vendredi 1 mai 2009

Panama Canal : Mode d’emploi

ça y'est, à nouveau en mer, je reprend le cours du journal de bord. Des nouvelles tout le monde en a eu, pas terrible tout ça, j'ai forcément une pensée supplémentaire pour Sylvie, qui elle, se retrouve réellement sur le pont, évidemment, la loi de l'emm ... maximum continue de s'appliquer, il a fallu que cette épidémie surviennent quand j'arrive dans le Pacifique, ça faisait quand même longtemps que j'étais à la maison, du coup je ne suis même plus là pour faire les courses ; les enfants je compte sur vous pour aider Maman ...

Allez le journal : après ces quelques jours d'absence, je vais essayer de remettre tout ça dans l'ordre. Je ne suis pas sûr que les posts arrivent dans l'ordre, il n'y a qu'à regarder la date. Finalement il s'est passé pas mal de choses, nous avons quitté l'atlantique, nous sommes dans le pacifique et tout ça grâce au Canal de Panama. Je vais donc commencer par un petit mode d'emploi du canal, en particulier pour remercier notre ami BriseGalets, son contact ne nous a servit à rien et à tous ... les explications vont suivre.

En apéritif, quelques petites histoires pour placer le décor.

Première petite histoire : "ALBINONI", moi je vais vous dire les Panaméens ne doivent pas être très musiciens, à chaque coup que nous faisions un appel radio, à chaque coup que nous citions le nom du bateau (souvent dans les bureaux), à chaque coup, "please spell it again", ALBININO, ALBININI, ABININO etc etc ... "Cristobal Signal Station, this is Akuna Matata" "yes Akuna Matata" .... grrr ... Bon remarquez, notre acte de francisation provisoire est au nom d'Albidoni, Panama, Toulon, même combat.

Seconde histoire : Avant de partir, j'investis (une soixantaine d'euros dans un super guide : Escales de grandes croisière : "encyclopédie indispensable" Jimmy Cornell). J'aurai mieux fait d'aller au resto, pour Panama, vous pouvez tout jeter ... et je ne dis pas ça uniquement parce que c'est un rosbeef.

Troisième histoire : ça c'est pour le contexte. Panama est en pleine "révolution", une révolution "douce". Les Panaméens ont donc maintenant le contrôle du canal et de ses revenus. Du coup, petit à petit ils s'organisent (plutôt bien en fait), le canal est devenu leur business et leur richesse. Comme au Costa Rica, ils ont supprimé l'armée pour faire des économies (pas bête n'est ce pas, ils se disent que de toutes façons à 3 millions il n'ont aucune chance face au gros méchant, qu'ils pourront demander de l'aide, tiens donc, qui c'est qui veut voir le canal fermé, et que cela élimine le risque des "colonels" ou aux généraux putchistes, sans parler de la possibilité d'utiliser cet argent dans l'éducation et la santé. Mais ils ont surtout lancé une gigantesque entreprise : ils vont quasiment doubler la capacité du canal, et les travaux ont commencé, les travaux en question, il faut le voir, (Laurence s'est occupé du reportage photo) c'est titanesque et encore nous n'avons vu qu'une partie des chantiers. 3 grandes tranches en fait :

1 - L'accueil des bateaux : de part et d'autres du canal, agrandir les zones d'attentes, les quais, les installations pour pouvoir accueillir plus de trafic et surtout des bateaux beaucoup plus gros (nous y reviendrons).

2 - La canal lui même : rendre le canal navigable à plus de bateaux et surtout à ces fameux gros bateaux. Aujourd'hui 40 bateaux par jour (ça marche, 24h sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an) et les plus gros bateaux actuels ne peuvent pas se croiser partout, certains virages sont trop serrés. Du coup, ça creuse de partout, des tonnes et des tonnes de dynamites sont en place, les actions Nobel doivent bien se porter. Des pelleteuses, des norias de camion, des suceuses, des barges, tout ça vient de Belgique, de Hollande, de Chine, des Etats Unis. Un exemple, j'ai les cartes les plus récentes du canal, et bien nous sommes passés sur une île, elle n'existe plus ... Attaque garantie pour les écolos du coin, bon, je leur conseillerais une petite visite de Colòn, du coup peut être que le sort des oiseaux les préoccuperait un peu moins.

3 - La phase 3 : un nouveau "jeu" d'écluse, en parallèle des existantes, grosso modo, 1,8 fois plus grosse. J'ai entendu dire (à vérifier quand même ...) qu'il avait été envisagé d'utiliser des bombes atomique "propres" pour les creuser.

Tout ça se réorganise et se réorganise à la vitesse grand V. Donc tout ce que vous saviez sur le canal, vous pouvez le jetez. Je reprend l'histoire dans l'ordre. Attendez que je reprenne mes notes :

Jeudi 23, dans la soirée, heure locale :
"Cristobal signal station, Albinoni, do you read me" VHF canal 12, c'est la procédure ... "Albidoni, please could you repeat the name of your boat", bon je vous l'ai raconté ... "Which kind of boat" - "41 feet sailing catamaran, coming from France, on our way to Tahiti - We are coming into the harbour", "Yes how far are you" "Just between the two piers"" "OK, so you intend to cross the Canal" "Yes, so where can we go" - "You can drop your anchor in the Flat area or go to the Shelter Bay Marina" - "OK, I know Flat area but where is Shelter Bay Marina ?" - "North West of the harbor, folow the pier" - OK, I will go to the Flat area and then do my papers tomorrow morning at the Panama yacht club" - "There is no more Panama Yacht Club" --- Glup !

Je résume : Shelter Bay marina n'apparaît sur aucune carte, même les plus récentes, de nuit sans cartes, sans instructions, bof, bof ... du coup je me dis : "Flat je connais, on va la bas, demain matin il fera jour, à 7h, on verra bien".

Mouillage à Flat, fond de vase, il a fallu nous y reprendre à 3 fois.

Petit matin 7h, ouverture des bureaux, j'attend un peu et c'est là qu'intervient mon ami "BriseGalet", j'appelle son contact, Tina Mc Bride. BriseGalet, c'est un ancien commandant de grooos bateaux, un catana 41, elle n'en a rien à foutre, des français en plus (sale race) et elle ne prend que le bon argent, viré d'avance sur son compte. Je lui avais déjà envoyé 3 mails pour la contacter, sans réponses, so "I will not take care of you but" "YEEEES" "I'll give you the phone number of Stanley Scott, he will be able to do it" "YEEEES" et fin des problèmes, merci Tina, merci BriseGalet, Stanley va effectivement s'occuper de tout (d'ailleurs pour moins cher que Tina ...).
Donc coup de fil à Stanley - Mr No Problem & Mr Tomorrow - RV à Shelter Bay Marina, de jour aucun problème pour y entrer et il va s'occuper de tout.

Parmi les choses à savoir :

Le Panama YC : C'était le point de rendez vous et on pouvait y débarquer en annexe et aller éventuellement faire ses démarches tout seul. Aujourd'hui dans le cadre de l'extension du port, cela devient un terminal container. Des chinois ont racheté le coin, ils ont donné un mois aux occupants de la zone pour dégager et il y a un mois, 3h du matin, camion, bulldozer etc ... tout a été rasé. Bon courage, pour ne serait ce que trouver un endroit ou laisser son annexe si vous êtes sur "FLAT".

L'immigration : il faut maintenant que chaque membre de l'équipage appose ses empruntes digitales sur le visa. Ce qui veut dire que tout le monde doit débarquer, laisser le bateau et l'annexe seuls, Yeeees, bonne idée dans le coin.

St Saens arrivé deux jours après nous, commençait ce genre de démarche, ils avaient dégoté un chauffeur de taxi qui n'est pas venu au RV, en bref paumés, quand je les ai joint sur la 16, me doutant qu'ils devaient être là, Ouf, j'ai senti comme un soulagement dans leur voix, "t'es où ?" - "Shelter Bay Marina" - "C'est où ?" - "Au fond à gauche" "Y'a de la place ?" - "Je t' arrange une place en face de moi" - "OK j'arrive" - Fin des problèmes pour lui aussi.

Voilà, à Shelter Bay fin de l'aventure, propre, bien organisé, piscine, douches, laundry etc ... il n'y a plus qu'à attendre, Stanley s'occupe de tout, on va faire les visas, le bureau de l'immigration, séquence émotion à Colòn, mais au fait, j'ai oublié de vous décrire Stanley, Stanley Scott, beau grand black, 55/60, à l'aise dans tous les bureaux, bises à toutes les employées, "Hi, Stanley ..." Toute sa famille bosse pour lui, sans compter les cousins d'Amérique, à San Antonio et Brooklyn. Le lendemain visite du "mesurer", un truc comme ça, un mètre pour mesurer le bateau et vous faire payer.

La aussi, je fais une parenthèse, les yachts, ils n'en ont rien à foutre. Le pilote me disait qu'ils ne les comptaient même pas, ils n'ont pas de statistiques concernant le nombre de yachts passant le canal. Pour eux, le business, c'est au tonnage, peu de très gros bateaux rapportent beaucoup plus que beaucoup de petits bateaux. Une fois que vous avez intégré ça, c'est simple, profile bas, oui Monsieur, poli, accueillant et faites ce qu'ils vous disent et, et, tout se passera bien, ils n'ont rien contre vous et si ils peuvent passer un bon moment, se taper une bière fraîche, un bon vin ou pourquoi pas un petit rhum arrangé, discuter un peu et en prime, en prime, papoter avec de jolies françaises, tout va bien, le premier pilote que j'ai eu m'a laissé son mail, si je reviens, je l'appelle.

A savoir donc : Stanley fournit tout, mais autant avoir pas mal de défenses (si il vous passe des pneux, il les facture et quand vous les laisser de l'autre coté, c'est 1 dollar de plus pour les jeter ..., les amarres, 4 fois 125 pieds en 22 mm, règle officielle, j'avais du 18, à peine 120 pieds, pas de problème, une corne de brume, pas une trompette, un truc à air comprimée (20 dol de plus). La vitesse : avec le Catana 41, 8,5/9 noeuds + les focs sur enrouleurs, aucun problème, on allait trop vite, on a du attendre 2/3 fois à l'entrée des écluses. Une dernière chose : acceptez vous d'être à couple d'un remorqueur : YES, si vous êtes pressé, sinon, vous risquez d'attendre (et attendre risque d'être long et de vous coûter cher) : en gros ne faites pas les difficiles. Résultat : 1er Jour : Papier - 2ième Jour : Mesurer - 3ième ou 4ième jour : passage.

Le passage donc c'est pour le prochain post, celui ci est déjà bien trop long.

CM

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