samedi 20 août 2016

San Cristobal, Délivrance ?

Samedi 20 Août

Le bout du tunnel enfin ? Peut être pas, le bout de l'Atlantique, c'est fort probable, Tarifa à 120 milles, nous sommes maintenant dans la baie de Cadix, nous voyons le bout de cette traversée. Avec la météo actuelle nous devrions passer Gibraltar sans trop de soucis demain dans la journée. Une bonne chose de faite, nous sommes quand même à 55 jours du départ, partis pour mettre 2 fois plus de temps que la normale ... Et toujours pas de poisson ...
Alors le bout du tunnel, peut être pas tout à fait, la météo en Méditerranée n'est pas terrible, terrible, à peine passer le détroit de Gibraltar les vents s'inversent, pile de face.
Nous n'avons plus de Gas Oil, nous n'avons fait que quelques heures de voiles depuis notre départ de Sao Miguel, il nous faut nous arrêter à Gibraltar refaire le plein.
Plein d'eau aussi, un robinet ouvert ... Plein de frais, pas de poisson égal plus de frais ...
J'ai le sentiment que Frédéric s'arrêterait bien un peu, visiter Gib, le caillou, il ne connait pas. Problème, demain c'est dimanche, il nous faut être sur d'arriver de jour pour le Gas Oil et tout le reste sera fermé. Par ailleurs les marinas de Gib sont minuscules, pas certain du tout que nous aurons de la place. Et surtout cela va dépendre de la météo. Si nous avons une chance de passer l'obstacle suivant, la mer d'Alboran, je ne ferai qu'un pit stop Gas Oil à Gib, on verra plus loin. Si par contre l'escale est "neutre", alors pourquoi pas, la suite risquant d'être un peu pénible, autant refaire les pleins, c'est bon pour le moral.
C'est un souci le moral, alors j'essaye de faire en sorte de ... Et cela semble fonctionner, puisque Roland et Frédéric semblent toujours très en forme, la traversée n'a pourtant pas été spécialement drôle ... C'est le moins que l'on puisse dire. A moins qu'ils ne jouent la comédie, dans ce cas rien à dire, ce sont de bons acteurs.
Quoiqu'il arrive, demain vous aurez sans doute des nouvelles, nous passerons à portée téléphonique, je déciderai de l'escale en fonction de la météo, je pourrai facilement en prendre une complète avec la 4G. Nous en saurons peut être un peu plus sur notre arrivée à Toulon, au mieux je dirai le 27, et encore je croise les doigts, et oui, nous n'avons pas encore explosé la Grand Voile mais ... Ça craque de partout.
Une dernière chose quant au téléphone, il se peut que Roland utilise le mien, un petit souci avec son code Pin, alors ne vous étonnez pas si vous recevez un appel d'un n° que vous ne connaissez pas forcément.
Je vous dis donc à très bientôt, tout le monde embrasse tout le monde

San Cristobal, le 20/8 à 15h45 TU : 36°20.18 N 008°00. 67 W à 118 NM de Tarifa

lundi 15 août 2016

San Cristobal, ne touchez plus à rien

Lundi 15 Aout

Décidément je manque à tous mes devoirs. Plus de nouvelles depuis, depuis si longtemps que je ne m'en souviens plus.
Je reprend donc mes notes et je m'aperçois que je vous avais laissé à 800 milles de Horta, le 25 juillet, avec encore l'espoir d'arriver à temps pour passer quelques jours en vacances en famille.
Espoir déçu, nous sommes encore en mer et si loin du but ... Notre espoir maintenant : arriver un jour !
Bon, j'ai quand même donné quelques nouvelles de ci de là, posté quelques photos, mais rapidement sur Face Book, tout le monde n'a pas Face Book.
Je vais donc reprendre pour ceux qui n'ont pas suivi.
Horta, nous y sommes arrivés, quelques jours sur place, réparation de la voile, le plein de frais, de Gas Oil et de tout ce qu'il faut. Le tour de l'ile, Frédéric a eu de la chance, il a fait beau et cette fois nous avons pu voir le fond de la caldeira. Une bonne surprise aussi, Roland qui est venu nous rejoindre, Roland et sa bonne humeur légendaire ...
Départ de Horta, un peu plus de 24 heures de mer, une mer formée, au prés, 21 noeuds de vent apparent, 3 ris (on ne peut pas dire que je surtoile) et craque, à nouveau la grand voile explose, elle est fatiguée, morte, cuite. Je choisi de faire demi tour, escale à Teircera, Praia Da Vitoria, une toute petite marina ou heureusement nous trouvons un voilier qui fait le nécessaire, un peu d'attente, nous sommes chanceux, nous sommes tombés en pleines festivités, lâché de taureau sur la plage, défilé et danse folklorique, feux d'artifice, une grande tente avec stands et restaurants proposant des produits et des spécialités des Açores et de tout le Portugal. Nous quittons la marina, les gens toujours aussi aimables, l'accueil, on me demande si j'ai apprécié mon séjour, évidemment c'est oui : "Alors ne le dites pas trop à vos amis", entre parenthèses "pas la peine que nous ayons trop de monde ..."
Et c'est reparti, encore plein d'espoir, espoir qui ne dure pas, encore une fois à peine 24 heures, le vent toujours au près mais dans l'autre sens, 18 noeuds apparents, 2 ris, et recraque ... À nouveau la voile complètement ouverte. Ce coup ci direction Sao Miguel, la plus grande des Açores, plus au sud, et la capitale Punta Delguada. Nouvel accueil aussi agréable, un nouveau voilier, qui me dit "je n'ai fait que ce qui avait cassé, le reste est mort", entre guillemet, à part une voile neuve, je me demande bien comment vous allez rentrer. Moi aussi ...
Le temps de la réparation nous laisse visiter, une ballade un peu rapide, une belle ile. Les Açores nous retiennent, ça doit être ça.
Bon, entre temps la météo évolue, les calmes s'installent et peut être du portant, pas trop fort, c'est reparti, et je touche du bois, "ne touchez plus à rien, s'il vous plaît".
Après 48 heures de moteur, un peu de vent, portant, à quelques degrés, pile comme il faut, 10/12 noeuds apparents à 115/120°, plus une mer plate, je ne dis plus rien, je croise les doigts, je fais des prières, des incantations, que sais je encore.
Alors de là à faire des prévisions ... 730 milles jusqu'à Gibralatar, on verra bien ... Un jour peut être ! Alors si vous voulez nous rendre service, prières et incantations, ajoutez y pêche, parce que là aussi c'est zéro pointé. Quant aux baleines, cachalots ou autres orques ... Dans les livres ? J'exagère un peu, quelques dauphins, 2/3 orques aperçues au loin, quelques souffles, probablement des cachalots, mais quand même, un grand désert.
Je vous laisse, le 15 Aout, à la plage ? Peut être en bateau ? Tout le monde embrasse tout le monde.

San Cristobal le 15/8 à 13h TU, 38°18.68 N 20°29.50 W à 726 NM de Tarifa