vendredi 1 mai 2009

Le jour du canal

Mardi 28 Avril

Lundi fin d'après midi nous quittons Shelter Bay marina en direction du "FLAT" qui devient en fait la zone d'attente des petits navires qui vont passer le canal.

Nous sommes accompagnés d'un Moorings 4000 (Léopard 40), un cata à peine plus petit que nous, les mêmes moteurs, pratique on va faire tout le canal ensemble, à couple dans les écluses. Trois "Sudaf" convoient ce bateau jusqu'à Tahiti. "Mr Presidente", retraité en goguette (un peu comme Alain quoi), photocopie de George Bush, d'où le surnom, sympa et surtout très ouvert, on sent qu'il est en train de réaliser un truc dont il révait. Un First Mate, lui, une caricature de l'Afrikaner évident passioné de rugby et Dave le skipper, bien content de nous avoir trouvé, il a fait appel à Stanley, il est content d'être avec nous, un peu rassuré je crois. Il va entre autre nous passer 6 gros bidons d'essence (vide quand même) qui nous permettrons de faire un bon plein par la suite.

St Saens et 3 autres bateaux français et belges sont là pour nous dire au revoir. Il n'y a que nos voisins australiens qui sont contents de nous voir partir. Bon d'accord on faisait peut être un peu de bruit. Mais ils allaient jusqu'à engueuler Stanley qui, à 3 heure de l'AM, parlait trop fort sur notre bateau. M'est avis qu'il est pas passé le bonhomme.

Donc 17h RV sur le Flat. Encore une chose à savoir :

Les "yachts" ne passent plus jamais en une journée. Sans doute la conséquence de tout les gens qui prétendaient faire 8 noeuds, alors qu'ils en font péniblement 6. Résultat : ils ne s'emm ... plus, Départ à 17, une nuit sur le lac et arrivée le lendemain.

Evidemment on poireaute un peu, vers 18 h les 2 pilotes sont là, à fond jusqu'à la première série d'écluse. Evidemment le pilote teste la vitesse, on lui met les 2 moteurs et les 2 focs en ciseaux, euh ... il est où le frein à main ? Pas de problème, c'est un jeune, il se marre. En fait il est super pro, prend les choses en main pour les 2 bateaux et nous voilà au cul d'un gros porte container "Carribean Faith", on rentre derrière lui au ras, à couple de l'autre cata, et ils ferment les portes de l'écluses derrière nous. Le Carribean Faith, on lui trouve en fait de grosses faitsses, surtout quand il pète, non quand il redémarre ses hélices, nous voilà dans le tourbillon. Il y a 3 écluses à suivre, la manoeuvre se passe nickel, Dave est plus que rassuré, moi aussi je dois dire. Le pilote nous mène ensuite au mouillage, de nuit on ne voit pas grand chose. Il nous quitte et me laisse son mail, si je repasse dans 3 mois ... Les 2 bateaux restent à couple. Personne n'ose se baigner, il y a des crocos. Le First Mate au petit matin plonge, juste pour dire : "I've done it". Nous sommes tout près de la forêt, toute la nuit les cris des animaux, non, je vous jure : un lion ! non un tigre ! mais non, tu ne vois pas c'est un éléphant rose ... en fait des singes hurleurs, quel boucan.

Avant le départ, une dernière révision, l'art de tourner une amarre, cela va servir

Le "Flat", à gauche le dernier cargo sortant du canal et les voiliers en attente

L'entrée du Canal, à gauche les premières écluses et le "Carribean Faith", à droite le canal des Français, 3, 5 km (je crois) et l'entreprise de Lesseps s'est arrêtée là.

La première écluse et le Moorings 400 qui nous rejoint, à couple dans l'écluse

Le Carribean Faith, vu de près, la première écluse se ferme. Désolé, avec la nuit qui tombe, les photos sont un peu flous

L'écluse est pleine, nous entrons dans la seconde qui elle aussi se remplit.

ça y est, l'atlantique s'éloigne, 3 écluses, Gatun Locks

et le lendemain matin, au petit jour, le lac Gatun

Il parait que les crocodiles dorment sous la berge, au ras de l'eau, à l'affut, bon je ne baigne pas ...

7h du matin, deux nouveaux pilotes et c'est reparti. A nouveau le test vitesse, OK, OK, Please slow down. Le nouveau pilote, plus cool, s'installe sur la banquette, laisse son copain faire et "Follow him", cool. En fait il surveille d'un oeil et reprendra discrètement la main à une ou deux reprises.

Un premier regret, nous n'allons pas emprunter le petit chenal secondaire : "Banana Channel" qui fait passer au milieu d'iles en pleine forêt, on se croirait en Amazonie. Dommage, il est en travaux lui aussi.

L'entrée de "Banana Channel", fermé ... Un thonier senneur, il y en a de plus en plus, trop ?

la traversée du lac Gatùn

Ensuite le chenal défile sans histoire, Laurence encore une fois s'occupe du reportage photo, photos en ligne dès que possible.

En fait, des travaux partout. Nous sortons du lac Gatun, arrivons à Gaillard Cut, là aussi grands travaux d'élargissement. La plaque commémorative a disparue, il ne reste quasiment plus rien des travaux du siècle dernier. Par contre un pont immense enjambe maintenant le canal, le pont du centenaire, inauguré à l'occasion du centenaire du canal.

Arrivent les dernières écluses, Miraflores, ça y est l'eau du Pacifique entre dans l'écluse, nous y sommes, le pont des Amériques, nous lachons notre pilote. Une dernière mission trouver de l'essence.

Le pont des Amériques, jusqu'il y a peu le seul pont reliant les deux amériques et la vedette vient chercher notre pilote

Retour sur le coté pratique :

Le plus simple à mon avis, faire un gros plein à Colòn en profitant de l'attente à Shelter bay. Sinon de l'autre coté, il y a en principe 3 endroits possibles : Balboa Yacht Club, la Playita et Flamenco Marina.

Balboa YC : plus de diesel, la Playita : plus de diesel, Flamenco Marina : yes. OK on y va, sauf que quand on arrive, ah non, du diesel, on a plus ... Du coup j'envisage de passer la nuit (150 dol de plus) je me rend au bureau de la marina et je discute, poliment et finalement : vous voulez du diesel, vous repartez tout de suite, oui Monsieur, bien attendez que ce bateau ait fini et venez juste derrière.
En fait ce qu'il faut comprendre c'est que Panama city est une grande ville, avec quelques personnes relativement aisées. Flamenco Marina est remplie de gros yachts à moteur, disons de 60 à 120 pieds dont l'activité principale est la pêche au gros. Ces bateaux prennent rendez vous pour aller à la pompe, bon, ben vous vous faites comme les autres, vous prenez rendez vous et attendez votre tour. Elémentaire mon cher Watson ! Et pour vous donner une idée, le bateau devant moi à pris 1 350 gallons de fuel, plus de 5 000 litres, quasiment 3 000 dollars. Je peux en passer des nuits dans la marina pour ce prix, et moi avec mes 60 gallons ... Mais voilà, en discutant, pas de problème, ça s'arrange, il m'a même laissé sa carte, la prochaine fois, RV par mail, dès que vous savez quand vous passez le canal.

Et puis la séquence émotion : Au revoir Faustine, Au revoir Charlotte

Elles sont en Amérique du Sud. Les voilà sur le quai avec leur gros (vachement gros) sacs, un moment d'émotion, surtout pour Tristan. Il va maintenant se retrouver seul avec 3 "vieux", en tous cas deux, Laurence n'est pas vieille ...

Elles profitent de l'arrêt Gas Oil, trouve un bus et les voilà maintenant parties pour de nouvelles aventures. Elles ne sont pas seules, de nouveaux amis : Alice, Melchior et Roman. Au programme ? Bon j'espère qu'elles donneront des nouvelles et qu'elles garderont un bon souvenir de cette traversée.

Nous voilà donc repartis tous les quatre pour une nouvelle traversée, la suite, tout de suite.

CM

Méli - Mélo Météo

Jeudi 30 Avril

Après une première journée, facile, sortie du golfe de Panama, de toutes façons pas de véritable stratégie, ni de choix, la suite s'annonce un brin plus compliquée.
La suite c'est le pot au noir. Comment passer de l'alizé du NE de l'hémisphère Nord, à l'alizé du Sud Est et l'hémisphère Sud. A priori, nous pensons zapper l'escale Galapagos. Nous devons avoir suffisamment de fuel pour aller directement aux Marquises et éventuellement rattraper une partie du retard. Y passer plus de temps, permettre à Lisa de nous rejoindre et peut être à Geneviève et Jean François si cela les amusent.
Donc sans cette obligation d'escale aux Galapagos, nous avons plus de choix, maintenant je ne suis pas certain que cela change grand chose. Avant notre départ, un couple de français rencontré à Flamenco nous parle d'une dépression sur la route des Galapagos avec des vents contraires d'au moins 25 noeuds. Ouille, des vents "Grib" de 25 noeuds, cela va faire au moins 35 noeuds (l'effet Monsieur Plus). Du coup : étude détaillée du fichier. Bon, une ou deux flèches à 15 noeuds dans le pif, mais pas de 25. Par contre ce n'est pas une dépression sur notre route, sur la carte du 30 Avril à 02h00 j'en compte 8 autour de nous. En fait, c'est bien le pot au noir. Impossible à mon avis de réellement prévoir une route optimum, globalement on a le vent dans le nez pour quasiment 1 400 milles, une ballade ... mais la situation peut évoluer, j'espère que les vents devraient être suffisamment favorables avant d'ici 1 000 milles environ. Du coup une stratégie : le plus vite possible entre le 256 (route directe vers Hiva oa) et le 180, l'alizé du SE, il est dans le sud n'est ce pas. Le plus vite possible à la voile et au moteur, pas la peine d'hésiter, nous avons du gas oil et finalement nous ne devrions pas passer bien loin des Galapagos, à droite ou a gauche ?
Pour corser un peu l'histoire, au premier gros grain de pluie mon anémomètre "Sud" a repris ses habitude : grève général, tout le Pacifique sans anémomètre, pourvu qu'il sèche. Et reste à savoir si les nerfs tiendrons, un peu de suspens quand même.

Notre anémomètre "fantaisiste", il est allé jusquà indiquer 99 noeuds, mais le plus souvent il se contentait d'indiquer la vitesse du bateau ...

Bonne journée à toutes et à tous

CM

Pos : 6º21.17'N - 81º45.91'W

Le monde du silence

Vendredi 1er Mai

ça y est, une première journée vraiment au large. Le temps pas terrible, des vents contraires, pas très forts mais dans le pif. Non ce qui change, et j'en avais gardé quelques souvenirs, ce qui change c'est que c'est le Pacifique et même pour nos amis bretons, c'est un autre monde. Si j'avais le talent de Conrad, la ligne d'ombre, comment décrire ça. Tristan devant son premier coucher de soleil : Oh dis donc t'as vu ça Christophe ... Les vagues bizarres, nous sommes quasiment dans le pôt au noir. Des zones de courant avec des bois dérivants, plein de noix de cocos, un ballon de foot. El Ninò vous en avez entendu parlé. Et bien je confirme, ça existe. Et puis le monde du silence. Moi je trouve ça un peu terrifiant et j'ai l'impression que mes équipiers partage cette impression. On commence par les requins, déjà 3 requins tout près. Le premier, un bébé, je souhaitais qu'il attrape une ligne qu'on y goûte au requin, le second, plus respectable "pourvu qu'il n'y touche pas à ma ligne", le troisième : il y a des gens qui vont se baigner avec les requins, yes, pourquoi pas. Moi je ne suis pas sur qu'ils aient lu le même livre que moi (les requins en questions). L'animal devait faire, allez, comme la sardine du port de Marseille, non, soyons sérieux, ben, il devait bien être grand comme mon "Tiger", justement je crois que s'en était un de "Tigre", 5 mètres, 6 mètres ? Le long du bateau puis une grosse gerbe derrière les lignes : "Noooon n'y touche pas", j'ai eu peur qu'il m'arrache le tableau arrière, mais ouf, mes leurres sont trop petits pour lui. Les méduses, des bancs entiers, mais qui dit méduse dit, devinez, Sabine c'est pour toi. Déjà trois magnifiques tortues le long du bateau, des dauphins, qui ici ne font pas semblant de sauter, enchaînement de triple, quadruple saut périlleux, des marsouins, quoi d'autre encore. Si la nuit, c'est encore plus impressionnant, on voit des traînées phosphorescentes s'approcher du bateau à toute vitesse, tourner, disparaître, impossible à identifier et certaines sont vraiment grosses. Dans un registre plus sympathique, de nuit toujours, un oiseau, sans doute un fou (pas de Bassan, nous en sommes un peu loin, mais le même genre) est resté une ou deux heures à pécher autour de nous. Il devait profiter de la lumière de nos feux, incroyable l'énergie dépensée, comment il fait pour vivre. Tiens cette histoire d'oiseau me fait penser à nos pigeons. Qu'est ce que je vais bien pouvoir trouver comme histoire pour la suite, il serait de bon ton de continuer avec une rime en "on", pigeons, poissons, espadon, mon petit thon (pour le dîner, 2 petites bonites ont eu la bonne idée de mordre alors que Tristan et moi remontions les lignes, du coup bonites aux oign"ons"). Bon, ben peut être que demain j'aurai trouvé la soluti"on".

A demain et évidemment nous pensons très fort à vous tous.

CM

Pos : 5º03.33'N - 083º27.72'W

Petit appel aux nouvelles

Un petit post spécial, hors journal. Juste pour vous dire que jusqu'à présent une des raisons de ce journal était de donner des nouvelles aux familles, proches et amis de l'équipage, certains d'entre eux pouvant s'inquiéter, à tort d'ailleurs comme vous avez pu le constater. Et voilà maintenant que les rôles sont, disons, inversés. Nous, nous ne risquons pas grand chose, attraper la grippe porcine au milieu du Pacifique, peu probable. Du coup on s'inquiètent, à commencer par moi, forcément, j'en connais une qui est en première ligne. Donc juste pour vous dire qu'un petit mail de temps en temps sur notre adresse maritime, cela nous ferait plaisir d'avoir des nouvelles. Surtout que nous sommes partis pour un bon moment (voir méli mélo météo). Nous ne nous connecterons pas tout les jours et surtout pensez à faire des mails simples, pas de doc attachés, pas de pub, pas de réponses au message précédent, juste du texte. Voilà c'est tout et bien évidemment, un peu plus que d'habitude, tout le monde embrasse tout le monde.

CM

Transpac Jour 1

Mercredi 29 Avril

Départ de Panama, les pleins sont faits, 00h00 GMT nous sommes pile à la hauteur de la bouée d'atterrissage de Panama, les calculs vont être simples. Chacun reprend son rythme maritime. Je sens qu'Alain revis, ouf de l'espace, de l'air. Forcément une organisation différente, on essaye des quarts de 3 heures, Laurence, Tristan et Alain, ma pomme restant hors quart prêt à intervenir. On commence tranquille par se sortir de la zone de mouillage avec les 2 focs en ciseaux, tiens ça faisait longtemps, on se décide pour la GV, de nuit, avec Tristan bien entrainer tout devient possible et c'est parti.
Une première journée sans histoire, un bon vent nous propulse hors du golfe de Panama, nous croisons nos derniers cargos. Le dernier cap, Punta Mala, s'efface dans la brume derrière nous. Cerise sur le gâteau, un bon noeud de courant supplémentaire nous jette à quasiment 9 noeuds de moyenne dans le pacifique et pour encore simplifier les calculs, à 12h00 GMT nous sommes presque sortis, à vous de vérifier.
A demain

CM

Pos 12h GMT : 07º35.50'N - 079º43.84'W

Panama Canal : Mode d’emploi

ça y'est, à nouveau en mer, je reprend le cours du journal de bord. Des nouvelles tout le monde en a eu, pas terrible tout ça, j'ai forcément une pensée supplémentaire pour Sylvie, qui elle, se retrouve réellement sur le pont, évidemment, la loi de l'emm ... maximum continue de s'appliquer, il a fallu que cette épidémie surviennent quand j'arrive dans le Pacifique, ça faisait quand même longtemps que j'étais à la maison, du coup je ne suis même plus là pour faire les courses ; les enfants je compte sur vous pour aider Maman ...

Allez le journal : après ces quelques jours d'absence, je vais essayer de remettre tout ça dans l'ordre. Je ne suis pas sûr que les posts arrivent dans l'ordre, il n'y a qu'à regarder la date. Finalement il s'est passé pas mal de choses, nous avons quitté l'atlantique, nous sommes dans le pacifique et tout ça grâce au Canal de Panama. Je vais donc commencer par un petit mode d'emploi du canal, en particulier pour remercier notre ami BriseGalets, son contact ne nous a servit à rien et à tous ... les explications vont suivre.

En apéritif, quelques petites histoires pour placer le décor.

Première petite histoire : "ALBINONI", moi je vais vous dire les Panaméens ne doivent pas être très musiciens, à chaque coup que nous faisions un appel radio, à chaque coup que nous citions le nom du bateau (souvent dans les bureaux), à chaque coup, "please spell it again", ALBININO, ALBININI, ABININO etc etc ... "Cristobal Signal Station, this is Akuna Matata" "yes Akuna Matata" .... grrr ... Bon remarquez, notre acte de francisation provisoire est au nom d'Albidoni, Panama, Toulon, même combat.

Seconde histoire : Avant de partir, j'investis (une soixantaine d'euros dans un super guide : Escales de grandes croisière : "encyclopédie indispensable" Jimmy Cornell). J'aurai mieux fait d'aller au resto, pour Panama, vous pouvez tout jeter ... et je ne dis pas ça uniquement parce que c'est un rosbeef.

Troisième histoire : ça c'est pour le contexte. Panama est en pleine "révolution", une révolution "douce". Les Panaméens ont donc maintenant le contrôle du canal et de ses revenus. Du coup, petit à petit ils s'organisent (plutôt bien en fait), le canal est devenu leur business et leur richesse. Comme au Costa Rica, ils ont supprimé l'armée pour faire des économies (pas bête n'est ce pas, ils se disent que de toutes façons à 3 millions il n'ont aucune chance face au gros méchant, qu'ils pourront demander de l'aide, tiens donc, qui c'est qui veut voir le canal fermé, et que cela élimine le risque des "colonels" ou aux généraux putchistes, sans parler de la possibilité d'utiliser cet argent dans l'éducation et la santé. Mais ils ont surtout lancé une gigantesque entreprise : ils vont quasiment doubler la capacité du canal, et les travaux ont commencé, les travaux en question, il faut le voir, (Laurence s'est occupé du reportage photo) c'est titanesque et encore nous n'avons vu qu'une partie des chantiers. 3 grandes tranches en fait :

1 - L'accueil des bateaux : de part et d'autres du canal, agrandir les zones d'attentes, les quais, les installations pour pouvoir accueillir plus de trafic et surtout des bateaux beaucoup plus gros (nous y reviendrons).

2 - La canal lui même : rendre le canal navigable à plus de bateaux et surtout à ces fameux gros bateaux. Aujourd'hui 40 bateaux par jour (ça marche, 24h sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an) et les plus gros bateaux actuels ne peuvent pas se croiser partout, certains virages sont trop serrés. Du coup, ça creuse de partout, des tonnes et des tonnes de dynamites sont en place, les actions Nobel doivent bien se porter. Des pelleteuses, des norias de camion, des suceuses, des barges, tout ça vient de Belgique, de Hollande, de Chine, des Etats Unis. Un exemple, j'ai les cartes les plus récentes du canal, et bien nous sommes passés sur une île, elle n'existe plus ... Attaque garantie pour les écolos du coin, bon, je leur conseillerais une petite visite de Colòn, du coup peut être que le sort des oiseaux les préoccuperait un peu moins.

3 - La phase 3 : un nouveau "jeu" d'écluse, en parallèle des existantes, grosso modo, 1,8 fois plus grosse. J'ai entendu dire (à vérifier quand même ...) qu'il avait été envisagé d'utiliser des bombes atomique "propres" pour les creuser.

Tout ça se réorganise et se réorganise à la vitesse grand V. Donc tout ce que vous saviez sur le canal, vous pouvez le jetez. Je reprend l'histoire dans l'ordre. Attendez que je reprenne mes notes :

Jeudi 23, dans la soirée, heure locale :
"Cristobal signal station, Albinoni, do you read me" VHF canal 12, c'est la procédure ... "Albidoni, please could you repeat the name of your boat", bon je vous l'ai raconté ... "Which kind of boat" - "41 feet sailing catamaran, coming from France, on our way to Tahiti - We are coming into the harbour", "Yes how far are you" "Just between the two piers"" "OK, so you intend to cross the Canal" "Yes, so where can we go" - "You can drop your anchor in the Flat area or go to the Shelter Bay Marina" - "OK, I know Flat area but where is Shelter Bay Marina ?" - "North West of the harbor, folow the pier" - OK, I will go to the Flat area and then do my papers tomorrow morning at the Panama yacht club" - "There is no more Panama Yacht Club" --- Glup !

Je résume : Shelter Bay marina n'apparaît sur aucune carte, même les plus récentes, de nuit sans cartes, sans instructions, bof, bof ... du coup je me dis : "Flat je connais, on va la bas, demain matin il fera jour, à 7h, on verra bien".

Mouillage à Flat, fond de vase, il a fallu nous y reprendre à 3 fois.

Petit matin 7h, ouverture des bureaux, j'attend un peu et c'est là qu'intervient mon ami "BriseGalet", j'appelle son contact, Tina Mc Bride. BriseGalet, c'est un ancien commandant de grooos bateaux, un catana 41, elle n'en a rien à foutre, des français en plus (sale race) et elle ne prend que le bon argent, viré d'avance sur son compte. Je lui avais déjà envoyé 3 mails pour la contacter, sans réponses, so "I will not take care of you but" "YEEEES" "I'll give you the phone number of Stanley Scott, he will be able to do it" "YEEEES" et fin des problèmes, merci Tina, merci BriseGalet, Stanley va effectivement s'occuper de tout (d'ailleurs pour moins cher que Tina ...).
Donc coup de fil à Stanley - Mr No Problem & Mr Tomorrow - RV à Shelter Bay Marina, de jour aucun problème pour y entrer et il va s'occuper de tout.

Parmi les choses à savoir :

Le Panama YC : C'était le point de rendez vous et on pouvait y débarquer en annexe et aller éventuellement faire ses démarches tout seul. Aujourd'hui dans le cadre de l'extension du port, cela devient un terminal container. Des chinois ont racheté le coin, ils ont donné un mois aux occupants de la zone pour dégager et il y a un mois, 3h du matin, camion, bulldozer etc ... tout a été rasé. Bon courage, pour ne serait ce que trouver un endroit ou laisser son annexe si vous êtes sur "FLAT".

L'immigration : il faut maintenant que chaque membre de l'équipage appose ses empruntes digitales sur le visa. Ce qui veut dire que tout le monde doit débarquer, laisser le bateau et l'annexe seuls, Yeeees, bonne idée dans le coin.

St Saens arrivé deux jours après nous, commençait ce genre de démarche, ils avaient dégoté un chauffeur de taxi qui n'est pas venu au RV, en bref paumés, quand je les ai joint sur la 16, me doutant qu'ils devaient être là, Ouf, j'ai senti comme un soulagement dans leur voix, "t'es où ?" - "Shelter Bay Marina" - "C'est où ?" - "Au fond à gauche" "Y'a de la place ?" - "Je t' arrange une place en face de moi" - "OK j'arrive" - Fin des problèmes pour lui aussi.

Voilà, à Shelter Bay fin de l'aventure, propre, bien organisé, piscine, douches, laundry etc ... il n'y a plus qu'à attendre, Stanley s'occupe de tout, on va faire les visas, le bureau de l'immigration, séquence émotion à Colòn, mais au fait, j'ai oublié de vous décrire Stanley, Stanley Scott, beau grand black, 55/60, à l'aise dans tous les bureaux, bises à toutes les employées, "Hi, Stanley ..." Toute sa famille bosse pour lui, sans compter les cousins d'Amérique, à San Antonio et Brooklyn. Le lendemain visite du "mesurer", un truc comme ça, un mètre pour mesurer le bateau et vous faire payer.

La aussi, je fais une parenthèse, les yachts, ils n'en ont rien à foutre. Le pilote me disait qu'ils ne les comptaient même pas, ils n'ont pas de statistiques concernant le nombre de yachts passant le canal. Pour eux, le business, c'est au tonnage, peu de très gros bateaux rapportent beaucoup plus que beaucoup de petits bateaux. Une fois que vous avez intégré ça, c'est simple, profile bas, oui Monsieur, poli, accueillant et faites ce qu'ils vous disent et, et, tout se passera bien, ils n'ont rien contre vous et si ils peuvent passer un bon moment, se taper une bière fraîche, un bon vin ou pourquoi pas un petit rhum arrangé, discuter un peu et en prime, en prime, papoter avec de jolies françaises, tout va bien, le premier pilote que j'ai eu m'a laissé son mail, si je reviens, je l'appelle.

A savoir donc : Stanley fournit tout, mais autant avoir pas mal de défenses (si il vous passe des pneux, il les facture et quand vous les laisser de l'autre coté, c'est 1 dollar de plus pour les jeter ..., les amarres, 4 fois 125 pieds en 22 mm, règle officielle, j'avais du 18, à peine 120 pieds, pas de problème, une corne de brume, pas une trompette, un truc à air comprimée (20 dol de plus). La vitesse : avec le Catana 41, 8,5/9 noeuds + les focs sur enrouleurs, aucun problème, on allait trop vite, on a du attendre 2/3 fois à l'entrée des écluses. Une dernière chose : acceptez vous d'être à couple d'un remorqueur : YES, si vous êtes pressé, sinon, vous risquez d'attendre (et attendre risque d'être long et de vous coûter cher) : en gros ne faites pas les difficiles. Résultat : 1er Jour : Papier - 2ième Jour : Mesurer - 3ième ou 4ième jour : passage.

Le passage donc c'est pour le prochain post, celui ci est déjà bien trop long.

CM