jeudi 7 mai 2009

De l’autre coté du monde

Mercredi 6 Mai

Holywood n'a qu'à bien se tenir et "Endemol" Tristan peaufiner ses scénarios, il s'y met. Parce que ici c'est bien mieux qu'Hollywood. Un ciel étoilé "de folie" en fin de nuit, en tout cas comme nous n'en n'avions jamais vu. La voie lactée rempli le ciel, les étoiles scintillent même au zénith, météores et étoiles filantes traversent le ciel y laissant de longues stries, même la croix du sud semble disparaître noyée au milieu de milliers de constellations et régulièrement d'énormes éclairs de chaleur viennent embraser l'horizon, éblouissant les spectateurs. "Et l'éclairagiste t'arrête tes conneries" "J'y peux rien moi, avec ces ampoules qui pètent". Mais ce n'est pas fini : un lever de soleil Cinemascope, 20th Century Fox, je ne sais pas, je ne sais plus, ne vous inquiétez pas Laurence, photographe de plateau en titre en a fait quelques photos : un lever de soleil sur l'île Pinta, vous me direz, oui pas mal, mais non, un truc encore que vous ne verrez pas si souvent. L'île est surmontée d'un magnifique panache de fumée. Pas simplement des nuages, d'ailleurs Laurence et Tristan n'avaient pas vraiment tilter, il a encore fallu que le capitaine y soit de la leçon de sciences naturelle : c'est une éruption. Sylvie m'avait signalé une éruption volcanique aux Galapagos, mais je ne savais pas sur qu'elle île, et bien c'est Pinta ...

Et pour que nous soyons bien sur de ne rien rater, une couche de plus, 3 noeuds de courant dans le nez, c'est moins drôle : 105 milles sur la route en 24h, à ce rythme ... Du coup cela se traîne un peu, beaucoup, nous continuons d'en profiter, des bancs de dauphins, 100, Tristan : dis donc il y en avait bien 200, des sauts de fous, Alain : t'as vu celui là au moins 5 mètres et puis, et puis celle que tout le monde attendait, une bosse sur tribord, bon c'est encore moi qui l'ai vu, vite Laurence, réveille tout le monde, on la tient, notre baleine, une magnifique baleine à bosse (je crois) qui comme d'habitude (c'est vraiment pas difficile, je vous passe ma colère envers la chasse à la baleine) se laisse approcher, un bon quart d'heure côte à côte avant que dédaigneuse elle ne décide de sonder.

La journée, s'allonge, le courant s'acharne, 40 milles en 12h ..., la nuit voit le retour d'un peu de vent, une bonite (un vrai poisson de ligne ...), chouette au moins 2 repas, les Galapagos s'éloignent encore éclairées par une lune étincelante et en fin de nuit : 5h04'17'' (11h04GMT), 92°14 981 W, la ligne ..............................

Pile sur la ligne : le gros GPS est au Sud et sur l'écran du mac, c'est encore le nord.

Je laisse la parole à Laurence, qui patiemment à fait ce voyage et qui se retrouve de l'autre coté du monde, enfin ... :

Laurence - Depuis La Rochelle beaucoup d'eau a coulé sous le bateau, 5 815 milles, 50 jours....des paysages de mer radicalement différents, des météos jouant sur un tableau assez vaste et contrasté avec variations de températures d'air et d'eau... une palette de couleurs infinie, des rencontres, des odeurs, des saveurs, des fruits et légumes que je ne connaissais pas, un nouveau rythme de vie, une redéfinition des priorités. La mer d'huile ou au contraire les creux de 4 m, pas de vent, trop de vent....
Les coups de vent qui surviennent brutalement en quelques secondes.... Le calme avant la tempête, c'est pas une légende.
L'autre soir, pendant l'apéro et après avoir remis la grand voile haute, on se disait qu'on allait allumer le moteur tellement le vent faiblissait, le temps d'aller égoutter les pâtes pour le dîner, le grain s'est abattu sur nous... arrivant par l'arrière (alors qu'on était au près serré !) du vent, beaucoup de vent et de l'eau, de l'eau, de l'eau partout... à la verticale, à l'horizontale, une vraie machine à laver (un truc de fou, c'est pas les quarantièmes rugissants, mais presque !). En quelques secondes on est tous trempé jusqu'aux os, malgré nos vestes "étanches". La mer s'aplatit sous le grain et le bateau file à toute allure comme une savonnette sur une toile cirée. Tout le monde est sur le pont pour affaler la grand voile en toute hâte... les ordres fusent, les bruits du vent et de l'eau sont tellement fort que les voix se perdent et on est tous obligé de hurler pour s'entendre. Evidemment les bouts s'emmèlent, si non ça ne serait pas drôle. En quelques minutes la manoeuvre est bouclée, nous sommes sous solent seul, on file à plus de 10 noeuds ! Ruisselants, on rentre à l'intérieur, il est temps d'aller manger les bolognaises. Le coup de vent aura duré moins de 20 minutes, et la pluie nous a tenu compagnie pendant 3 - 4 heures (pas de bol c'est mon quart... en avant pour la douche, savon et shampoing non compris !). Au fait c'était quoi ce truc de fou ? Et depuis quand les nuages arrivent dans le sens contraire du vent ?
C'était un grain tropical, comme on en n'avait pas rencontré pendant la transat. Une particularité de la zone inter-tropicale et du Pacifique, de ce côté du monde.... Quant au vent, près de l'équateur, c'est un peu n'importe quoi... "va comprendre Charles !"

Aujourd'hui la mer est d'huile et nous offre son plus beau miroir dans des nuances de couleurs jamais vues. Les cieux sont splendides de jour comme de nuit, des nuages tirant sur le rose fluo quand le ciel s'embrase au petit matin, et... émergeant de la brume, les îles volcaniques des Galapagos...c'est magique !
Ce matin vers 6h00, La Pinta, nous est apparue dans le soleil levant, quelques heures plus tard c'était Isabella l'île principale des Galapagos dans un halo mauve et brumeux sur une mer bleue tellement claire qu'elle est presque argentée, un peu comme le bleu des glaciers. Et comme si ça ne suffisait pas les dauphins nous ont offert un ballet bondissant...une merveille ! Puis, alors que j'allais me coucher (j'étais de quart de 3h00 à 6h00 et j'avais prolongé pour voir le soleil se lever), Tristan m'appelle..."viens voir il y a une baleine !"
Majestueuse, lente et paisible, madame la baleine se promène et souffle tranquillement... On l'approche de si près qu'on serait presque tenté d'aller nager avec elle...mais bon, on n'a pas oublié les épaulards d'il y a quelques jours et les requins des jours précédents. Il faut dire aussi qu'elle est quand même impressionnante, même si elle semble très paisible.... il ne faudrait pas qu'elle s'énerve, elle est tout de même plus grande que le bateau.
On est planté au large des Galapagos : 0,5 noeuds de vent et un courant contraire... Christophe pleure. A ce rythme là on n'est pas près d'arriver aux Marquises et en plus on va trop lentement pour pêcher !
Ici le temps est suspendu...bientôt la ligne (celle de l'équateur) et le bizutage qui va avec ! Nous sommes 3 candidats, seul le capitaine l'a déjà passée. Je vous raconterai dans un autre post à quelle sauce on aura été mangé !
Je vous embrasse et pense fort fort à vous.
ps : j'ai pris 700 photos (jusqu'à présent) pour essayer de vous montrer tout ça à mon retour. Bisous
Laurence

Pos : 00º02.80'S - 092º20.00'W

PS : Pour l'éruption et le panache de fumée, en fait je n'en suis pas si sur, mais, bon, l'histoire est plus belle comme ça, n'est ce pas ?

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