jeudi 10 mars 2011

Baptême du feu

Désolé, j'ai un peu tardé à mettre le blog à jour. Au début manque d'inspiration, moteur, monotone, toujours le moteur bâbord qui ratatouille mais pas grand chose à raconter, si juste une visite surprenante un phoque !!! La Méditerranée décidément ne m'inspire pas beaucoup. Et puis comme prévu le vent a fini par tourner et forcir et du coup, j'ai plutôt l'embarras du choix question titre. Cela aurait pu être "Tempête au large d'Almeria", "60 noeuds" (la plus forte rafale), "21 noeuds" (2 pointes à plus de 20 noeuds) ... Reprenons le cour des événements, le vent tourne enfin à la hauteur d'Ibiza et petit à petit forcit, la moyenne accélère, nous sommes lundi en fin d'après midi, le 7. Grand voile et Génois léger en ciseaux, à la tombée de la nuit, nous affalons la GV, M. Butterfly est de retour, les 2 génois en ciseaux, à 21h TU, Solent seul et ça continue de forcir, à minuit le vent est établi à trente noeuds. Pour l'instant pas d'inquiétude, grib nous annonce 30 à 32 noeuds, je m'attend donc à ce que cela forcisse encore, j'ai prévenu, dans les parages du cap Gata nous pourrions avoir des rafales à 45/50 noeuds. 176 miles sur la route, 206 au loch, et oui en plus nous avons le courant dans le nez, la mer se forme, mais elle va rester maniable et nous sommes au portant, plein vent arrière, la calvacade dure, deux pointes à plus de 20 noeuds. La Meteo espagnole, rassurante, "No gale Warning", 5 à 6, ils n'ont sans doute pas les mêmes cartes que nous ... Le vent forcit, la nuit passe la journée et en fin d'après midi, vavavoum, 50 noeuds établit, se ne sont pas que des rafales, les rafales sont à 60. A sec de toile, toujours vent arrière nous faisons encore des descentes de vagues à 10/12 noeuds. De ma petite expérience, cela doit être mon n°3, je n'ai eu que deux fois plus de vent que ça. On essaye de faire films et photos, mais comme d'habitude cela ne rend pas, il faut y être, le bruit, les embruns qui volent et je ne m'appelle pas Conrad pour vois le décrire. Et en plus ça mouille et il fait froid, la mer est noire, le ciel aussi, pas gai cette fois ci la med. La cabine de Benoît est une vrai piscine, le capot fuit et en plus il a sans doute pris froid, le pauvre est malade depuis deux jours, ce n'est pas le mal de mer, une mauvaise crève et avec ce temps ... Et oui, je ne parlais pas de l'équipage, le baptême du feu pour certains, et bien, si je n'en parle pas, c'est que tout va bien, parfaitement bien, les quarts se succèdent, on se réchauffe comme on peut, on se restaure, très correctement, le bateau reste confortable, un sacré bon bateau. Bon je parle en général, en détails nous aurons notre lot d'ennui, j'y reviens.
Et puis tout à une fin, même l'enfer sans doute. D'un seul coup le vent tombe. Ouf c'est fini. Oui , le coup de vent c'est fini, l'enfer pas tout à fait. Nous devons être sous le front, le vent tourne brutalement et passe Ouest/Nord Ouest, une vingtaine de noeuds, évidemment pile dans le nez, au moteur pour adapter la toile, le bâbord cale, je suis à la barre, difficile de tenir le bateau bout au vent, Yannick va purger le circuit et la vis casse, sans doute un défaut et probablement la cause de nos soucis, mais du coup plus de moteur. Et nous allons passer la nuit sous une pluie d'enfer, avec la foudre qui tombe bien près de nous, le feu d'étrave tombe en panne, avec cette visibilité nous ne sommes guère rassurer, mais ouf, Hudson est équipé d'un tricolore en tête de mat. Enfin une bonne nouvelle. La météo aussi : Est 4 à 5, pour l'Est on repassera, mais finalement le vent s'oriente bien Nord et du coup nous progressons facilement vers Gibraltar. Sans la pluie, le brouillard et le clapot désagréable qui suit ces voltes faces du vent, ce serait presque des conditions idéales. Je songe même à prendre une douche, raté, plus d'eau dans ma salle de bain, zut ... Avec toute cette eau les ennuis électriques commencent. Allez c'est une autre histoire. En fin d'après midi nous sommes à Gibraltar, ouf une pause dans ce monde de brutes, on va pouvoir penser nos plaies, je pense que nous allons ensuite tailler directement la route vers la Martinique, deux dépression nous barrent la route des Canaries. Et puis un petit coup de blues, Benoît renonce, moi qui voulait lui faire connaitre les mers du sud, raté. Bon je le comprend, il n'a pas vraiment été bien et à priori on ne va pas avoir beau temps tout de suite, tout de suite ... Il va me manquer, un grand merci à lui et à tout l'équipage qui a plus que vaillamment supporté cette épreuve, j'ai même l'impression que cela va leur faire un gros souvenir.
Et ce sera la conclusion de ce post un peu long, j'espère aussi la conclusion de la med, pour cette fois en tout cas. Je vous dit à très bientôt et ce sera des nouvelles de l'Atlantique.

Christophe

Le rocher

Escale à Southampton, euh non pardon Gibraltar