final un moment très dur ... Guillaume est d'ailleurs complètement fiu, depuis que je lui expliqué ce que c'était, il a décidé de s'y mettre ... Départ au petit matin, j'espère arriver demain matin à Moorea, nous y passerons une dernière journée, une nuit et ensuite Papeete, le quai des douanes, la fin du voyage. Les portables vont reprendre le pouvoir et c'est donc le dernier message de Curie. Une dernière fois tout le monde embrasse tout le monde et à très bientôt.

lundi 24 décembre 2012

Noël

Lundi 24 Décembre

C'est bien parce que c'est vous, et parce que c'est Noël, sans ça, pas sûr que je me serai donné la peine d'écrire quelque chose. Le capitaine est morose ... Pour ne pas dire d'humeur massacrante ... Et pourquoi donc ? Une si belle journée. Une si belle journée, tu parles, la version Technicolor, je veux bien, mais là nous sommes passés à la version noir et blanc, sans le blanc, la neige dans le coin ... Par contre pour le noir nous sommes servis, une nuit noir sous les grains et le jour, pareil ... Noir, d'énormes nuages d'encre, qui rasent l'horizon laissant juste la place au rideau de pluie. Moi qui voulait du beau temps, ça commence mal. En plus, à part sous les grains (30 nœuds), plus de vent, bon on va pêcher me direz vous. De la bonite, ça oui, Guillaume craque : "remet là à l'eau". Pour l'espadon et bien ce sera "revenez en deuxième semaine". Et pourtant j'y ai cru, juste derrière le bateau, un bel aileron, "regardez" - j'en suis sûr, ça va prendre, j'avais déjà mis les gants, préparé l'enrouleur de génois, wwwiiiiiiiizzzzzz, c'est parti, Guillaume au moulinet qui met la main sans gant, "non", ouf il n'y a pas touché. J'essaye d'arrêter la bête, Patrick et Jean Charles roulent les génois, le fil part à toute vitesse, le moulinet fume, ça sent le brûlé, trop tard, tout le fil est parti, plac, cassé ... Guillaume "oh P ... j'ai jamais vu ça ... avec mes truites", il a même fait la photo du moulinet encore fumant. Dommage, ça aurait fait un beau cadeau de Noël pour Romain particulièrement ... Et pour ajouter à ma mauvaise humeur, je vous explique : Tikehau. C'est un atoll, à l'entrée, juste après la passe peut être le plus beau mouillage de Polynésie, indescriptible, 2 motus, entre les 2 un beau Oah, une petite barrière en fer à cheval qui retient le sable, une petite maison sur pilotis, des pièges à poissons, c'est splendide, on peut passer des heures dans l'eau aussi bien que sur les motus et leurs plages. Mais ce n'est pas tout, le GO a prévu de passer un moment à ce mouillage, mais ensuite nous allons retrouver Jean François qui va nous emmener sur un autre motu. Plage de sable rose, un autre Oah, pêche au programme pour le repas, puis une visite un peu plus loin, un petit îlot, encore une barrière de corail et un trou et dans ce trou, des Mantas. "Mais t'es sûr qu'il y en a ?" "Christophe, elles habitent là ... " Joli programme non, de quoi il se plaint le capitaine ... Et bien juste d'une otite, une otite carabinée depuis hier soir ... Donc, la baignade c'est ratée, Tikehau sans baignade ... Me faites pas ch ... Sinon c'est Papeete direct et le premier avion pour la France ... Allez, j'exagère un peu. Laurent m'a donné tous ce qu'il faut, ça risque de ne pas faire bon ménage avec le champagne de ce soir, je vais être raisonnable, mais après tout ce temps, je vais me forcer, j'espère qu'ils apprécieront le cadeau (en fait je n'en doute pas) et puis nous avons encore deux journées pour que le temps s'améliore, pour prendre un beau poisson et pour soigner mon otite. La journée aussi pour préparer le réveillon, vous c'est maintenant, du coup toute l'équipe et moi même vous souhaitons un joyeux Noël, et évidemment tout le monde embrasse tout le monde.

Curie, le 24/12 : 13°08.31S 144°57.31W à 219 milles de Tikehau.

samedi 22 décembre 2012

Marquises

Du 19 au 22 Décembre

Et voilà, ça ... C'est fait ... Un bref séjour aux Marquises et nous voici à nouveau sur l'eau, destination Tikehau, un atoll des Tuamotus à l'ouest de Rangiroa. Jean François nous y attend. Mais revenons à nos moutons, les Marquises. Remarquez ce n'est peut être pas très utile que je vous en parle. Les Marquises furent en effet l'occasion d'une séance WIFI un peu épique. Le pompon revenant à Patrick qui a du payer 4 fois sans pouvoir envoyer le moindre mail, et pourtant je vous l'assure il en avait préparés. Mais Guillaume a pu me faire survoler le blog de Capitaine H, parfait je n'ai plus rien à dire ... D'autant plus que les portables eux aussi ont fonctionné, du moins pour certains d'entre eux. Mais vous pourriez préférer la version du capitaine, car il ne faut pas l'oublier, à bord (et nous sommes bien sur un bateau non ?), règle n°1 le capitaine a toujours raison, et règle n°2 quand le capitaine a tord, appliquez la règle n°1 ... Ça c'est dit ... Et Guillaume l'a bien compris. Et puis quoi, nous y sommes, c'est pas vous qui, écrasés de chaleur n'arrivez plus à dormir, c'est pas vous qui, ayant oublié la crème solaire, souffrez d'horribles brûlures, que sais je encore ? Sans parler de grossières erreurs, Guillaume n'a peut être pas bien retransmis notre périple, nous n'allons pas à Nuku Hiva et Capitaine H semble obnubilé par les langoustes : raté. Il y a sûrement quelques langoustes en Polynésie et aux Marquises, mais ce n'est absolument pas "typique", donc éventuellement ajouter à la liste de Noël, dîner en tête à tête devant un plat de langoustes, mais pas en Polynésie, à Cuba par exemple ... Remarquez il y a deux trois trucs que vous ne pourrez pas goûter ailleurs, et là Capitaine H est coincé. Le plus évident, c'est le pamplemousse. Depuis le départ, je leur en parle, du pamplemousse des Marquises, tout le monde, sauf Laurence qui connait, m'écoutait poliment. Arrivé à Atuona, le premier pamplemousse, évidemment je me précipite, épluchage et distribution, et ... Ils vous raconterons. Aux Tuamotus il y a un truc, et ça je n'y ai jamais goûté, le Varo, renseignez vous, il paraît que c'est super, mais très difficile à trouver. Et puis évidemment le poisson à la tahitienne, le Mahi Mahi, et là encore, comment manger du Mahi Mahi frais ? Ça va me permettre de reprendre le cours de l'histoire. Le Mahi Mahi, c'est la daurade Coryphéne que Patrick appelle de tout ses vœux, une seule daurade dans tout le pacifique. De mon côté, j'aime bien le poisson à la Tahitienne avec du thon, et pas un thon depuis le départ. Il fallait que ça change, il fallait attendre les Marquises. Comme prévu (et oui, le capitaine a toujours raison) au petit jour, devant nous les Marquises. En face Hiva Oa, c'est là que nous allons, loin sous le vent, nous apercevons Fatu Hiva, nous n'irons pas, plus près Motane (Mohotane), une île déserte, inabordable et tabu (ça s'écrit comme ça aux Marquises), plus loin à notre droite, une grosse roche, Fatu Huku et petit à petit, sous vent de Hiva Oa, apparaissent les côtes escarpées de Tahuata. Encore 3 heures de navigation avant d'atteindre Atuona, la "capitale" du groupe Sud des Marquises. L'occasion de pêcher un peu ... Boum, boum, et encore boum, le capitaine a toujours raison, je ne laisse à personne le soin de les remonter, paf, paf et repaf, c'est dans le bateau, 2 belles daurades, 2 mâles et enfin un thon, un thon jaune du pacifique, encore trop souvent vendu sous l'appellation thon rouge (des thons rouges, j'en ai jamais pêché), ça aussi c'est fait. Une bonne dizaine de repas de daurade (10 repas à 6, quand je vous dis que ce sont de belles daurades), et un voir deux repas de thon (il n'est pas très gros). En fait pour les daurades, repas à 5, un regret, Laurence définitivement ne supporte pas la daurade, encore une fois elle a essayé et encore une fois séquence tableau arrière. Une fin de journée gâchée ... Elle n'a même pas goûté au premier pamplemousse. Les formalités sont faites et le lendemain c'est la "grande ballade", la traversée de l'île jusqu'au marae de Puamau et au retour la vallée et la baie de Hanaipa que je ne connaissais pas encore. Attendez le retour, les photos parlerons d'elles même, inutile de chercher ses mots, je ne les trouverai pas, une certitude, ça ne change pas, c'est toujours aussi beau. Le lendemain matin, hier, les courses, le plein de fruits et de légumes, le caviar des marquises, un complément de riz et de pâtes, les charançons s'étant invités dans nos réserves et nous revoilà en mer. Un saut de puce vers le nord de Tahuata, la baie de Hanamoena, les seules plages de sable blanc des Marquises. En prime, une première raie Manta, pas très grosse il est vrai, mais quand même, en tant que GO, je respecte le programme ... Baignade, plongée, bain de soleil, nous sommes seuls au mouillage et je crois que tout le monde resterait bien, mais ... On ne peut pas tout faire, nous levons l'ancre en fin d'après midi, un ciel un peu voilé nous empêche de voir Fatu Hiva, une autre fois peut être, maintenant en route vers Tikehau, un autre monde, mais à mon avis ça devrait leur plaire. Une seule crainte, le temps. Nous avons été plus que gâté aux Marquises, un temps superbe, exceptionnel à cette saison. Les prévisions à venir ne sont guère optimistes, il paraît qu'il tombe des cordes à Tahiti. Mais nous n'y sommes pas encore. J'espère arriver dans l'après midi du 25 à Tikehau, d'ici là, le beau temps aura peut être l'idée de nous suivre, du genre : qu'est ce que tu veux pour Noël ? Du beau temps ... Et ce sera donc Noël en mer, foie gras (encore merci à Guillaume et toute sa famille), du gigot (de nouvelle Zélande acheté aux Marquises), certainement un peu de poisson, du thon pour Laurence (il faut vite que j'en pêche un autre ...) de la daurade pour les autres, vin blanc, merci Christian, rouge, merci Ambroise et Laurence, champagne, merci Christophe (quand même) quant à la Bûche ... Ce sera sans doute une recette de fruits. Un Noël un peu particulier, ce n'est pas mon premier Noël en mer, forcément un coup de blues, et une pensée pour vous tous, je laisse à chacun le soin de faire le tri, on va essayer de téléphoner, mais si jamais ça ne marche pas, rassurez vous, nous pensons à vous et plus que d'habitude, tout le monde embrasse tout le monde.

Curie, le 22/12 : 10°36.26 S 140°10.72 W à 538 NM de Tikehau

mardi 18 décembre 2012

24 heures

Mardi 18 Décembre

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Je manque à tous mes devoirs, mais j'ai des excuses, rien à raconter ... Et en plus il fait beau ... donc à part la litanie habituelle des poissons ratés dont un joli petit Marlin. Quand je dis petit, avec un Marlin (un marlin à rostre court) c'est quand même un bon mètre cinquante, nous n'avons pas pu le mesurer mais il s'en est fallu de peu, on le touchait, mais au moment de le remonter, l'hameçon mal accroché a glissé. Sinon, encore de la bonite, ou peut être du thon rouge : nous avons eu des nouvelles de "Chappe", un 47 qui est partit à peu près en même temps que nous de méditerranée, et depuis le début, ils nous annoncent ne pêcher que du thon rouge, soit ils ont plus de chance que nous, soit ils devraient changer de bouquin, je soupçonne leurs thons rouges de ressembler furieusement à nos bonites ... Mais c'est vrai que se dire que l'on ne pêche que du thon rouge, c'est bon pour le moral. Nous avons donc adopté cette méthode Coué et nous aussi nous nous sommes mis au thon rouge. Donc un bilan "poisson" catastrophique et par ailleurs question spectacle, le désert, rien, pas ou peu d'oiseaux, plus de requins quant aux baleines, orques, Globi et dauphins même pas en rêve ... Le désert, le désert au vent arrière depuis au moins 4 jours, l'alizè est remonté à l'Est Nord Est, on se croirait dans l'Atlantique. Enfin, bon an mal an nous y voilà, demain on va pouvoir vérifier que devant nous ce n'est pas la Martinique mais bien les Marquises. 150 milles exactement (et moins de 1 000 milles de Tahiti, 950), sans doute une panne à tirer, mais normalement un peu moins de 24h, avec le décalage horaire vous n'aurez peut être pas des nouvelles tout de suite, cela devrait être la fin de soirée en France, nous ce sera le petit jour, mais bon allumez les portables ... Et en attendant tout le monde embrasse tout le monde, à demain (au téléphone).

Curie, le 18/12 : 09°25.64 S 135°31.71 W

mardi 11 décembre 2012

Musclée

Dimanche, Lundi, Mardi, 9,10,11 Décembre.

C'est le moins que l'on puisse dire de cette traversée. Depuis le départ, à peine 24 heures de petit temps. Du vent, du vent, toujours du vent. En veux tu en voilà. Des conditions qui devraient normalement nous permettre d'exploser les chronomètres, avec un 55´ en plus. Malheureusement notre beau 55 est trop chargé, du matériel pour la base de Tahiti, au moins une tonne, si ce n'est plus, de surpoids et dans ces conditions ça se sent. Le bateau ne part pas en survitesse, il trace péniblement un profond sillon dans l'immensité du pacifique, il peine, les bouts montrent des signes d'usure de plus en plus marqués, malgré cravates, retenues, barbers et autres précaution je ne suis pas très à l'aise, inquiet en permanence. La mer grossit, nous sommes loin de la grande houle du Pacifique, plutôt une houle et un clapot désordonné de l'Atlantique des mauvais jours, le pilote travaille, pour l'instant il ne fait que de la limaille, mais il marche bien. Heureusement car barrer dans ces conditions, 5' de temps en temps au passage des grains, mais avec ce veau, ce n'est pas très drôle. Du coup, pédale douce, 2 ris pendant la journée et ces deux dernières nuit, Solent seul, je dors beaucoup plus tranquillement et puis tant pis pas de record. Mon dernier grib confirme le vent, un alizé encore musclé pour au moins les 4 prochains jours et bien que nous ralentissions, les journées défilent, 193 milles ces dernières 24 heures. Le 19 aux Marquises ? Très probablement. Sinon, toujours la grisaille et ces températures anormalement basses, toujours des bonites, rien que des bonites, c'est quoi ce Pacifique ??? Je vous laisse, j'espère que quelqu'un prendra le relais, sinon vous risquez de ne plus avoir de nouvelles avant notre arrivée. D'ici là, tout le monde embrasse tout le monde.
Jean-Charles souhaite un bon anniversaire à son fils Damien

Curie, le 11/12 : 04°58.49 S 115°56.46 W à 1 396 NM des Marquises

samedi 8 décembre 2012

Je passe ...

Vendredi, Samedi 7 & 8 Décembre

Aujourd'hui, le Capitaine s'est mis en grève de blog... Ce doit être les trop bons petits plats de Guillaume qui ont eu raison de lui. Alors la majorité de l'équipage sombre dans les bras de Morphée... Digestion oblige !
La pêche bat son plein bonite, bonite et re bonite, on se paie même le luxe d'en remettre 2 sur 3 à l'eau (quand elles ne sont pas trop abîmées). Hier nous avons eu droit à un spectacle pour le moins surprenant et hilarant... La ligne part (fiiiizzzz...), l'équipage se met en place pour freiner le bateau et remonter à bord notre fière prise. La bête ne se laisse pas faire et bataille ferme avec Romain. Tout le monde espère une belle dorade, un thon, ou un thazard. mais non ...encore une bonite... elle est belle. Au bout de quelques minutes de bagarre la bonite est à bord bien décidée à se battre jusqu'au bout. Jean Charles en équipier avisé maintient le poisson au sol en le prenant par le queue, il le met la tête la première dans un seau pour l'arrimer avec un bout. C'est alors que la bonite récalcitrante se débat énergiquement et entre en vibration avec Jean Charles le transformant en ouvrier de la chaussée au commande d'un marteau piqueur. Il traverse ainsi tout le cockpit, accroché à sa bonite en réclamant de l'aide à ses coéquipiers hilares devant un tel spectacle. Finalement Jean Charles aura le dernier mot.... L'honneur est sauf. Ici on en rit encore, dommage qu'on ait pas eu le réflexe de filmer la scène, c'était digne de Buster Keaton. À part ça le bateau avance bien, l'allure grand largue est plus confortable que ces derniers jours au près et les grains sont peu nombreux. Ce n'est pas encore le grand beau, mais ça s'améliore... Les quarts de nuit sont quand même frais, polaires et veste de quart de rigueur...
J'en profite pour embrasser Stéphane (7/12), et Odile (9/12), pour leurs anniversaires respectifs. Bien sûr plein de bisous iodés à ma tribu.
Laurence
Et je reprend la main, juste pour un petit point, assez simple, nous sommes en plein milieu, à l'heure où Laurence écrit sa prose nous ne sommes plus qu'à 1 882 milles des Marquises soit la moitié des 3 764 milles de la route de Panama aux Marquises. Je reprend un grib, c'est pour ça que je me suis connecté, le vent nous jouant quelques tours ce matin, allez disons le 20 aux Marquises, le 19 ? On verra et d'ici là tout le monde embrasse tout le monde et tout l'équipage se joint à moi pour vous souhaiter un bon Week End

Curie, le 8/12 : 02°32.77 S 107°02.21 W

jeudi 6 décembre 2012

"Ça ... C'est fait"

Mercredi & Jeudi 5 & 6 Décembre

Je reprend l'expression de Guillaume. "Ça ... C'est fait". Avec son accent inimitable, elle a marquée le périple depuis notre départ. A chaque étape importante ou événement notable. Depuis 2 mois, et oui demain cela fera 2 mois que nous avons quitté Canet. D'abord Gibraltar, nous quittons (enfin) la Méditerranée, et pour la première fois "Ça, c'est fait", les Canaries et puis surtout la Martinique, l'Atlantique, "ça c'est fait", la mer des Caraïbes, le Canal de Panama, mais aussi le premier poisson, la première daurade, la première lessive, que sais je ? ... "Ça c'est fait", hier matin à 4h31 heure locale, 11h31 en France, c'est fait, la ligne par 00°00.00 évidemment, N ou S à vous de voir et 97°42.59 W. Romain, de quart avec Guillaume, a un peu joué, il a mis le cap plein Ouest, maintenant le bateau sur la ligne pendant quelques minutes, pour faire un trait sur la carte ... Et nous voici donc au Sud, ça aussi c'est fait. Alors le sud, fin des frimas ? Tiens une devinette, nous sommes à l'Équateur, à votre avis température de l'eau ? Mon record 37°5, mais là, je vous l'ai dit, les polaires sont de sortie. L'eau n'est qu'à 19°. Bizarre sous ces latitudes. L'effet Niño ? Je n'en sais rien, mais Jean Charles n'est pas dépaysé, avec ce ciel gris et cette température, la baie de Morlaix le 15 août. Tout le monde attend le soleil avec impatience. Le passage de la ligne, l'occasion d'un gentil bizutage, d'un bon repas, d'une bouteille de champagne. Surtout ne pas oublier le verre à Neptune. Et ça doit marcher, car après une demi journée de grisaille, d'un seul coup le ciel s'éclaircit, le grand beau temps, encore un peu frais, mais c'est pas plus mal. Le vent lui aussi devient de plus en plus coopératif, il adonne progressivement, il est maintenant bien établi au 125, 17/18 nœuds. Une belle mer régulière qui enfin ne nous rentre plus dedans et qui commence à nous pousser vers les Marquises. Tout doucement, le rythme accélère, 183 milles sur la route le 4, 190 le 5, 181 le 6, plus de 200 aujourd'hui ? Pourquoi pas ? Je reprend un grib pour vérifier ça, ETA pour les Marquises. Le 22, c'est certain. Le 20 ce serait vraiment bien, avant ... Il faudrait peut être que je largue les chaînes. Et la pêche dans tout ça ? Et bien c'est ce que je vous disais, des calamars chaque nuit sur le bateau. Nous allons bientôt en avoir assez pour une belle fricassée (à 6 c'est pas mal quand même). Des bonites, encore des bonites, toujours des bonites. Nous avons arrêter de pêcher, c'est un vrai massacre. Dès qu'on met une ligne à l'eau, paf une bonite, deux lignes, deux bonites. C'est bon, on va avoir de la bonite jusqu'au bout. Nous aimerions pêcher autre chose, pas moyen et à cette vitesse les pauvres bonites n'arrivent pas toujours en bon état. Du coup, j'attend le vent un peu plus portant et des conditions plus favorables à la daurade. Encore 2 ou 3 jours de patience et nous devrions toucher l'Alizé du Sud Est, la mer et les poissons qui vont avec, plus de calamars sur le pont, des poissons volants. Et pour conclure sur les poissons : Romain et moi, conversation devant notre café du petit matin. Il me dit "Alors, aux Marquises, on se baigne pas" "Pas trop non, il n'y a pas de barrière, et du coup les grands requins, les pélagiques viennent tout près du bord". Je n'avais pas fini ma phrase que sur le côté du bateau, un bel aileron, notre premier grand requin. Je vous laisse, je n'ai vraiment plus rien à raconter et personne ne veut prendre le relais, du coup pas de nouvelles avant un moment, c'est tout droit, mais bien sur tout le monde embrasse tout le monde.

Curie, le 6/12 : 00°52.54 S 100°45.33 W à 2 338 NM des Marquises.

mardi 4 décembre 2012

Devinette

Les 3 & 4 Décembre
Alors, ma petite devinette, un truc en plein milieu du pacifique ? Quelqu'un a trouvé ? Ça a marché, bien marché, effet de surprise et tout, et tout. Malheureusement cela n'a pas été parfait à mon goût, encore une fois à cause de satané vent qui a encore refusé. D'abord nous allions un peu trop vite, en pleine nuit cela n'aurait pas marché, il a fallu que je trouve un prétexte "plausible" pour un peu ralentir, ensuite, un refus, et zut nous passons trop sud, à peine ... Alors à votre avis ? La veille au soir, il faisait froid, il fait d'ailleurs toujours froid (Jean Charles sous l'Équateur envisage de demander à Micheline un parachutage de polaires ... ). "Il va falloir surveiller les Icebergs" et bien il ne croyait pas si bien dire, au petit matin, aux premières lueurs du jour, "Ben ça alors, c'est quoi ça ?" - "un Iceberg" - "Non arrêtes, tu rigoles, pas ici" - "Puis dis donc, il est balaise" - "Non mais sans blague, c'est quoi ? Puis en plus, on a faillit rentrer dedans". C'est sur, si ça n'avait pas refusé on serait rentré dedans, presque (je veillais quand même un peu) - "Mais il n'y a rien sur la carte" - Mais si, mais il faut agrandir ... Alors petite leçon de navigation et du bon usage de l'Ipad ... L'Équateur, Les Galápagos, ils vont pourvoir dire qu'ils y sont allés, tout au nord, un petit Îlot, l'îlot Darwin par 1°40 N et 92° 00 W, et moi ce qui m'a énervé c'est que je voulais passer au ras. C'est tellement perdu que sur la carte il y a marqué : "I.Darwin is reported to lie about 2 miles North of its charted position", nous aurions pu vérifier et envoyer nos relevés aux autorités compétentes, les derniers datant de 1963 et 1967. Zut, je n'aurai pas mon nom sur une carte ... Trop Nord, 7/8 milles, mais quand je vous dis que c'est le bout du monde ... Une journée qui commence bien quand même, le vent lentement adonne, nous faisons un peu de sud encore, une touche, ce coup çi je ne laisse à personne le soin de remonter le poisson, comme ça, comme dit l'autre (Guillaume) "c'est fait", une belle daurade, 6 bons repas. Matelotage dans l'après midi. Romain s'entraîne, une série de manilles textiles et de cravates pour nos ris. Ris que nous finissons par larguer dans la nuit, une nuit superbe, des étoiles plein la vue ... Et encore un petit piège, ça a marché ... Dénéb ? Capella ? Véga ? Tout le monde se rue sur l'Ipad ... La polaire ... Euh ... Allons messieurs par moins de 1° N, la polaire ? Au petit matin, nouvelle leçon, leçon de pêche, on s'entraine, on répète, au moins 10 bonites. Nous en avons quand même gardé 2, au cas où, une normale et une jaune, pour goûter, je n'en avais jamais vu des comme ça. La pêche va devenir plus difficile, le vent maintenant adonne, plus de raison de faire autre chose que la route, la mer formée et désagréable des premiers jours dans le pot au noir a cédé la place au Pacifique, une mer régulière, à peine la mer du vent et une longue houle qui témoigne de la respiration de l'océan. Nous pouvons enfin réouvrir les capots et aérer le bateau, pas les hublots, nous allons trop vite. Presque 9 noeuds de moyenne depuis le point de midi, 80 milles en 9 heures et 10 minutes. Enfin dans le genre piège je n'ai plus grand chose, sans doute réveiller tout le monde la nuit prochaine : "c'est quoi ça ?" - "Quoi ?" - "Ben ça" - "Quoi ? Moi je ne vois rien" - "Mais si, regarde, devant" - "Mais y'a rien" - "Mais si regarde bien, une ligne, comme un pointillé, là tout droit, juste devant nous" - Après tout ils n'en savent rien, (sauf Laurence qui est déjà passé, presque au même endroit), mais moi je vous le dit la nuit dans le Pacifique, cela brille, cela brille tellement que la ligne on la voit, un long pointillé qui s'étire ... Et de l'autre côté ? Un trou ? Mais non, ne soyez pas naïfs ... L'autre côté du monde ... Le sud, et peut être le beau temps. Allez je vous laisse, tout le monde embrasse tout le monde et à bientôt

Curie. Le 4/12 : 00°54.64 N 94°53.52 W à 2 706 NM des Marquises.

dimanche 2 décembre 2012

Niche

Du 30 Novembre au 2 Décembre

Un petit mot, c'est bien parce que c'est Dimanche. J'ai peur que vous ne vous lassiez de mes histoires de près et d'adonnante. C'est pourtant mon souci, faire assez de près donc de sud pour un jour toucher l'alizé du Sud Est. Rassurez vous je crois que je vais bientôt changer de sujet, depuis cette nuit, le vent a un peu adonné, il est maintenant au 160/170, nous ne sommes plus au près serré, c'est à peine mieux nous sommes à 5° en dessous, environ 50° du vent apparent, mais sur un cata de cette taille ça change tout. Gros coup d'accélérateur, le speedo est maintenant coinçé au dessus de 8 nœuds. Nous passons maintenant au nord des Galapagos, Mais je sers encore un peu le vent, pour mettre du sud dans la route, oui, mais aussi pour faire une petite surprise à mes équipiers, un truc, pas grand, un petit truc minuscule dans l'immensité du Pacifique, un truc à voir, ça va leur faire une surprise, je m'attend demain matin à des questions. Et puis ensuite la ligne, d'ici 48 heures sans doute. La bonne nouvelle, le winch, il est réparé, en fait non, mais avec Jean Charles on a bien rigolé. J'ai fait appel à ses talents d'ingénieur électricien, c'est vrai quoi, un moteur de winch électrique comparé à une loco., de la gnognote ... "Bon, Christophe, je t'explique, je te fais un dessin" - "Non, Jean Charles, ne m'explique pas, répare ... " on bidouille, "Allez j'essaie ça, ça devrait marcher", Paf, une étincelle et ... Ça ne marche pas, "Zut j'y perd mon latin". Tant pis on remonte tout et ... Ça remarche, on ne sait donc pas pourquoi, juste sans doute un relai défectueux qu'il faut laisser refroidir, mais l'essentiel est là, on peut s'en servir.
Et cette histoire de niche : c'est encore une histoire de poisson. Plus de thons, avant il y en avait plein, ensuite sont venus les gros chalutiers, avant il y en avait plein, maintenant, plus rien, plus de thons, plus de chalutiers, le grand désert. Non pas tout à fait, les calamars prolifèrent, la nuit avec une simple frontale on les voit grouiller autour du bateau, et les calamars, les bonites aiment ça, plus de concurrence, mais pas seulement les bonites, les Marlins et les Espadons doivent bien apprécier. J'en ai jamais vu autant. Une nageoire à côté du bateau, un requin, non, il remonte un peu, une longue nageoire, la queue un magnifique Marlin, un autre nous passe en dessous, longe nos ligne et méprisant continue son chemin. Un espadon, lui y goutte. Je prend la ligne, "Non, je te laisse pas partir", j'ai surtout pris les 50 mètres de ligne en pleine poire ... Et encore ce midi, on se met à table "Oh la vache ..." Encore un superbe Marlin qui jaillit derrière nous, chope le leurre et wwwwwwiiiiiiiiii, le moulinet fume, ça sent le brûlé, il va tout casser ... Ouf, non, il n'emmène que le leurre, mais question spectacle, nous sommes servis. Quant à notre pêcheur, ce matin, un superbe daurade, j'arrête le bateau, on va l'avoir, 20' de combat, ça y est elle est là, un beau mâle, une belle pirouette aussi et tchao, filet mignon ce midi. Je crois que Romain va se mettre à la poterie ... Quant à moi, comme d'habitude, tout le monde embrasse tout le monde, à bientôt peut être, probablement de l'autre côté du monde ...

Curie, Pos le 2 Dec. : 3°15.19 N 89°37.81 W à 3 047 NM des Marquises