samedi 15 juin 2013

De retour

Samedi 15 Juin

Quoi, encore question de retour ? Non mais ça va pas ... C'est vrai que tout n'est pas rose à bord et que de temps en temps ... Mais ce coup ci, ce retour, c'est ce que j'appellerai retour à la case départ. Nous avons dépassé cette nuit le point où nous avions fait demi tour, "ça c'est fait ... " ne restent plus que 2 860 milles jusqu'à Gibraltar, en gros Canaries Antilles, alors en combien temps ? Un bref retour sur notre escale en Guadeloupe, à priori le bon choix parce qu'avec l'aide de Vincent et son équipe (un grand merci à eux), en une journée tout est réparé, les courses sont faites pour une transat complète, et même mieux, nous avons revu 2, 3 trucs pour améliorer le bateau, en particulier les bouts de dérives. Nous pouvons maintenant les descendre à fond, ça va gazer au près ... mais tout n'est pas rose quand même. D'abord Romain, au matin du départ, il se lève, le visage tout gonflé sous l'œil droit. Bon, visite chez le médecin, antibiotiques, "oui, vous pouvez y aller". Alors on y va, le lendemain, il tirait une drôle de tête, sortie de combat de boxe, le bleu en moins .., moi aussi (je tirais la tête), alors demi tour à nouveau ? Bon, mais les antibio. ça met comme même un peu de temps à agir non ? Coup de téléphone à Laurent, merci Iridium, merci Mr le docteur, pas de fièvre, pas de douleur, pas de nez qui coule ni d'yeux rouge : "allez ça devrait aller, tu vois dans deux jours si ..." Du coup je change le système de quart, Romain au dodo, un quart avec le reste de l'équipage, un quart par nuit, 9 h de sommeil ... Et puis le si, 2 jours après, tout va bien. Romain a retrouvé son profil grecque et sa bonne humeur. Une bonne chose n'est ce pas ? Qu'est ce que je ferai sans Romain, en tout cas pas la bouffe ... La mauvaise nouvelle de la journée c'est l'eau. Nous nous sommes aperçu ce matin que le réservoir tribord était vide, pourquoi, comment ? Mystère, bon de toute façon c'est fait, dommage il était plein, 400 l de moins. Il nous reste donc environ 350 litres à gérer pour une transat, ça va être simple : on ne se lave plus qu'à l'eau de mer, ce qui reste d'eau est consacré à la cuisine. Ne vous inquiétez quand même pas trop, nous avons en bouteille de quoi tenir quant à la boisson, mais à l'arrivée, vous risquez de voir débarquer une bande de barbus en guenilles plus très nettes ...
Maintenant la question est de faire vite, vite sans casser. Pas mal de vent au près au début, une mer assez grosse, 2,20 à 2,50 mètres de creux, on fait le dos rond, 3 ris, demi génois. Pas très vite. Tout est assuré, cravates aux bosses de ris, écoutes de génois léger tendues aux taquets d'amarrage pour éviter qu'il ne se balance trop, on attend que ça faiblisse, hier 2 ris, on accélère, cette nuit à nouveau 3 ris, mais pas de grain, du coup je dors assez tranquille. Ce matin à nouveau 2 ris, nouveau coup d'accélérateur. Ça devrait durer comme ça un moment, maintenant, il me faut choisir, rester sur une route à peine nord de la route directe (15°) ou faire plus de nord autour de l'anticyclone ? Il faut que je reprenne la météo, mais il me semble qu'il y a une dorsale est une bulle à l'ouest alors à priori autant faire la route directe, et passer entre l'anticyclone et cette bulle. Réponse dans quelques heures à moins que l'un d'entre vous me fasse un beau routage ... Conditions actuelles Sog 6,5 nœuds, au 60 M, un petit 18 nœuds au 120. Si Najy me lit, j'ai bon espoir d'être à Malaga le 18 ... Mais avant de donner une ETA précise, il nous faut franchir la bulle, passer dans l'autre système et toucher les vents d'ouest, alors, sans doute dix jours de suspens.
Allez je vais vous laisser, je garde sous le coude les histoires de pêche, les anecdotes diverses, tout va encore bien à bord et pour reprendre la formule consacrée tout le monde embrasse tout le monde.
De Rubens le 15 juin 12 h TU 21°44.177 N 58°41.107 W à 2 880 NM de Gibraltar.